La répartition des horaires soulève la colère de parents d'élèves, obligés de quitter leur poste en milieu de journée pour aller chercher leurs enfants Cette année, le rythme s'annonce difficile pour le primaire et le collège. Malgré les recommandations du ministère de l'Education, les journées denses et longues commencent à huit heures et s'achèvent à dix-sept heures, parfois à dix-huit. Hormis une ou deux après-midi de libres, les emplois du temps affichent une très mauvaise répartition horaire, alternant heures de cours et heures creuses. C'est le ras-le-bol dans un des établissements secondaires de la ville de l'Ariana. Rejetant en bloc l'emploi du temps qui leur a été remis, des élèves inscrits en deuxième année secondaire ont décidé de faire grève dans un lycée de la zone. «Les élèves de la deuxième année secondaire ont un très mauvais emploi du temps. Il y a beaucoup de creux entre les heures de cours, ce qui a pour effet de rallonger des journées qui commencent à 8h00 pour se terminer à 18h00. Les élèves restent à l'extérieur entre deux cours et c'est éreintant. Comme cette journée du lundi où il y a deux heures creuses pendant l'après-midi. Les élèves commencent à 14h00 puis reprennent les cours de 17h00 à 18h00. Il n'y a pas de salle de permanence où ils peuvent réviser leurs cours et ils sont obligés de poireauter à l'extérieur», raconte cette mère en colère. Idem dans certaines écoles primaires. La répartition des horaires a soulevé la colère de parents d'élèves, obligés de quitter leur poste en milieu de journée pour aller chercher leurs enfants. Dans l'école primaire d'El Ouardia, l'emploi du temps des élèves de cinquième année primaire est grignoté par de nombreuses heures creuses. Supposés suivre les recommandations du ministère, des établissements primaires ont aménagé des emplois du temps comportant des journées qui commencent à 8h00 et qui s'achèvent en fin d'après-midi, en raison de l'indisponibilité des salles. Cela donne des horaires de cours charcutés par des coupures au milieu. Dans une école primaire d'El Ouardia, l'emploi du temps d'une classe de cinquième année primaire compte jusqu'à six heures creuses en milieu de journée, obligeant les écoliers à faire la navette entre la garderie et l'établissement. «C'est surtout la journée du vendredi qui pose problème, note la mère d'une écolière inscrite en cinquième année primaire. Les cours commencent à 8h00 et se terminent à 10h00. S'ensuivent, ensuite, quatre heures creuses pendant lesquelles les écoliers, qui ne sont pas inscrits dans une garderie, restent à l'extérieur ou rentrent chez eux. Les cours reprennent ensuite en début d'après-midi». Naziha, une autre mère dont le petit garçon est inscrit dans la même école, refait plusieurs fois le trajet séparant la maison de l'établissement pour chercher son fils en milieu de journée et le ramener, ensuite, à son école. «J'ai trois enfants et je n'ai pas les moyens pour les inscrire à la garderie, raconte cette mère de famille au foyer. Je vais les chercher afin qu'ils ne restent pas devant l'établissement pendant les heures creuses. Ensuite, je les ramène. Il m'arrive de me rendre deux à trois fois à l'école. Je trouve que les journées sont trop denses et trop longues pour les écoliers. Mon fils, inscrit en cinquième année, rentre très fatigué de l'école après une longue journée de cours entrecoupée d'heures creuses. Il a du mal à se concentrer et a, à peine, la force de faire ses devoirs pour le lendemain». Dans les collèges et les établissements secondaires où le volume horaire est de six heures par jour en moyenne, les emplois du temps distribués en début d'année et qui affichent une mauvaise répartition horaire causent, chaque année, un tollé chez les collégiens et les lycéens. Au lycée Sadiki, les emplois du temps ne sont jamais définitifs. L'année dernière, l'emploi du temps d'une classe d'élèves inscrits en 3e année secondaire a été changé plusieurs fois, avant d'être définitivement adopté par les élèves et les professeurs. Il reste que la colère gronde chez une grande majorité, mécontents de la mauvaise répartition horaire, privilégiant l'éparpillement des heures de cours, entrecoupés d'heures creuses, ce qui les oblige à rester à l'extérieur du lycée. «Les élèves ne font rien au cours de ces heures creuses. Cela représente une perte d'énergie et de temps pour eux, observe un professeur de français de l'établissement. D'ailleurs, certains élèves finissent par s'absenter ou se faire exclure pour ne pas rester toute la journée au lycée». Depuis 2011, un débat a été engagé sur la question du rythme scolaire au ministère de l'Education. Une commission a été constituée pour réfléchir sur les rythmes scolaires les mieux adaptés aux élèves du primaire et du collège. «Plusieurs recommandations ont été émises sur la question du rythme scolaire, note M. Hechmi El Ardhaoui, directeur des programmes scolaires. Les emplois du temps doivent comporter au moins deux après-midi de libres, selon un des textes réglementaires du ministère. Mais nous savons parfaitement que cette disposition n'est pas respectée dans certains établissements. Il est prévu que des inspecteurs fassent le tour des collèges et des établissements secondaires à la fin du mois de septembre pour contrôler les emplois du temps». L'objectif final serait d'instaurer progressivement la séance unique dans les écoles et les collèges avec des matinées consacrées aux apprentissages théoriques et des après-midi aux activités manuelles. En France, le projet d'aménagement de demi-journées de cours a suscité une levée de boucliers dans les communes, en raison du budget élevé que nécessite l'aménagement d'activités de loisirs, en termes de ressources humaines et logistiques. En Tunisie, l'aménagement de demi-journées ne se fera pas du jour au lendemain et reste tributaire de la disponibilité des salles et de l'aménagement d'un espace consacré aux activités ludiques dans les établissements.