Par M'hamed JAIBI Dans son apparition télévisée d'avant-hier soir, le président de la République a considéré que c'est bien lui qui avait choisi Youssef Chahed, et que ce choix était bon, car le chef du gouvernement lui a donné satisfaction, et qu'il souhaite même qu'il réussisse. Mais il a estimé que plusieurs forces, dont l'Ugtt et Nida Tounès, tiennent à son départ. Et le chef de l'Etat de conseiller à Chahed, maintenant qu'il semble majoritaire à l'Assemblée, de faire procéder à un vote de confiance en sa faveur. « Afin que l'on tourne la page ! » Au sujet de la gouvernance de Hafedh Caïd Essebsi à la tête de Nida, le Président a estimé qu'en fait tous les partis vivent une situation de crise tout à fait similaire. Et, face à l'insistance de la journaliste Mariem Belcadhi quant à l'écroulement total que connaît Nida Tounès, et au conflit opposant Hafedh Caïd Essebsi et Youssef Chahed, BCE a lancé : « Qu'ils partent tous les deux ! ». Et BCE d'affirmer qu'en fait, si c'est bien lui qui a été le mentor de Youssef Chahed, il n'a aucune responsabilité quant à l'ascension de son propre fils qui aurait gravi les échelons par ses propres moyens au sein du parti. Rupture avec Ennahdha Le président a, à un autre niveau, indiqué que le parti Ennahdha a décidé de rompre avec lui au profit d'un appui ferme à Youssef Chahed en tant que chef du gouvernement. Mais le chef de l'Etat a exprimé son attachement à l'expérience consensuelle et à l'amitié qui le lie à Rached Ghannouchi. Et de souhaiter, en direct, à Ennahdha tous le succès pour la gestion à venir du pays, si elle veut faire cavalier seul. « Ennahdha a choisi une voie différente, a-t-il estimé, souhaitons que cela profite à la Tunisie. Mais je ne pense pas ». Réagissant à cette annonce, les dirigeants d'Ennahdha ont « envahi » les médias pour affirmer haut et fort mais en toute courtoisie qu'ils n'ont jamais rompu et qu'ils ne rompront jamais avec BCE, envers qui ils sont reconnaissants pour « ce consensus qui a prévalu tout au long des cinq dernières années ». Tout au plus, selon eux, tiennent-ils à préserver la stabilité du gouvernement afin que le pays se focalise sur la relance économique, la lutte contre la corruption et la préparation des élections. Quoi qu'il en soit, BCE ne compte pas recourir à l'article 99 de la Constitution, estimant qu'il revient à Youssef Chahed de prendre sa décision et de sauver la mise en obtenant l'appui de la majorité des députés. S'agissant de l'élection présidentielle, il a tenu, malgré l'insistance de la journaliste d'Al Hiwar Ettounsi, à garder le secret quant à son éventuelle candidature, affirmant, cependant, qu'une telle éventualité est tout à fait dans ses droits. Sachant qu'il a tenu a affirmer que les élections auront lieu à la date constitutionnelle prévue. Epilogue : Nous retenons une prestation truffée d'hésitations, face à une journaliste, certes peu rompue aux arcanes de la politique et qui le reconnaît, mais qui s'est accrochée, cherchant à conduire le Président à reconnaître un parti pris en faveur de son fils. Quant aux perspectives de désamorçage de la crise, il semble bien que l'apparition télévisuelle du chef de l'Etat n'ait que renforcé le désaccord en semant le doute sur les perspectives de pérennité du consensus. A ce stade, en tout cas, BCE ne compte pas appeler lui-même à un vote de confirmation de la confiance du Parlement à Youssef Chahed, ni utiliser son autorité pour destituer HCE, ce qui serait « anticonstitutionnel ». Si les nidaïstes le veulent, ils n'ont qu'à le faire. Leur congrès, qu'ils comptent réunir début janvier, pourrait y procéder. Le Président a été clair sur ces points.