Le taux de chômage s'élève à 40% dans la région. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la ville de Gafsa est a priori riche, mais fait partie des plus pauvres du pays. Le chiffre du Centre des études économiques ne laisse pas indifférent : le taux de chômage s'élève à 40%. Ce fléau touche une grande frange de jeunes, surtout parmi les diplômés de l'enseignement supérieur. Dans un gouvernorat générateur de richesse, l'interrogation qui dérange : comment se fait-il que les jeunes chôment ? Pour certains qui se sont hasardés à surfer sur la vague, ils ont fini par proposer de jouer la carte du phosphate par laquelle passe la voie du salut. Mais empressons-nous de dire, cette richesse est devenue la malédiction au vu des limites relevées d'un trust dont l'habit de sauveur ne lui va plus à cause d'une conjoncture mondiale qui ne l'a pas épargné, ce qui l'a rendu incapable d'absorber une crise de chômage qui a fait tache d'huile dans la région. Les cafés : principal échappatoire Un constat devenu familier pour ces délaissés de l'après 14-Janvier... Quittons ce labyrinthe pour diagnostiquer une situation devenue inquiétante : les jeunes de Gafsa peuvent-ils se targuer d'évoluer dans un milieu favorable à leur épanouissement avec tout ce que cela requiert comme outils et commodités ? La réponse risque de choquer dans une ville où les cafés poussent comme des champignons et qui sont devenus l'échappatoire pour la classe juvénile qui en souffre énormément. Tenez, par exemple, les jeunes cinéphiles sont orphelins de leur unique salle de cinéma qui fut démolie au début des années 2000, pour laisser la place à une grande surface, et la maison de la culture locale ne daigne pas répondre aux goûts des férus du 7e art pour leur programmer un plat délicieux. Dans le même registre, la razzia du bâti a envahi les espaces, jadis le cocon des talents en herbe. Mais qu'en est-il des étudiants qui se soucient de l'après-intermède estudiantin ? Des témoignages recueillis sont venus lancer une missive d'alarme qui renseigne sur l'état de malaise qui ronge une frange des jeunes qui se préparent à frapper à la porte d'une étape sensible dans leur vie. Nouha Hammi, 20 ans, étudiante en sciences de l'éducation à Gafsa, ne cache pas sa peur des lendemains qui ne se présentent pas sous les meilleurs auspices. «Ce sera un saut dans l'inconnu. L'incertitude nous ronge pour ne pas dire qu'on est pessimiste envers le jour qui vient et le chômage nous guette au vu de ce marasme dans lequel baigne notre pays. La solution de recours risque d'être la migration pour entretenir sa famille qui a dépensé la prunelle de ses yeux pour nos études. Un autre problème se pose, le tissu professionnel à Gafsa ne permet guère l'espoir d'absorber le nombre allant crescendo des ressortissants des établissements universitaires. Notre ville souffre cruellement de l'absence de clubs artistiques et sportifs; le morceau qui manque au puzzle de notre épanouissement». Jeunes et système D De son côté, Nour Mahfoudhi, 20 ans, qui poursuit ses études à Tunis en anesthésie, ne cache pas ses craintes quant à l'avenir des futures générations. «Heureusement, mes parents m'entretiennent ce qui me dispense des tracasseries de l'argent de poche. Ce qui n'est pas le cas des autres étudiants originaires de Gafsa. Je présume que la solution existe pour les étudiants à la recherche de ce sésame (argent de poche) et qui doivent exercer de petits boulots au cours des vacances pour avoir quelques provisions financières. Cela n'empêche, je ne me réjouis pas pour l'avenir à Gafsa avec ce taux de chômage qui hante les esprits». Alors que Chamseddine El Hadj Ali, le diplôme en poche, est confiant quant à l' avenir qui sera plus gai, mais cela reste tributaire de l'évolution de la situation de notre pays. «J'ai toujours cherché de petits boulots pour ne pas me faire dévorer par le chômage, même si les contrats sont de courte durée, surtout avec les bureaux de consulting. Je présume que la situation actuelle ne va pas durer et le calvaire de jeunes sera un souvenir lointain surtout que le bout du tunnel pour notre pays commence à donner les premières lumières». Trois témoignages divergents qui se passent de tous commentaires à cause de cette crainte qui fait que ces jeunes risquent de perdre toute lueur d'espoir face à un avenir qui ne leur tend pas la main dans une ville marquée par sa richesse naturelle, mais ô combien avare en opportunités pour les accueillir à bras ouverts. Depuis la révolution, une seule entreprise a pris son courage entre les mains pour s'installer dans le bassin minier. Il s'agit d'une usine d'équipements sanitaires dont le seuil d'embauche se limite à 220 agents, mais qui boîte à cause d'un déficit suite à des frais exorbitants pour se ravitailler en gaz naturel et occasionné par les travaux qui observent des arrêts répétés sur fond de revendications sociales. Mais c'est un autre problème sur lequel nous ne manquerons pas de nous pencher...