Symbole du luxe, la haute couture parisienne rayonne dans le monde entier. L'Institut français de Tunisie propose aux cinéphiles et aux amateurs de la mode de découvrir trois films français dont les réalisateurs lèvent le voile sur cet univers aussi fascinant que méconnu du grand public. Trois films, donc, sont au programme de la soirée du 8 juin dont la projection débutera à partir de 22h00 et aura lieu en plein air dans les jardins de l'Institut. «Coco avant Chanel» d'Anne Fontaine est un biopic classique où l'on suit l'histoire d'une petite fille du centre de la France, placée dans un orphelinat avec sa sœur, et qui attend en vain tous les dimanches que son père vienne les chercher. Une chanteuse de beuglant à la voix trop faible, qui affronte un public de soldats éméchés. Une petite couturière destinée à refaire des ourlets dans l'arrière-boutique d'un tailleur de province. Une apprentie-courtisane au corps trop maigre, qui trouve refuge chez son protecteur Etienne Balsan, parmi les cocottes et les fêtards. Une amoureuse qui sait qu'elle ne sera «la femme de personne», pas même celle de Boy Capel, l'homme qui pourtant l'aimait aussi. Une rebelle que les conventions de l'époque empêchent de respirer, et qui s'habille avec les chemises de ses amants. C'est l'histoire de Coco Chanel, qui incarna la femme moderne avant de l'inventer. Suivra à 00h10, le documentaire de Loïc Prigent, «Qu'est-ce que la haute couture?». Ce documentaire-question cherche à définir la Haute Couture d'aujourd'hui. Filmé à Paris en janvier 2016 pendant les présentations de Haute Couture, la caméra de Loïc Prigent pose la question dans les ateliers, dans les coulisses, aux ouvrières, aux premières d'atelier, aux directrices de la Couture de maisons comme Chanel et Dior, aux clientes et, bien sûr, aux grands couturiers. Giorgio Armani, Jean-Paul Gaultier, Karl Lagerfeld et les autres donnent la définition de la Haute Couture. Une Haute Couture pour prendre l'avion ou pour des journées exceptionnelles, des mariages. Alors que le prêt-à-porter de luxe se vend dans des centaines de boutiques sur les plus belles avenues du monde, la Haute Couture s'achète à Paris, dans quelques salons feutrés. Comment la vend-on ? Avec pour chaque robe, des exclusivités par territoire ou des exclusivités mondiales qui se monnayent au prix fort. On parle aux ouvrières pour observer le travail, à la main, en silence, le soin porté aux «propretés intérieures» invisibles mais qui font la différence. Scène par scène, un portrait de la Haute Couture se brosse, contrasté, entre les richissimes et les ouvrières et avec les grands couturiers qui font vibrer tout ce monde, auréolés à juste titre du prestige unique qu'est la Haute Couture. La soirée dédiée au cinéma et à la mode s'achèvera avec le film «Franckie» de Fabienne Berthaud. Frankie a vingt-six ans. Frankie est mannequin. Son travail exige d'elle qu'elle renvoie une image lisse et parfaite, qu'elle ne laisse entrevoir ni la fragilité ni les fêlures qu'elle dissimule. Oui, Frankie est mannequin, pas un top model qui parcourt le monde mais un mannequin en fin de carrière comme il y en a des milliers d'autres, qui erre d'hôtels médiocres en studios, en bars tristes où, esseulée, elle laisse tomber le masque, et n'en a plus que faire. L'image elle aussi s'est fissurée : plus vraiment belle, plus vraiment jeune selon des critères plus cruels dans son métier qu'ailleurs, où les stigmates du temps, si imperceptibles pourtant, ennemi impitoyable et invincible, sont inexcusables. Seule, surtout. Quand l'image se craquelle, il faut sourire avec plus d'entrain encore, dire bonjour avec plus d'enthousiasme, feindre avec un talent démultiplié. Seulement Frankie n'a plus envie. Elle a perdu l'envie d'avoir envie. L'envie de cacher l'être blessé par un paraître irréprochable. N'être qu'un corps qu'on voit sans le regarder devient insupportable. Frankie (Diane Krüger, d'une touchante fragilité) est à fleur de peau, dans cet état où un seul mot prononcé ou oublié, un seul geste déplacé peuvent faire basculer et dériver. Une soirée ramadanesque sous les étoiles qui vaut certainement le détour!