Le taux d'inflation qui passe à 7,6% au cours du mois de mars de cette année, contre 7,1% le mois précédent et 6,9% le mois de janvier, n'a pas tout à fait de quoi nous étonner vu la situation économique et le niveau de la productivité en Tunisie L'inflation importée est également à prendre en considération avec la forte dépréciation du dinar L'inflation ne cesse d'évoluer à un rythme relativement rapide. En mars 2018, elle s'est établie à 7.6%. C'est un chiffre assez élevé qui est dû essentiellement à l'évolution des prix de plusieurs produits de consommation courante. Or, le pouvoir d'achat des citoyens moyens se dégringole de jour en jour, ce qui ne leur permet pas d'acquérir tous les produits dont ils ont besoin. Chacun se débrouille comme il peut pour améliorer ses revenus, quitte à exercer un métier en parallèle à sa fonction de base. Selon les chiffres disponibles du mois de mars 2018, les prix à la consommation ont augmenté de 0,7% après une baisse de 0,1% le mois précédent. Cette augmentation est surtout liée à la hausse des prix de l'alimentation, des produits textiles et du transport. Pour ce qui est de l'alimentation, on peut constater que l'offre est diversifiée mais les prix de certains produits sont hors de portée des consommateurs comme, à titre d'exemple, les viandes rouges et blanches, les légumes et fruits – après une accalmie provisoire – et même les articles de textile dont les prix ont connu une envolée inexplicable. Renforcer la production locale Pourtant, au cours de la période des soldes, plusieurs boutiques ont consenti des rabais sur des articles que certains consommateurs considéraient de deuxième choix ou portant des défauts de fabrication. Cette hypothèse n'est pas vraie totalement dans le mesure où l'on trouve des boutiques qui ont appliqué des baisse allant jusqu'à 50% des articles neufs et à la mode. Mais une fois les soldes terminés, les prix ont repris leur envol, surtout les articles destinés aux enfants. En plus des produits de fabrication locale, les consommateurs ont la possibilité d'opter pour les produits importés vendus à un prix plus élevé mais d'une qualité assez raffinée. Certains spécialistes recommandent d'arrêter l'importation des produits comme les bananes et le kiwi, d'autant plus que nos réserves en devises ont atteint leur niveau le plus bas. L'Etat est obligé d'importer des produits de base, car la production nationale est insuffisante et ne permet pas de satisfaire les besoins en constante évolution. C'est le cas, à titre d'exemple, des céréales (blé dur, blé tendre et orge) dont une partie est utilisée pour la fabrication du pain et des pâtes. Vu leur prix fortement subventionné, ces produits sont achetés en grandes quantités – par les riches et les pauvres – et une grande partie est jetée dans les poubelles ou données aux animaux. L'importation concerne aussi, de temps à autre, d'autres produits en quantités insuffisantes au niveau local, à savoir, à titre d'exemple, les viandes rouges, les pommes de terre et des fruits. Le but recherché à travers cette importation est de diversifier l'offre et de réguler les prix sur le marché. Car en accaparant tout le marché, les producteurs locaux peuvent imposer leur prix qui n'est pas toujours à la portée des consommateurs. Mieux maîtriser les prix En tout état de cause, il est nécessaire, autant que faire se peut, d'accroître la production locale pour améliorer l'offre et la diversifier. Ainsi, les prix pourraient connaître une baisse qui profiterait aux consommateurs de catégorie sociale moyenne et celle à revenu limité. Il faut penser aussi à préserver les intérêts des producteurs pour leur permettre de couvrir les frais de production tout en dégageant une marge bénéficiaire respectable. C'est que plusieurs producteurs – notamment parmi les agriculteurs – se plaignent du fait que les prix pratiqués ne leur permettent pas d'entrer dans leurs frais et de faire des bénéfices. Une telle situation a un impact négatif aussi bien sur le revenu des agriculteurs dont certains sont fortement endettés. Certains agriculteurs sont contre les importations de certains produits fabriqués localement, car cela pourrait porter atteinte à toute la filière de production comme c'est le cas pour les viandes rouges qui passent par une période difficile, compte tenu de la cherté des matières premières et particulièrement des produits fourragers qui ne sont pas toujours distribués équitablement, selon l'organisation des agriculteurs (Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche). Le manque d'eau ou son absence pèse lourdement sur la production agricole qui ne répond pas aux exigences quantitatives et qualitatives. Pour assurer une reprise de l'activité économique, il est indispensable d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens afin de leur permettre d'élargir leurs achats et d'encourager les unités de production à produire plus. Comparé à d'autres espaces, le marché tunisien est exigu et ne permet pas à l'entreprise de réaliser un chiffre d'affaires important. La seule issue est d'opter pour les exportations pour vendre des produits compétitifs vers les pays voisins et ceux de l'Afrique, notamment. Le taux d'inflation qui augmente à 7,6% au cours du mois de mars de cette année contre 7,1% le mois précédent et 6,9% le mois de janvier n'est donc pas étonnant quand on sait la situation économique et le niveau de la productivité en Tunisie. Cette hausse provient de l'accélération des prix d'alimentation (8,7%) et des prix d'habillement (8,0%). Pourtant, selon les prévisions de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), annoncées quelques mois plus tôt, le taux moyen d'inflation s'établira à 7,2% pour toute l'année 2018, alors qu'il s'était établi au cours du mois de février à 7,1%. On a même prévu une régression de ce taux d'inflation en 2019 pour se situer entre 5 et 6%. A préciser aussi que la dépréciation du dinar par rapport au dollar et à l'euro notamment – qui sont nos principales devises de change –, face à la hausse des prix des matières premières et des hydrocarbures sur le marché international, constitue la cause essentielle de cette inflation. Il faut prendre aussi en considération l'inflation importée due à l'enchérissement des prix des matières premières et des produits semi-finis transformés en Tunisie.