Demain, s'ouvre la 54e édition du Festival international de Hammamet, une édition que semble tenir aux traditions théâtrales de ce lieu. Et c'est avec la dernière création du Théâtre national tunisien «Peur(s)» de Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar que le rideau se lèvera. Surpris par une tempête d'une intensité exceptionnelle, un campement de jeunes scouts accompagnés de vétérans est enseveli sous les dunes de sable. Neuf rescapés en perdition se réfugient dans un ancien hôpital en ruine, fuyant la menace des vents. Ils ont traversé champs et villages enfoncés dans le brouillard des tornades et découvrent, en se réfugiant dans ce lieu de fortune, que deux de leurs compagnons manquent à l'appel. Deux éclaireurs téméraires s'aventurent dehors. L'un d'eux revient bredouille et l'autre disparaît à son tour. Volatilisé. Prisonniers des sables et du froid, leur séjour dans cette ruine devient intenable. Tout vient à manquer sauf l'humour, l'angoisse, la peur et l'impossibilité de sortir sans disparaître à leur tour. Peur(s) est le deuxième volet d'une trilogie sur la société tunisienne, après Violence(s). Dans un décor sombre et inquiétant, à partir d'un texte puissant né d'improvisations, Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi posent un regard sans concessions sur ce qu'il est advenu de leurs espoirs, nés lors de la révolution de 2011. Le festival consacre, tout au long de sa programmation, d'autres soirées pour le théâtre et les arts de la scène dont «La fuite» de Ghazi Zoghbani, «Freedom House» de Chedly Arfaoui, la première de «Al Kadimoun» du Centre d'art dramatique et scénique du Kef, un hommage à Moncef Souissi et la célébration d'un demi-siècle de théâtre du Kef.