Par Khaled TEBOURBI Nos festivals d'été proposent presque exclusivement de la musique. Le «lexique officiel» laisse croire à leur diversité. Ce n'est que posture. Une façon de mettre le programme estival sous l'enseigne généraliste de la culture. Cela fait, paraît-il, plus sérieux. La posture ne modifie, évidemment, rien. Tout reste musique à «Carthage» et à «Hammamet», les doyens. Et tout est musique partout ailleurs. Elles sont plus de 200 joutes, sans doute plus, à travers le pays, à ne pratiquer que concerts et galas, à ne sonner que chants et chansons. Qu'en déduire ? Deux choses si l'on tient à ce que tout aille pour le mieux. Il faut d'abord confier ces festivals à «qui de droit». A des professionnels d'expérience s'entend,à des praticiens rodés et à des théoriciens reconnus. On leur donne, ainsi, des chances de contenu et de qualité. La musique est autant art que savoir. Qui n'en a connaissance ne pourra jamais en juger. Les comités festivaliers se remplissent hélas de «profanes», aujourd'hui. Les raisons ? La bureaucratie,le carriérisme,l'opportunisme qui infestent l'establishment de la culture. Les Bouvards et Pecuchets qui pullulent dans le milieu. L'exemple de «Carthage 2018» étonnera peut-être : pas un musicologue, pas un praticien, pas un mélomane rompu, cette année, pour évaluer techniquement (et non point au «simple goût») des projets de spectacles, des créations, des parcours,des voix et des chants. Immense responsabilité. Eludée. Et l'on s'interroge encore sur les failles et les bides d'une programmation. Ces festivals, il faut ensuite veiller à leur médiatisation. Des festivals mal diffusés, mal perçus, mal appréhendés,mal jugés, dévient de leur vocation première, qui est de forger une écoute collective,de créer des publics de bon niveau, de faire barrage à la médiocrité. Et la dérive est aggravée s'agissant de musique. Là, le déficit critique est irrattrapable, pratiquement sans issue. Des chroniqueurs et des présentateurs sans écoute, sans connaissance, sans formation et sans initiation musicales, pérorent à longueur d'antennes décrétant de pseudo-«génies», consacrant de «faux talents». Une population entière est contaminée : à voir comme des milliers de nos jeunes se «lâchent» dans nos amphithéâtres (le comble de l'abandon !), on se dit qu'elle aura bien du mal à s'en relever. C'est toute la crainte. L' énorme crainte. A bon entendeur, salut !