Les élèves qui subissent les incohérences de leur emploi du temps et l'absentéisme des enseignants se retrouvent dans la rue, exposés à tous les dangers. La rentrée scolaire à peine entamée, que les maux endémiques ressurgissent de nouveau. Outre la violence et l'abandon scolaire, un autre phénomène affecte le secteur de l'éducation en Tunisie : celui de l'absentéisme. Qu'il soit celui de l'enseignant réfractaire ou malade, ou de l'élève par effet domino, il devient menaçant pour le bien-fondé du système scolaire tunisien qui vit des années sombres. L'emploi du temps du cours primaire, collège et lycée est souvent planifié et organisé selon les desiderata des instituteurs et professeurs, ce qui condamne les élèves à subir le contrecoup des heures creuses durant lesquelles ils se retrouvent à l'extérieur de leur établissement et livrés à eux-mêmes. Selon des sources proches du ministère de l'Education, le logiciel informatique utilisé pour élaborer les emplois du temps des élèves n'est pas sans reproche. Les élèves se retrouvent avec des heures creuses, ce qui les oblige à poireauter devant leur collège ou leur lycée. Il ne se passe pas une seule matinée sans apercevoir des élèves qui flânent en pleine matinée dans les ruelles du centre-ville. Ces derniers se plaignent notamment de l'absence de salles de permanence dans leur établissement. Si la plupart reste dans la rue en attendant le prochain cours, d'autres se dispersent et vont dans les publinets et les salons de thé environnants au lieu d'occuper leur temps libre de façon plus intelligente et utile. Le système public tunisien est majoritairement concerné par ce fléau. Dans le système privé, les enfants restent dans l'école sans quitter l'établissement sous aucun prétexte. En général, des activités sportives et ludiques sont prévues pour les élèves du cycle primaire afin d'éviter qu'ils ne vagabondent pendant les heures creuses. Une femme, témoin de scènes cocasses, raconte le malaise qui frappe le milieu scolaire : « J'ai carrément vu des gosses dans un salon de thé de la rue de Marseille attablés à 10h00 du matin en train de siroter des jus et boissons chaudes au lieu d'étudier ! » La menace de la rue Le ciel était dégagé en cette matinée du mardi 25 septembre. De jeunes élèves du collège rue de Lénine sortis de l'établissement sont assis sur le trottoir d'en face. Par groupe de quatre ou cinq, ils tuent le temps en palabrant de tout et de rien ; leurs parents ne pouvant pas venir les récupérer. La mère de deux collégiens raconte son désarroi : « Ce matin, à cause de l'absence inopinée du professeur d'arabe de huit à dix heures, j'ai dû rebrousser chemin pour les ramener à la maison. Il est hors de question qu'ils restent en dehors de l'école». L'absentéisme des enseignants est un phénomène qui met en péril la bonne marche du système d'éducation public et une bonne partie de son avenir. On compte 17.000 absences par jour sur tout le territoire, soit 10% du corps enseignant. Un chiffre qui suffit à décrire l'ampleur du mal qui menace la survie de l'enseignement. On n'est pas sorti de l'auberge.