Aujourd'hui, il est important de faire tomber définitivement un mythe, celui de la majorité absolue d'un parti au détriment des autres. Dans l'état actuel des choses, compte tenu de la loi électorale, il est quasiment impossible pour un parti de rafler la mise Depuis les élections de 2014, les temps ont changé, et l'électeur tunisien aussi. Les actions, les annonces des partis politiques et des hommes politiques, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition, sont reçues avec beaucoup de méfiance. Lorsqu'à quelques mois seulement des élections municipales, le parti Nida Tounès annonce dans un communiqué, qu'il a décidé de prendre ses distances avec Ennahdha, le partenaire d'hier (et d'aujourd'hui), cela ne convainc ni les médias, ni l'opinion publique, ni même les politiques. Ce nouvel épisode des relations entre les demi-conservateurs et les semi-modernistes risque en fait de biaiser la campagne électorale pour les municipales et d'induire les citoyens en erreur. En effet, si les premières élections municipales de la deuxième République se jouent sur une opposition idéologique, faute de programme pragmatique séduisant permettant aux villes de se métamorphoser, le citoyen y perdra au change. Les prochaines élections sont en fait un examen décisif pour vérifier si la greffe démocratique a bien tenu, 7 ans après l'opération. Si rejet il y a, la démobilisation risque d'être pérenne. Il est important aujourd'hui de comprendre que l'électeur Nahdhaoui de la municipalité de Souk Jedid à Sidi Bouzid, a exactement les mêmes aspirations que l'électeur de Nida Tounès, du Front Populaire ou de Hezb Ettahrir dans la même région. Il faut que les débats se mettent en place sur des projets concrets qui changent la vie du citoyen, et pas autour des "petites phrases" ou de vidéos volés. Le second danger est celui de confondre échéance nationale et échéance locale comme semblent le faire les partis en ce moment. Mais là aussi, le retard accumulé dans l'organisation des élections municipales (repoussées à deux reprises) risque aussi de semer la confusion dans les rangs des politiques et des citoyens. Il est évident que les résultats des prochaines élections municipales auront un impact sur ceux des élections législatives et présidentielles. En effet, si le calendrier est maintenu, une année seulement sépare les deux échéances. La seule échappatoire de ce bourbier politique est de mieux informer l'électeur, et mieux le sensibiliser sur les enjeux réels d'une élection locale. Ce sont les citoyens qui devront façonner la campagne électorales des municipales en imposant des thèmes en lien direct avec leurs préoccupations. Aujourd'hui, il est également important de faire tomber définitivement un mythe, celui de la majorité absolue d'un parti au détriment des autres. Dans l'état actuel des choses, compte tenu de la loi électorale, il est quasiment impossible pour un parti de rafler la mise. Depuis plusieurs années, les gouvernements successifs appellent à une trêve sociale, à ce que la rue se calme pour pouvoir réformer. Le député Marouen Felfel appelle lui à «une trêve politique», pour en finir définitivement avec les tiraillements politiques et entamer les vraies réformes fruit d'un diagnostic élaboré il y a déjà plusieurs années. La réforme de la fonction publique, de la sécurité sociale, du secteur bancaire, le parachèvement de l'installation des institutions de l'Etat, autant de chantiers qui nécessitent aujourd'hui des professionnels de la politiques et non pas des mercenaires de la politique, dont les positions, les faits et gestes et même les convictions changent au gré des saisons.