La musique, une composition originale de Puccio Castrogiovanni, jouée, in situ, par les musiciens, devient, avec les corps des danseurs, un instrument chorégraphique, un matériau de construction pour raconter, à travers les différents instruments abordés, une Sicile a-frontières faite d'un détonnant mélange de traditions et de modernité. La compagnie de danse italienne «Zappalà Danza» était de passage à Tunis pour présenter, le 1er mars dernier, le spectacle de danse contemporaine «Instrument Jam» au 4e art. Organisé par l'Institut culturel italien avec la collaboration du Théâtre national, l'événement a drainé un grand public et l'ambiance des nuits chaudes siciliennes n'a pas manqué de séduire les présents qui ont adressés aux protagonistes du spectacle une standing ovation. Inspiré de la terre natale du chorégraphe sicilien Roberto Zappalà qui en signe la chorégraphie, la mise en scène, la conception de la scénographie, de la lumière et des costumes, «Instrument Jam» est un spectacle qui unit tous les instruments du projet «Instruments» du chorégraphe. Un projet qu'il a créé dans un arc de plusieurs années en trois étapes consécutives, dédiées à trois instruments différents : la guimbarde (ou scacciapensieri pour instrument 1 «scoprire l'invisibile»), le hang (pour instrument 2 «la sofferenza del corpo»), les tambours (pour instrument 3 «cagesculpture»). La musique, une composition originale de Puccio Castrogiovanni, jouée, in situ, par les musiciens, devient, avec les corps des danseurs, un instrument chorégraphique, un matériau de construction pour raconter, à travers les différents instruments abordés, une Sicile a-frontières faite d'un détonnant mélange de traditions et de modernité. «Instrument Jam» est énergique et passionné, il est fusion de rythmes et de mouvements. Les sept danseurs Adriano Coletta, Alain ElSakhawi, Gaetano Montecasino, Roberto Provenzano, Antoine Roux-Briffaud, Fernando Roldan Ferrer, Salvatore Romania (habillés de petites robes en coton fin pour soutenir cette absence de frontières), investissant toute la scène, ont interprété avec énergie, vigueur, audace et arrogance, cette Sicile de tous les contrastes, passionnée et saisissante où la tradition et la modernité se rencontrent, se croisent, se mélangent. Les corps libérés de toutes frontières, de toute retenue, se mouvant énergiquement ou s'arrêtant pour prendre des postures de divinités romaines, nous ont raconté (également à travers la lecture d'un texte Nello Calabrò qui parle du corps/instrument) la corporalité à l'état pur et rendant hommage à ces trois instruments traditionnels Les musiciens (installés en arrière-scène derrière une séparation et que l'on apercevait progressivement, éclairés par un doux éclairage, en fonction de l'entrée en jeu de chaque instrument) donnaient la réplique aux danseurs et annonçaientt le début de chaque étape. Chaque instrument représentant un chapitre du spectacle, autour duquel était construite la chorégraphie. Les rythmes fous de la guimbarde (un instrument de musique utilisant une lamelle actionnée par le doigt comme élément vibrant et la bouche du musicien comme cavité de résonance) jouée par Puccio Castrogiovanni, rejoints par la suite par les tambours et le hang domptés par Arnaldo Vacca, ont enveloppé la salle d'une ambiance vaporeuse et endiablée. Bravo et merci !