L'été commence très mal pour les riverains de la plage du Kram, banlieue nord de Tunis. Et pour cause, le phénomène récurrent de ces fameuses autorisations d'occupation temporaire du domaine public maritime, accordées souvent sans concertation avec les habitants de la place, ne fait que monter la tension et accroître les différends. Au grand dam des riverains et baigneurs, une grande partie de la plage est infestée de parasols et de tables, privant ainsi le citoyen de l'un de ses droits les plus élémentaires. Selon certains témoignages, des «cas sociaux» imposent leur diktat au su et au vu de tout le monde et se moquent des lois en vigueur, selon le témoignage de certains riverains consternés et atterrés en raison de l'attitude des autorités de tutelle qui donnent une explication tout à fait différente. Ces autorisations ont été octroyées selon un cahier des charges, d'après les motifs évoqués. Il va sans dire que les «cas sociaux» posent aujourd'hui problème en Tunisie et certains s'enrichissent en s'endormant, n'hésitant pas à user de tous les subterfuges et toutes les pressions pour s'offrir certaines autorisations, n'hésitant pas à recourir même aux menaces. En fin de compte, c'est le citoyen qui trime et paye ses impôts qui se voit priver de son droit de profiter librement de la mer, d'installer son parasol où bon lui semble. De plus en plus il perd ce droit de jour comme de nuit. Nos plages se privatisent sous pression et d'une manière choquante et écœurante au vu et au su de toutes les autorités de tutelle. Juste après ce constat de fait et le tollé soulevé par les riverains et les habitants du Kram, la municipalité, ou plutôt la délégation spéciale qui est encore en place, a publié un communiqué explicatif dans lequel elle tend à «légitimer» cette occupation frustrante de la plage. On ne sait pas si les nouveaux membres du conseil municipal issus des dernières élections ont été consultés ou pas, mais il va sans dire qu'aucune concertation avec les citoyens n'a été réalisée au préalable, au moment où le nouveau code des collectivités locales oblige l'adoption des mécanismes de la démocratie participative locale. Si la municipalité parle d'espaces d'occupation temporaire pour l'implantation d'installations légères (parasols, tables et chaises) selon des conditions fixées par un cahier des charges, les riverains ont la nette conviction que les locataires de ces espaces, à l'instar des vendeurs à la sauvette qui pullulent dans cette région et occupent chaussées et trottoirs 7 jours sur 7, vont tout faire pour étendre leur champ d'activité malgré les contrôles effectués par les unités de la police, ce qui est de nature à déranger la quiétude des estivants.