La reprise du championnat va-t-elle relancer la course au titre ? Les acteurs du classico CSS-ESS auront en tout cas l'occasion de se racheter du triste souvenir de la saison dernière et de rappeler qu'il ne s'agit au final que d'un jeu. Malgré le vent de fraîcheur et d'inédit qu'elle apporte, Dame Coupe n'a pas échappé à la polémique accompagnant depuis le début de saison l'arbitrage. Telle une lourde ombre dont il peine à se débarrasser, le football tunisien traîne cette calamité qui menace «la paix sportive», l'équivalent, toute proportion gardée de la paix sociale. Au stade Ali-Belhouène de Mellassine, la fin de rencontre de dimanche dernier COT-ASG a été houleuse et marquée par la violence. Le bureau directeur d'Ali Kaâbi a annoncé le lendemain la suspension des activités de toutes les catégories, et le retrait de l'équipe seniors du championnat de L3. L'arbitrage de Mohamed Chaâbane est montré du doigt. Dans le droit fil des sempiternelles contestations qui ont rythmé la saison. Qu'est-ce qui peut sauver le football national de cette montée des périls ? L'action entreprise par l'ESS de lutte contre la corruption et la manipulation des résultats des rencontres font monter la tension de plusieurs degrés, car on n'est plus dans «l'innocence» de jadis. A présent, il y a clairement une accusation de mauvaise foi et d'ordre sportif «corrompu», qui reste certes à prouver, mais qui n'en jette pas moins le trouble quand on pense à certaines prestations arbitrales depuis le début de la saison. La reprise du championnat, demain et après-demain avec la 20e journée, coïncide avec un classico CSS-ESS qui est passé la saison précédente dans les annales pour le scandale qu'a suscité l'attitude du président sudiste, Moncef Khemakhem. D'aucuns se rappellent du récit inédit qu'il a fait de ses rapports, ce jour-là avec le trio arbitral conduit par Mohamed Said Kordi. Gageons que, malgré les enjeux pour une place en Champions League, la page de cette «guéguerre» est tournée, et que l'on pourra assister à une opposition digne de la qualité des deux effectifs présents. Caïds intouchables L'univers football a en effet besoin de trêve, et aspire à ce que la dernière partie du championnat se déroule dans la loyauté et le respect des règles du jeu. Le public sportif a vomi tous ces écarts sordides, tous ces dérapages linguistiques et physiques. Il n'aspire plus qu'à une chose: que la saison se termine sans dégâts. Du moment que les enjeux sont surévalués, que l'atmosphère est viciée, qu'un simple jeu est transformé en véhicule d'une lutte d'un genre particulier, eh bien, la sonnette d'alarme est tirée depuis belle lurette. On veut prévenir qui de droit contre la montée de la frustration, contre les vols éhontés commis par certains arbitres et surtout arbitres assistants qui se donnent en spectacle, tels des caïds intouchables, ou des shérifs du dimanche. On veut avertir contre l'aveuglement et le chauvinisme de dirigeants qui se croient tout permis, et contre la recrudescence de la violence dans les virages. Les valeurs du sport sont bafouées, le contenu du professionnalisme aussi. Sinon, à quoi riment ces grèves quasi quotidiennes au sein de clubs saignés à blanc et qui ne trouvent plus de quoi s'acquitter de leurs obligations ? Il y a même un club qui peut s'enorgueillir de détenir le record en matière de grèves des entraînements : la Jeunesse Sportive Kairouanaise qui n'a jamais vécu de toute son histoire une saison aussi tourmentée. Les caisses sonnant le creux, les clubs professionnels survivent comme ils peuvent. Drôle de professionnalisme, au vrai. La saison va bientôt finir. Les joueurs impayés pourront-ils alors récupérer leur argent ? A qui devront-ils s'adresser pour réclamer leurs émoluments ? Face au clinquant du Mondial et aux sunlights et tapis rouges dressés sous les pieds des vedettes du sport-roi dans le monde, notre sélection nationale va emmener dans trois mois avec elle jusqu'en Russie toutes les misères et peines de notre championnat: arriérés de salaires et primes, arbitrage folklorique, violence sur le terrain et les tribunes, parfois entre groupes rivaux de supporters d'un même club comme dimanche dernier au Bardo, pelouses teigneuses et enceintes archaïques, vétustes et inadaptées... L'USM dans le rôle d'arbitre La reprise jeudi et vendredi prochain sera cruciale pour le reste du parcours: soit on assistera à la relance au cas où une Espérance de Tunisie nettement diminuée au niveau du compartiment défensif marque le pas à Monastir, soit on verra le club de Bab Souika s'envoler vers un nouveau titre qui lui tend logiquement les bras. Il a patiemment construit un écart tel qu'il semble difficile à la meute des poursuivants de le coiffer au poteau. Sauf s'il lui arrive une panne sèche qui nous étonnerait au fond car si près du but, il n'est pas dans les traditions du club de Bab Souika de lâcher le morceau. Quand bien même il ne serait plus aussi souverain qu'en d'autres circonstances, du moins en championnat national. L'USM de Skander Kasri jouera ainsi les arbitres qui pourraient rendre un précieux service à l'ESS, CA et CSS quand bien même le classico va trancher entre le club noir et blanc et celui étoilé pour savoir lequel des deux s'accrochera jusqu'au bout au train de la poursuite du leader. Volet maintien, JSK-USBG et surtout ST-COM ressemblent à des matches à six points tant les visiteurs veulent frapper un grand coup et prendre de l'écart par rapport à la lanterne rouge l'ESZ, appelée à une délicate sortie à Radès contre un CA lancé tel une fusée à cent à l'heure par la magie de Bertrand Marchand.