L'ancien coach de l'ES Métlaoui a été récemment touché par cette vague de remaniements techniques qui secoue régulièrement les clubs tunisiens. Remercié par le Stade Tunisien, il s'est vite relancé au Stade Gabésien. «Il suffit de consulter le classement et les statistiques pour s'apercevoir que les clubs jouissant de la stabilité aussi bien au niveau du cadre technique que des joueurs se placent généralement devant. Il est clair que les changements intempestifs de cadre technique n'aident nullement. Au contraire, ils font des dégâts aussi bien au niveau technique et sportif que financier. Car il faut aussi dédommager le coach partant, et cela n'est pas sans conséquences sur des budgets incapables de répondre aux engagements (versement des salaires des joueurs et entraîneurs, paiement des fournisseurs, des hôteliers pour les mises au vert...). En bas de tableau, on trouve généralement les clubs pris dans le cercle vicieux consistant à changer de coach comme on change de chemise, avec les résultats négatifs qui poussent à tenter un nouveau coup en recrutant un nouveau technicien... Le prétendu choc psychologique. A contrario, les clubs qui maintiennent leur entraîneur vont généralement très loin. Le cas de l'Union Sportive Monastirienne cette saison, de l'Espérance Sportive de Tunis sous la conduite de Faouzi Benzarti, et de mon ancien club, l'Etoile Sportive de Métlaoui. J'y suis resté deux saisons et demie, ce qui constitue un record par les temps qui courent. Les présidents Boussaïri, puis Boujelel Boujelel protègent leur entraîneur, et savent patienter malgré les inévitables moments difficiles. Je les remercie pour une telle attitude devenue l'exception. Ils servent en tout cas d'exemple pour tout le monde. Depuis son accession en Ligue 1, l'ESM n'a eu que trois entraîneurs : Chokri Khatoui, moi-même et Ghazi Gheraïri. Ce dernier était parti à sa demande, je crois. Autrement, il aurait continué le travail malgré la mauvaise passe actuelle». «Extinction de la race des présidents à poigne» «Rien ne vaut la stabilité, synonyme de sérénité et de qualité technique. Les automatismes s'installent sur la durée. Dans le sport, on travaille sur un projet de trois ou quatre ans. Le facteur temps compte énormément pour atteindre un objectif. Malheureusement, dans notre football qui bat des records en matière d'instabilité technique, le thème de projet sportif reste un mot creux. Un slogan pour la galerie. La valse des entraîneurs est due à une pression exagérément plus forte qu'ailleurs, et à l'extinction de la race des dirigeants de poigne qui savent résister à la tentation du changement à laquelle les soumet le public. Chaque coach a besoin de son président deux fois durant la saison : une fois dans la phase aller, et une autre dans la phase retour, lorsque son équipe traverse un passage à vide, et les supporters montent au créneau pour appeler au changement. C'est à ce moment que le président doit protéger son entraîneur et savoir résister à la pression. Un président de club est un bon encaisseur par nature. Au fond, le mécanisme est connu de tous : aux premiers résultats négatifs, juste deux ou trois, le public met la pression sur le président du club qui la communique à l'entraîneur. C'est là que le président doit être suffisamment fort et convaincu de ses engagements pour soutenir à fond le technicien qu'il a choisi».