Nous venons d'apprendre que le Chef du gouvernement a paraphé, comme promis, le texte du statut des médecins internes et résidents et l'a confié aux services du Jort pour publication. Mais l'affaire est loin d'être close car ce n'est pas seulement du statut qu'il est question car l'Otjm revendique aussi l'équité dans les critères d'exemption du service civil, l'indexation de salaire des médecins étrangers sous contrat et le maintien du doctorat de fin d'études. Selon l'Organisation tunisienne des jeunes médecins (Otjm), Youssef Chahed a remis le texte du statut des médecins internes et résidents pour publication hier (9 mars) dans le Journal officiel (Jort). Nous nous sommes donc rendus sur place à la Hannon mais les fonctionnaires nous ont expliqué que ce n'est pas le 9 que l'on peut disposer du Jort du 9 ! Pourquoi, simplement parce que les textes qui constituent l'opus doivent à chaque fois être travaillés et vérifiés très soigneusement avant d'être mis sous presse. En clair, il faut attendre la copie du 9 mars pour mardi prochain. Seulement, pour avoir l'assurance de la publication, nous avons contacté le ministère de la Santé qui est le premier concerné par le dossier et Chokri Nafti, chargé de presse, nous a certifié que le chef du gouvernement a bien paraphé le texte du statut et l'a confié aux services du Jort. Youssef Chahed a donc tenu sa promesse et ce n'est qu'une question de temps avant d'en voir la mouture imprimée. Ruses de Sioux et perte de temps Entre-temps, nous en sommes encore à observer se croiser le fer entre les praticiens et la tutelle. Dernier épisode, le ministre de la Santé, Imed Hammami, annonce le 6 mars être parvenu à un accord avec les jeunes médecins. Le lendemain, l'Organisation tunisienne des jeunes médecins (Otjm) dément formellement, révélant des ruses de Sioux dans la mouture proposée par la tutelle qui passe sous silence les trois-quarts des revendications. Parlant en leur nom, leur président Jed Henchiri nous a confié que ce quart restant ne concerne que le statut des internes et des résidents. Mais là aussi, les mêmes ruses de Sioux (procédé habile apte à leurrer). La réunion du 5 mars en présence des doyens des universités et des représentants des comités médicaux a opposé au texte des jeunes médecins un contre-projet aux antipodes du procès-verbal de l'accord. Ceci au moment où les jeunes médecins estiment que le statut relève de la compétence du chef du gouvernement, pas du ministre de la Santé. Boycott des heures de garde Les trois autres éléments principaux de l'accord ne sont pas plus heureux. En premier, l'Otjm revendique l'équité dans les critères d'exemption du service civil (soutien de famille, grossesse, maladie...) mais le ministère de la Santé renvoie la balle au ministère de la Défense qu'il dit être seul compétent en la matière. En second, l'Otjm estime qu'il est parfaitement injuste que les médecins étrangers sous contrat ne reçoivent qu'un tiers du salaire pour le même travail et que cette situation doit être nivelée avant 2019. Là, le ministre de la Santé lorgne du côté du ministère des Affaires étrangères, alors que ce dernier n'est pas compétent en matière d'émoluments. En troisième lieu, l'Otjm crie qu'il est hors de question de leur soutirer le doctorat de fin d'études pour l'ajourner vers la clôture de spécialité et, verbalement, il a été convenu que ce facteur relevait des académiciens, des hospitalo-universitaires et des étudiants mais le texte du ministère de la Santé s'est prononcé pour un comité ad hoc, tout en restant étrangement vague sur sa composition, son processus et ses délais. Des complications, des subterfuges et des passations de responsabilités qui justifient aux yeux de l'Otjm son désir de monter en puissance : «Les 4.000 jeunes médecins sont d'accord pour monter au créneau et pour l'escalade. Si les choses ne se nivellent pas, nous allons boycotter les heures de garde, avec toutes les implications que cela aura sur les services et les professions de la santé», avertit Jed Henchiri.