Le match GorMahia-EST a été celui de toutes les frayeurs et de tous les défis qu'une équipe peut rencontrer dans les compétitions africaines. Autant la formation espérantiste alignée par Khaled Ben Yahia en première mi-temps nous a donné une peur bleue, autant elle était rassurante et très équilibrée en deuxième période. C'est du moins l'évidence avec laquelle on est sorti au terme du match corsé que l'Espérance Sportive de Tunis a disputé avant-hier au Kenya face à la très culottée équipe de Gor Mahia dans le cadre des seizièmes de finale de la Champions League africaine qui s'est soldé par un score ô combien précieux de zéro partout. En effet, le spectre d'une défaite lourde, voire d'une élimination précoce, n'a pas cessé de planer durant les quarante-cinq premières minutes de jeu. C'est dire qu'on a eu très peur pour l'EST au stade Manachos (situé à 65 kilomètres de Nairobi) où la très dangereuse équipe de Gor Mahia s'est permise de faire souffrir la défense espérantiste. Ce fut un interminable calvaire que les attaquants kényans, notamment Tunésangué, Kaguéré et Kahata, ont imposé avec une étonnante détermination à Moez Ben Chrifia et à ses arrières qui ne savaient plus où donner de la tête tellement ils étaient pris d'assaut sans relâche. Quatre occasions de buts franches (18', 24', 26' et 29'), dont une balle sur le montant droit de Ben Chrifia, ont suffi pour prouver à Khaled Ben Yahia que sa formation alignée d'emblée n'était pas la bonne. Formidable coaching de Ben Yahia Ce dernier, tout comme tous les Tunisiens d'ailleurs, comptait impatiamment les minutes, voire les secondes avant le coup de sifflet annonçant la fin de la mi-temps, et ce, afin de pouvoir apporter les rectifications nécessaires à son équipe qui était en totale perdition. Ce qui fut fait sans pépins, Dieu merci ! On était là devant un vrai test du savoir-faire du coach Khaled Ben Yahia car c'est dans ce genre de situations et d'épreuves que l'on peut jauger les qualités d'un entraîneur. Et sans le moindre jet de fleurs sur l'ex-libéro de charme de l'Espérance, ce dernier a, à l'unanimité, prouvé qu'il est bien l'homme de la situation et qu'il est le mieux indiqué pour mener à bon port la barque «sang et or» cette saison. Outre le fait que l'adversaire était très redoutable en attaque, l'EST a joué dans des conditions climatiques extrêmes : pluies torrentielles la veille du match rendant le terrain boueux et glissant, l'altitude des fameux plateaux kényans et, par voie de conséquence, problème de respiration. C'était trop pour la troupe de Ben Yahia qui se devait de sortir indemne de ce guêpier après avoir affronté toutes ces difficultés. Dès la reprise de jeu, Ben Yahia incorpore Mohamed Ali Moncer (45') à la place de Youssef Blaïli dans le but de renforcer son dispositif défensif et différer ses ambitions offensives pour le match retour. Cette première «retouche» a permis à tout le monde de lancer un «ouf» de soulagement puisque l'initiative était unanimement attendue. Et du coup, le match prit une tout autre tournure. Le nouveau 5-4-1 de Ben Yahia allait s'avérer le meilleur choix pour la circonsstance puisque toutes les brèches ont été colmatées devant les attaquants kényans qui ont ainsi perdu toute la ferveur qu'ils ont inlassablement affichée en première période. Et comme projeté par Khaled Ben Yahia, le jeu allait se concentrer au milieu du terrain et les occasions des deux côtés sont devenues presqu'inexistantes. L'EST n'avait donc qu'une idée en tête : éviter la défaite et reporter le verdict de la qualification pour le match retour qui aura lieu à Radès dans une dizaine de jours. Mais malgré la supériorité édifiante de Gor Mahia en première mi-temps, l'EST a failli scorer à deux reprises : la première à la 42' quand l'arbitre égyptien Jihed Jarisha n'avait pas accordé un penalty à Anis Badri clairement fauché par un défenseur kényan dans la surface des seize mètres et la deuxième à la 62' quand Jouini a loupé de très peu la cage du gardien de Gor Mahia. Dans cette rencontre difficile, une mention spéciale est à décerner au keeper «sang et or» Moez Ben Chrifia qui a été incontestablement l'homme du match. Ce dernier semble avoir retrouvé tous ses repères et toute sa verve de jadis. Tant mieux pour lui, pour l'EST et pour l'équipe nationale.