BERLIN (AP) — Cédant à la pression de la France, l'Allemagne a assoupli hier sa position sur le renforcement de la discipline budgétaire dans la zone euro, au premier jour d'une réunion des ministres européens des Finances à Luxembourg. L'Allemagne soutenait jusqu'ici sans réserve les sanctions quasi automatiques proposées par la Commission européenne contre les Etats trop dépensiers. Mais lors de la réunion hier, Berlin a reculé sous la pression de la France et d'autres pays. «L'Allemagne est plus ouverte maintenant» à d'autres options, a déclaré un responsable de l'UE sous le couvert de l'anonymat. La Suède, la Finlande et les Pays-Bas — des pays qui comptaient sur le soutien de l'Allemagne au mécanisme de sanctions proposé par la Commission — ont été frustrés par la volte-face apparente de Berlin, selon des sources proches du dossier. L'Allemagne a conclu un accord avec la France «pour édulcorer les sanctions», a déploré un diplomate, évoquant «une mauvaise journée pour l'Europe et l'euro». Réunis pour deux jours à Luxembourg, les ministres des Finances doivent se prononcer sur un renforcement de la discipline budgétaire dans la zone euro. C'est la dernière rencontre entre les grands argentiers de l'UE avant qu'ils ne présentent leurs propositions sur ce dossier aux chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept, les 28 et 29 octobre prochains. «C'est le moment de vérité»pour la volonté des Etats membres de l'UE de renforcer ou non la gouvernance économique, a déclaré Olli Rehn, commissaire aux affaires économiques et monétaires au début de la réunion. Deux approches divergentes se font face. Certains pays soutiennent les sanctions quasi automatiques proposées par la Commission européenne. D'autres pays, notamment la France et l'Italie, y sont très réticents. Les ministres étaient également divisés sur la date d'entrée en vigueur des nouvelles règles. L'Italie souhaite notamment avoir plus de temps pour réduire sa lourde dette publique, qui représente environ 120% de son PIB. La Commission a proposé en septembre d'instaurer de nouvelles pénalités contre les Etats qui dépensent trop, dans l'espoir de prévenir une nouvelle crise de la dette dans l'UE. L'idée est de contraindre les Etats à réserver 0,2% de leur produit intérieur brut s'ils laissent filer leur déficit. Cette réserve se transformerait en une amende, s'ils ne ramènent pas rapidement leur dette sous la barre des 60% du PIB. Seul un vote à la majorité des ministres des Finances de l'UE pourrait annuler la sanction. A Luxembourg, les ministres doivent également préparer leur position pour une réunion avec leurs homologues du G-20 qui s'ouvre vendredi à Séoul, en Corée du Sud. Les ministres pourraient aussi discuter d'une nouvelle régulation sur les fonds spéculatifs. Des sources proches du dossier faisaient état d'un compromis sur un «passeport européen», qui permettrait aux fonds spéculatifs basés hors de l'UE d'accéder à l'ensemble du marché européen.