Créé en 2017, le Syndicat professionnel des agents d'assurance de Tunisie (Spaat) n'a cessé de remuer ciel et terre pour se faire connaître et défendre le principe du pluralisme syndical. Un droit constitutionnel qui lui tient à cœur. Pour cela, il a fait la tournée de sensibilisation dans les grandes villes du pays et multiplié les rencontres avec ses 336 adhérents de base, soit le tiers ou presque des agents que compte aujourd'hui la corporation. Après Sousse et Bizerte, le Spaat s'est donné rendez-vous à Tunis, où il a tenu, samedi dernier, son assemblée générale annuelle, avec pour ordre du jour, outre l'adoption des rapports financier et moral, l'examen des problèmes que pose encore le nouveau « traité de nomination », ainsi que les derniers développements du secteur. Ainsi, le débat fut lancé sur un ton revendicatif, mettant en avant le droit au pluralisme syndical, une des meilleures illustrations démocratiques universelles. Les participants y voient une consécration pure et simple des articles 35 et 36 de la Constitution de janvier 2014. Celle qui sous-tend une 2e République en marche. Ils ont été, tous, unanimes sur le fait que leur syndicat, bien que jeune, demeure le porte-drapeau d'un métier en difficulté. D'autant plus qu'il est digne, selon eux, de renégocier avec les parties concernées leurs revendications sociales, jusque-là insatisfaites. A ses yeux, le Spaat est leur porte-voix le plus représentatif en termes d'affiliés et de proximité. Motifs de licenciement, tout court Son président, Amor Ghezaiel, se fixe, quant à lui, deux priorités : consacrer le pluralisme syndical et revoir le nouveau « traité de nomination », lequel est reconnu pour être un contrat d'embauche sans garantie. Le problème a principalement trait, évoque-t-il, à l'indemnité compensatrice. « Celle-ci se définit, selon ce nouveau traité de nomination, comme étant le prix du développement de portefeuille d'agent», précise-t-il. Et par ricochet, déduit-il, l'agent d'assurance pourrait être révoqué pour quelque motif que ce soit, sans bénéficier de cette indemnité compensatrice. Et d'ajouter qu'il y a aussi « l'incapacité notoire » et « l'insuffisance de production », deux termes vagues et abstraits sur la base desquels la compagnie d'assurances a, unilatéralement, la latitude de juger, bon ou mauvais, le rendement professionnel de l'agent. Or, il s'agit là, à l'en croire, d'une estimation subjective qui n'a rien à voir avec la réalité du travail. Soit un prétexte de licenciement tout court. Quoi qu'il en soit, réplique-t-il, la compagnie aurait dû agir autrement. Peut-être, vaut-il mieux assister son agent que le remercier ? Cela dit, il faut préserver les postes d'emploi. M. Ghezaiel énumère, ici, quatre ou cinq cas libérés de cette façon. Autre problème, le non-respect du principe du pluralisme syndical. Et ce, dans la mesure où ce même traité de nomination précise un corps syndical spécifiquement par son nom. Alors que l'article 78 du Code des assurances prévoit de négocier avec la structure syndicale la plus représentative. Dans ce cas, le Spaat demeure beaucoup plus légitime que le Snagat (Syndicat national des agents généraux d'assurances tunisiens) qui a moins d'adhérents. « Voilà, en tout cas, l'objet de notre tournée de sensibilisation dans plusieurs régions», résume-t-il. Les pas suivants ? « Renégocier le « traité de nomination », même si la Fédération tunisienne des sociétés d'assurance (Ftusa) et le Comité général d'assurance (CGA), deux tutelles du secteur, continuent à faire la sourde oreille », conclut-il. Du reste, les préparatifs pour le congrès électif du Spaat, prévu en octobre prochain à Tunis, semblent aller bon train.