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Habiba Jendoubi, directrice des journées des Arts de la marionnette de Carthage : « On prépare une session surprise »
L'Entretien du lundi
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 09 - 2018

Pour la première fois en Tunisie un vrai festival de la marionnette va avoir lieu entre les 22 et 29 septembre. Un festival au bonheur des enfants, bien sûr, mais qui va mettre en lumière un nouveau genre de spectacle : la marionnette pour adultes qui a longtemps été sous haute surveillance dans les pays arabes qui craignent la force de parole de ces petites poupées robustes.
Pourquoi ce festival a-t-il tardé à voir le jour alors que la troupe nationale de la marionnette existe depuis 1976 en Tunisie ?
Depuis longtemps on a considéré que le théâtre et les arts de la marionnette sont destinés aux enfants et tout ce qui concerne l'enfant a été malheureusement marginalisé jusqu'à un certain point. On ne trouve, par exemple, pas de librairie pour enfants, le théâtre pour enfants n'a pas évolué non plus... On oublie toujours que l'enfant est la vraie valeur sur laquelle on doit travailler.
D'autre part, les marionnettistes qui font ce métier depuis 1976, date de la création de la troupe nationale de la marionnette, et les jeunes qui ont découvert la fabrication et la manipulation des marionnettes ont commencé à voyager. Cette découverte des festivals consacrés à la marionnette nous a aussi rapprochés davantage de ce métier et de cet art à part entière. Ce métier possède en effet sa particularité qui le distingue du théâtre.
Les spectacles de marionnettes étaient également très surveillés par la censure politique...
Effectivement il y a également cet aspect : dans le monde arabo-musulman et africain, les décideurs ont peur de l'impact de l'art de la marionnette surtout lorsqu'il s'adresse aux adultes. La marionnette possède une force de parole parfois dérangeante et l'émission des Guignols en France n'en est qu'un exemple... Une marionnette avec un petit mouvement et deux mots peut exprimer allègrement ce qui est dit dans les coulisses. C'est aussi pour des raisons politiques que l'art de la marionnette, surtout pour les spectacles qui s'adressent aux adultes, a pris du retard à se développer en Tunisie et le festival qui lui est consacré aussi. La marionnette en Tunisie n'avait pas un public d'adultes jusqu'en 2015 lorsque j'ai créé le spectacle «Glaise». D'autre part, avec la création de la section marionnette à l'Institut supérieur d'art dramatique depuis 2006 avec le Dr Mohamed Médiouni, il y a eu l'émergence de jeunes marionnettistes qui ont fait que la famille s'est agrandie ! Il était temps de lancer ce festival. Il est également soutenu par le ministère des Affaires culturelles et avant le ministre Mohamed Zine El Abidine on a écrit à tous les autres ministres pour leur déclarer que ce métier doit être réfléchi de nouveau et que c'est un métier à part entière, mais sans obtenir de réponse. Aujourd'hui, le ministère a pris les choses en main et c'est ce qui nous a permis de lancer cette première édition du festival de la marionnette. On a pris les choses au sérieux et on prépare une session surprise avec ce benjamin des festivals.
Est-ce un festival de marionnettes qui s'adresse aux adultes uniquement ?
Non, c'est un festival qui s'adresse à tout le monde, il y a surtout les enfants mais, pour la première fois en Tunisie, il va y avoir une section pour les adultes tous les jours à 19h00. C'est pour cela que j'ai fait appel à des compagnies étrangères de référence spécialisées dans les marionnettes pour adultes. C'est un avant-goût pour l'avenir que donne cette première session. Je précise qu'il va y avoir des pièces provenant d'une vingtaine de pays.
Quelles sont vos attentes de ce festival ?
Ce qu'on souhaite c'est que ce festival arrive à terme. Ce n'est pas un travail sans contraintes, je vous le confie ! Et du 22 au 29 septembre, nous allons (je l'espère) assister à une naissance toute en beauté ! J'espère que ce festival va également continuer à exister et que, après moi (je ne suis qu'une artiste indépendante qui fait cette session), le Centre national des arts de la marionnette continue à réfléchir sur cet art. Mais on s'attend aussi à des critiques constructives et des échanges utiles qui vont nous permettre d'aller de l'avant pendant les prochaines sessions.
Les marionnettes font partie du patrimoine tunisien ; vous avez publié un livre sur ce sujet, «La mémoire et la trace». Pourquoi des personnages comme Karakouz et Ommek Tango ont-ils disparu de nos us et sont repartis en Italie ?
Karakouz était joué à Halfaouine et Bab Souika, entre autres. Il a été lié à des atmosphères particulières. Il visait une catégorie masculine parce qu'il traitait de sujets érotiques et souvent tabous. Je rappelle que Karakouz était une figurine plate qui se manipulait latéralement derrière un écran blanc avec une bougie au fond (à l'époque où l'électricité n'existait pas). Ce genre de spectacle avait lieu dans les «makhzens» des charretiers et chez les tisserands de soie parce qu'on utilisait leurs métiers en tant que support pour l'écran. Ça n'a jamais été présenté dans des théâtres. Ça se passait de façon marginale et c'était l'une des causes de sa disparition. Et d'ailleurs on ne trouve aucune trace de Karakouz aujourd'hui. Quant aux marionnettes siciliennes, elles ont traversé la Méditerranée vers la Tunisie. Elles sont venues avec la grande masse des Siciliens qui ont suivi Garibaldi. Il y avait à l'époque sept théâtres de marionnettes siciliennes entre le port de Tunis, la petite Sicile et Bab Bhar… On a trouvé par contre les traces de ces marionnettes qui malheureusement sont parties avec les italiens rejoindre leur pays d'origine. C'est pour cela qu'on ne trouve pas de «puppa» chez nous (marionnette sicilienne). La dernière collection était au musée Dar Bach Hamba et elle est repartie en Sicile avec la famille italienne qui détenait ce musée.
Quelle est la marionnette typiquement tunisienne ?
C'est Ommek Tango, une marionnette confectionnée par les mères et leurs filles. C'est un rituel lié à la sécheresse. Les mamans sortaient cette poupée et l'accompagnaient de chansons dans la rue. C'est la plus tunisienne des marionnettes et la plus ancienne également.
Peut-on parler de thérapie par la marionnette ?
Oui, bien entendu. Il y a une vingtaine d'années on a commencé à réfléchir à ce genre de thérapie en France. Mais les scientifiques préfèrent appeler cela «La médiation par la marionnette» et je suis tout à fait d'accord parce qu'on ne peut pas guérir un enfant avec les marionnettes mais par contre on peut communiquer avec lui et ouvrir les horizons de la discussion. J'ai eu cette expérience où j'ai même enseigné à l'IPH la marionnette et la médiation.


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