Dirigeants, entraîneur, joueurs, le casting et l'affectation ont été ratés. Cette fureur du public clubiste se comprend facilement. Ce n'est pas seulement la défaite face au Stade Tunisien 1-4 qui dérange, mais c'est aussi la succession des contre-performances et des déceptions. A peine remis d'un catastrophique début, la saison dernière, sous la conduite de Simone et de Slim Riahi comme président, et après l'exploit sportif de Kolsi et de Marchand, voilà qu'on retrouve la case départ. L'ambiance tendue, la médiocrité de la première équipe, les difficultés de Riga qui aura tout raté, la colère du public, tout ça rappelle les mauvais souvenirs de Riahi et de Simone. Ça se répète encore une fois avec pratiquement le même décor. Un comité formé de la plupart des dirigeants loyaux à Slim Riahi, un directeur sportif, Sofiene Hidoussi, qui cumule les ratages et qui n'a rien fait pour préserver la qualité à laquelle le CA est arrivé à la fin de la saison dernière, des joueurs qui jouent, pied levé, et qui retrouvent les maladresses de débutants et un José Riga complètement hors du coup et qui n'a rien compris aux rouages du CA. Pourquoi les choses en sont arrivées là? Il y a, à notre avis, trois raisons majeures. L'ombre de Riahi et de Simone Les élections qui ont aidé Abdessalem Younsi à battre Marouène Hammoudia ont-ils aidé à surmonter les problèmes récurrents et compliqués du CA? Nous ne pensons pas. C'était un bras de fer par personnes interposées entre Hamadi Bousbii, qui a soutenu Younsi (et en pleine entente avec Slim Riahi), et Ferid Abbès qui a soutenu Hammoudia. Younsi monte sur un score étriqué. Disponible et présent des temps de Riahi pour apporter de l'argent frais, il n'a pas franchement maîtrisé la situation compliquée du CA. L'héritage sportif excellent a été gaspillé tellement vite. L'équipe compte 4 points en 4 matches, les joueurs recrutés n'ont rien apporté, et beaucoup de hauts et de bas avec des erreurs fatales lors du match face au Stade Tunisien. Younsi ne va pas choisir les joueurs, faire les changements ou marquer, mais c'est lui le premier «responsable» au CA. Pour un poste pareil, il devait être plus disponible, communiquer plus et mieux et affecter les bonnes personnes pour rester aussi compétitif que la fin de la saison passée. Le choix de Hidoussi, qui a planifié les recrutements et qui a ramené Riga, s'avère très discutable après ce début raté. Cela rappelle fortement ce qui s'est passé l'année dernière sous la conduite de Riahi et de Simone. L'ombre du premier est toujours là avec ses adjoints qui ont été «investis» par les urnes. Cela ne veut pas dire, pour autant, que si Hamoudia avait été élu, les choses auraient été meilleures. Mais il y a des faits et des choix, mauvais et déplacés, qui doivent être assumés. Deuxième raison, liée à ce qu'on a dit, le choix de José Riga. Le Belge a eu plus de trois mois maintenant pour préparer son équipe, mais il ne l'a pas fait. Pis, l'équipe régresse au niveau du jeu, perd en ratant ses moments forts. Pourtant, c'est l'ossature qui a gagné la Coupe et qui a battu les grands du championnat, à part bien sûr Khelifa, Tka et Belaïd. L'entraîneur belge n'a pas montré que c'est quelqu'un qui sait lire les matches. Son équipe joue bien pendant 30' ou 40', se crée des occasions et les rate (les matches du SG et du ST), et chute en seconde période. Et à chaque fois, Riga fait de très mauvais changements qui compliquent la situation. Contre le ST par exemple, il sort Dhaouadi, Ben Yahia et Compaoré, et laisse Darragi (qui n'a pas encore les jambes pour tenir 90') et surtout Sasraku, un joueur faible et qui n'a rien apporté. Le résultat suit lourdement! Les mauvais choix et la manière de gérer les matches et l'effectif (qui n'est pas aussi moyen que l'on pense) expliquent beaucoup ce ratage. Troisième raison, les recrutements pas très réussis de la part des dirigeants clubistes. Quand vous perdez un attaquant de la valeur de Khelifa (cédé par le comité de Hammoudia), il faut savoir le remplacer. Ce n'est pas Sasraku qui peut le faire. Au fait, qui a ramené un joueur aussi imprécis et farfelu? Le dossier Balbouli est lui aussi quelque chose de difficile à comprendre. Un gardien expérimenté qui débarque et joue le premier match puis qui veut partir! Ça vous donne une idée sur la qualité de l'encadrement et la crédibilité des dirigeants. Un gardien aussi professionnel ne peut pas faire autant dans un autre club. Quant aux recrutements de jeunes joueurs, tels que Mouchili, M'Charek, Laâbidi ou de joueurs expatriés d'expérience comme Ben Othmane, ils n'ont pas prouvé, jusque-là, des qualités «extraordinaires». Riga a raté ses copies, tout comme les joueurs cadres comme Ifa, Abdi, Belkhither (a priori, il a un contrat à vie avec le CA), Darragi, Ben Yahia, Ayadi (quelle régression sous la conduite de Riga), Khefifi ou Charfi. Les portes s'ouvrent de nouveau devant Marchand, qui a le plus de chances pour revenir. Mais le miracle sportif peut-il se reproduire une deuxième fois dans un club qui ne peut plus vivre sans polémiques et sans conflits ? Le vrai mal au CA vient de l'intérieur. C'est une mauvaise gestion que traîne depuis des années. Chaque succès réalisé n'a jamais servi à bâtir un projet sportif de longue durée. Riga, Hidoussi ou Younsi, à chacun ses responsabilités, mais des changements s'imposent. Pour, au moins, sauver la face et arrêter l'hémorragie des points perdus. Le mal, lui, est beaucoup plus profond.