Faire du vélo peut s'apparenter à un luxe, pourtant c'est un bienfait vital pour le corps, l'esprit et... l'environnement. Les Tunisiens sont connus pour raffoler de cafés en toute circonstance et en avoir envie à divers moments de la journée. Associer des loisirs au café est un phénomène qui fait son chemin. On connaissait le café-journal et le café-livre. Mais ce n'est pas tout. Un nouveau concept est sorti de terre, le café-vélo. Révélé en France depuis 2014 et en plein essor en Tunisie tout juste cette année, cette nouvelle tendance pour les cafés-vélos auprès des Tunisiens fait fureur et se démocratise de plus en plus. M Chekib Ghanmi, propriétaire d'un café à la rue de Palestine Ariha de Lafayette, affiche fièrement ses ambitions sur les réseaux sociaux : «Cyclistes professionnels ou amateurs, passionnés de vélo sont la cible prioritaire». Leur objectif ultime vise à éviter la circulation et créer des pistes cyclables au Grand-Tunis contre la pollution urbaine et pour le bien de l'environnement. Chekib Ghanmi, également président de Thakafiya, une association de vélos de Tunisie, signale combien ce concept est en train de connaître une ascension fulgurante. «L'ouverture officielle s'est déroulée le 10 avril 2018. Au début à peine cinq à six clients sont venus découvrir avec intérêt notre activité. Aujourd'hui on les compte par centaines. Des clients assidus entre jeunes et moins jeunes de trois à soixante-dix ans empruntent les routes et autoroutes chaque jour». Trio détonant : café, culture et vélo On leur propose également des activités culturelles sur place pour se détendre avant de prendre un grand bol d'air frais. «La chaîne télé mangas, qui diffuse en continu des dessins animés coréens, est prisée par les passionnés de vélos. Des films épiques qui mettent en scène des vélos sont également projetés». Si on y ajoute des films documentaires sur l'histoire du vélo ou la pratique du vélo à Amsterdam en Hollande connue pour être une ville cyclable à outrance, le Tunisien est pris d'enchantement et de rêvasseries. M Ghanmi informe sur l'appui gouvernemental dont il dispose : «Le ministère de l'Equipement va planifier des pistes cyclables. Un circuit va se dessiner partant de Lafayette et transiter par l'avenue Mohamed V et l'avenue Habib Bourguiba». En outre cent-soixante-deux groupes de vélos ont été constitués ces derniers temps pour la vulgarisation de cette activité sportive». Pour donner envie, une scène imagée du concept lors d'une escapade sans engin motorisé est descriptible : la chaîne de vélo vient de sauter, et votre tenue ne vous permet pas de mettre les mains pour réparer l'engin. Une seule solution, le café-vélo. Pratique. Siroter un café ou jus tandis qu'on chouchoute la bécane pour la remettre sur pied. Les fumeurs qui rechignent à l'idée de faire du vélo sont de moins en moins nombreux car M. Ghanmi fait des pieds et des mains pour les encourager aux bienfaits qu'ils peuvent en tirer et ça marche ! «Douze fumeurs se sont inscrits à un groupe et ont décidé d'abandonner la clope progressivement». Un groupe de cinquante cyclistes se constitue lors de ballades et randonnées vers La Marsa sur un total de deux cents cyclistes adhérents au café vélo. Une progression encourageante quant à l'avenir du vélo sous nos cieux. Encourager la pratique du vélo En guise de contre-pied aux personnes qui contestent la fourchette des prix pratiqués dans son espace, M Ghanmi donne des explications vigoureuses à qui veut bien entendre ou comprendre : « Le vélo unitaire me coûte huit-cent-cinquante dinars à l'acquisition. L'ingénieur qui assure la réparation du vélo perçoit un forfait journalier de cinquante dinars». Le tarif de quatre dinars de l'heure n'est pas approuvé de tous. Ce qui a le don d'irriter les propriétaires qui estiment que leur activité n'est pas encore rentable au démarrage. «C'est un projet qui coûte les yeux de la tête. L'investissement et les frais liés aux réparations et à l'entretien du parc de vélos n'ont pas encore été amortis». La location se fait à l'heure et à la journée. La mentalité évolue favorablement jusqu'à attirer les enfants et les voisins. Le café consiste en une buvette comme point de rencontre pour les groupes de promeneurs et pédaleurs. Le tableau d'événements pour toutes les personnes s'y trouve pour récapituler les activités journalières et hebdomadaires. Tout un programme. A vos pédales !