Nullement épargnée par une conjoncture mondiale difficile et exposée à un mouvement violent de revendications sociales, la CPG est, certes, au creux de la vague avec cette baisse sensible du chiffre d'affaires, qui explique les énormes préjudices subis par l'économie du pays et auxquels il est difficile de remédier dans l'immédiat. Mais l'espoir de voir le dénouement de la crise reste de mise. En attendant, l'optimisme est de rigueur. Le secteur a de beaux jours devant lui, même si la concurrence rude le met dans une situation assez difficile. Un arrêt sur image nous permet de constater que la région de Gafsa dispose d'énormes potentialités dans le secteur minier. Le tissu associatif dans la plus grande des villes minières apporte une contribution précieuse à une étude élaborée sur le développement de la production du phosphate. Présidée par Abdellatif Chaâbani, juriste de formation et opérant dans le secteur minier depuis des années, l'association vient d'élaborer une étude fort intéressante remise au secrétariat d'Etat au ministère des Mines et des Energies renouvelables. L'étude a mis en exergue les perspectives d'un secteur prometteur mais qui n'a pas atteint encore sa vitesse de croisière avec une production qui reste inférieure aux estimations. « Machine souvent grippée » Notre interlocuteur dresse une panoplie de chiffres significatifs : « Les ressources minières dans le bassin minier s'élèvent à 1,7 milliard de tonnes .Tout près, à Tozeur, elles sont estimées à 500 millions de tonnes et du côté de Sra Ouerten au Kef, elles dépassent les 2,5 milliards de tonnes en phosphate de roche. Mais les soubresauts vécus par le pays depuis le 14 janvier ont fait que la machine productive soit souvent grippée. Le chiffre de référence est difficile à détrôner depuis 2010 avec un volume-référence de 8,6 millions de tonnes alors que pour la période (2011-2016), elle oscille entre 2 et 4 millions de tonnes. Nos voisins marocains nous ont distancé avec 32 millions de tonnes en 2010 et, depuis, ils ont gardé la même cadence avec 35 millions de tonnes /an pour atteindre leur pic en 2017 traduit par 38 millions de tonnes .Le problème du chômage a constitué une épine dans les pieds des responsables de ce trust pour se greffer sur les rocambolesques remarques observées par le marché mondial reléguant la Tunisie au rang de simple producteur alors que le Maroc progresse en Amérique du sud grâce à ses exportations vers cette partie du globe ». Fardeau de l'unique employeur Dans ce sens, Abdellatif Chaâbani souligne que l'issue de secours réside dans la mise en place d'une configuration de développement multidimensionnel qui permettra à ce trust de se soulager du fardeau de l'unique employeur dans ces contrées et qu'il endosse depuis le démarrage de l'extraction vers la fin du XIXe siècle. La CPG devra relever les défis mondiaux, d'autant plus que la production des engrais chimiques pourrait apporter des solutions pour améliorer la situation et enrayer la famine. Selon notre interlocuteur, «la compagnie est censée mettre en place un programme quinquennal pour atteindre les 20 millions de tonnes à la fin de la prochaine décennie pour laquelle elle est appelée à affûter les armes dès maintenant. Il s'agit de mettre en place une nouvelle laverie tous les cinq ans et cela après la fin des travaux d'installation de la laverie 6 à Oum Khechab qui permettra de produire 3 millions tonnes de phosphate filtré». Et justement pour cette nouvelle réalisation, le président de l ‘association fait mine grise en pointant du doigt le retard accusé des travaux. «Prévue d'entrer en exploitation en 2012, la plate-forme n'est pas encore installée, alors que les Chinois ont livré la laverie depuis 3 ans .Un retard qui pèse lourd dans le décompte de production ; sujet déjà à des oscillations à cause de cette vague déferlante de troubles sociaux dans la région». Et si la CPG a investi depuis des années pour réduire le coût de production tout en augmentant, tant bien que mal, sa production, même si elle a atteint relativement son objectif, il n'en demeure pas moins important de redoubler d'efforts pour toucher le point culminant de production au risque de se trouver dans la situation implacable qui guette le secteur minier dans le monde entier. Abdellatif Chaâbani s'explique : «A l'avenir, le phosphate pourrait être déchu de son piédestal au profit d'une nouvelle ressource naturelle. Le charbon qui était une source d'énergie au XVIIIe siècle a été remplacé par le pétrole. De nombreux gisements ont été délaissés ». Et au vu des énormes réserves que possède notre pays, il est capital de se pencher sur le développement de la production du phosphate, surtout que les commandes du GCT vont crescendo tout comme celles de la Tifert «cette société tuniso-indienne basée à Skhira et lancée en 2012 est un client assidu de la CPG et nécessite 1,4 million de tonnes de phosphate par an». Pour finir, notre invité, membre actif de la société civile, insiste sur l'importance d'accélérer l'entrée en exploitation des mines de Tozeur dont les réserves sont estimées à 500 millions tonnes et celles de Meknassy avec ses 20 millions de tonnes .Nous y reviendrons ...