EST-Gor Mahia de ce dimanche n'est pas gagné avant d'être joué. Certes, l'Espérance bénéficie de l'avantage des pronostics, mais les Kényans sont à prendre très au sérieux jusqu'au coup de sifflet final de l'arbitre Il y a trente et un ans, en 1987 exactement, l'Espérance Sportive de Tunis avait, rappelons-le, laissé des plumes devant les Kényans de Gor Mahia dans la mémorable finale de la coupe d'Afrique des clubs vainqueurs de coupe (ancienne formule de l'actuelle coupe de la CAF). C'était une amère désillusion que les fans de l'EST ne sont pas près d'oublier, puisque leur équipe avait la Coupe au bord des lèvres quand elle avait été privée du bonheur de la première consécration africaine au terme de deux matches nuls (2-2 et 1-1). La même amertume a été évitée de justesse le 6 mars courant au Keyna quand les «Sang et Or» se sont vus littéralement submergés par les attaquants de la même Gor Mahia, durant les quarante-cinq premières minutes du match aller des 16es de finale de la Champions League. Ce fut une longue et interminable mi-temps de calvaire qui aurait pu avoir raison des nerfs des plus flegmatiques des supporters espérantistes. Toutes les conditions s'étaient, ce jour-là, rangées du bord de Gor Mahia : terrain boueux, humidité, altitude et manque d'oxygène et un adversaire soutenu par un public qui l'encourageait à cor et à cri. Période faste de l'EST Heureusement que pour la deuxième mi-temps, le coach Khaled Ben Yahia nous réservait une agréable surprise en rectifiant le tir par quelques retouches de coaching dénotant une judiciaire lecture des tournures du match. Et du coup, l'EST est parvenue à sortir indemne de ce nouveau bourbier kényan grâce au score neutre (0-0) ramené à Tunis. Ce dimanche, à Radès, ce sera une opportunité certaine qui se présente à l'EST de Khaled Ben Yahia car l'on jouera dans des conditions nettement meilleures : bonne pelouse, soutien du public qui sera certainement nombreux et surtout période faste de l'équipe. En effet, les coéquipiers de Moez Ben Chrifia partiront dans ce duel avec l'avantage des pronostics pour éliminer Gor Mahia et se qualifier au tour des poules. Toutefois, Khaled Ben Yahia doit être quelque peu prudent dans ce duel décisif car les Kényans auront, eux aussi, quelques arguments qui tiennent la route, à savoir le but qui compte double en cas de score de parité positif et la puissance de tir de leurs attaquants. Il faudra composer avec beaucoup de métier en présence de ces deux éléments à prendre très au sérieux. Au Kenya, pour tirer son épingle du jeu, Ben Yahia avait réussi à fermer toutes les brèches de sa défense constatées criardement tout au long de la première mi-temps. Mais cette fois-ci, il est tenu d'être aussi vigilant en défense face aux redoutables attaquants Tunésangué, Kahata et Kaguéré, mais en même temps de pousser ses joueurs à faire le jeu afin de gagner. C'est que l'Espérance est contrainte à la victoire, puisque n'importe quel score de parité positif serait synonyme de qualification des Kényans. Alors, il faut faire gaffe pour éviter ce scénario dramatique. Encore une fois, la première mi-temps va être décisive et la possession de la balle, notamment au milieu du terrain et en attaque, sera sans aucun doute la clé de réussite de l'Espérance. Autant la ligne d'attaque de Gor Mahia fait peur, autant sa ligne arrière ressemble à une passoire. Et même au cas où les visiteurs parviennent à scorer, il ne faut jamais paniquer ou se livrer à l'emprise de la précipitation. Il faut jouer pour marquer des buts, beaucoup de buts afin de pousser l'adversaire à désespérer avant de jeter totalement les armes. Il s'agit là d'un match qu'il faut bien préparer mentalement pour avoir des nerfs d'acier et une vraie rage de vaincre. Celle d'un vrai virtuel champion. Bon vent.