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Une bonne alimentation pour prévenir l'obésité Entretien avec le Pr Leila Alouane, chef de service à l'institut national de nutrition et de technologie alimentaire
L'obésité est reconnue aujourd'hui comme une maladie qui n'épargne personne. Elle peut toucher les hommes, les femmes et même les enfants et entraîne de graves problèmes de santé. Comment reconnaître la maladie, quelles sont ses causes et ses conséquences et comment lutter contre l'obésité? Leïla Alouane, professeur de nutrition et chef du service de la formation et de l'information à l'Institut national de nutrition et de technologie alimentaire, répond à nos questions. Qu'est-ce que l'obésité ? On peut parler d'obésité quand il s'agit de l'augmentation de la matière grasse du corps, définie par un indice de masse corporelle (poids/taille2) supérieure ou égale à 30kg/m2. Quelles sont les causes de l'obésité ? L'obésité se définit par un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques. Ce déséquilibre peut être dû à un excès d'apport par rapport aux activités, ou une baisse de dépenses par dérèglement hormonal avec un apport qui est resté constant. L'apport peut aussi être normal sur le plan quantitatif, mais déséquilibré du point de vue qualitatif. C'est-à-dire qu'il est constitué de sucre, de matières grasses, de boissons sucrées, de friture... ce qu'on appelle des calories vides. La cause majeure étant bien la sédentarité. Maintenant, l'obésité peut aussi être due à un mauvais rythme alimentaire qui ne respecte pas la régularité des horaires, ni le nombre de repas à prendre. Il y a aussi le grignotage, un facteur qui favorise l'obésité. L'obésité, est-elle une maladie ? Oui, l'obésité est une maladie causée par les perturbations métaboliques, et le risque qu'elle engendre serait l'obésité abdominale. Comment la traiter ? Le traitement se base essentiellement sur une alimentation équilibrée et adaptée à l'âge et au sexe. L'activité physique régulière, une aide psychologique pour résoudre les problèmes de comportement alimentaire et soutenir le patient sont les entraînements adéquats pour lutter contre l'obésité. Par contre, il n'y a pas de traitement médical efficace ni prouvé pour l'obésité, et la chirurgie ne doit pas être considérée comme un traitement de première intention. Il ne faut recourir à la chirurgie qu'en cas d'échec d'une bonne prise en charge diététique, physique et psychologique. Que pensez-vous de la liposuccion ? Personnellement, je ne la considère pas utile, non plus efficace, surtout s'il n'y a pas de prise en charge hygiéno-diététique qui l'a précédée et qui l'accompagne. La liposuccion peut même, parfois, présenter des risques. Quels sont les risques de l'obésité sur la santé ? Ils sont innombrables. On note le risque de développer un diabète, des maladies cardiovasculaires avec élévation des lipides sanguins. L'obésité aggrave également l'hypertension, augmente le risque d'insuffisance respiratoire, celui accru de l'apnée du sommeil, le risque osseux, le risque articulaire et le risque de cancer, car il a été démontré que le risque de certains cancers peut augmenter de plus de 50% lorsque l'IMC augmente de 5 indices. L'obésité peut engendre également l'hyper-uricémie et une stéatose hépatique (le foie est engorgé de lipides, ce qui est très grave). Quel type de personne est touché par l'obésité ? Les femmes sont-elles les plus vulnérables ? Hommes et femmes sont touchés par l'obésité en plus des enfants. Les femmes ont tendance à être plus obèses en raison des périodes de la grossesse où elles se relâchent et mangent comme deux. Elles sont moins actives, et en Tunisie, les femmes se négligent plus que les hommes. La mal-bouffe est-elle un facteur qui favorise la prise du poids et l'apparition de la maladie ? Oui, c'est la cause majeure actuelle, surtout si elle s'accompagne de sédentarité. Comment devrait-on s'alimenter pour éviter l'obésité ? D'une façon simple et variée. Prévoir 1,5 à 2 litres d'eau par jour, un minimum de 400 grammes de légumes par jour, 3 portions de produits laitiers (lait de préférence écrémé ou demi-écrémé, 1 à 2 yaourts natures, 2 cuillères à soupe de ricotta allégée ou fromage blanc), une portion de pain ou de féculent par repas, 2 parts moyennes de poisson par semaine cuite à la vapeur, au four ou, en grillade ou en papillote (tous les produits de pêche sont bons s'ils ne sont pas frits). 2 à 3 fois par semaine du poulet sans peau ou escalope, 1 fois de la viande rouge peu grasse ou de foie. Il faut se limiter à 3 fruits par jour et à 2 cuillères à soupe d'huile pour la cuisson et 2 petites cuillères à café d'huile pour assaisonner les salades. Il faut diminuer au maximum le sucre et les sucreries, éviter les charcuteries, pratiquer au moins une heure par jour une activité physique pendant au moins cinq jours, respecter les sensations de faim et de satiété et éviter les grignotages.