Il a été l'un des plus grands gardiens de but du CAB et a largement contribué à l'épopée cabiste des années 80. Parti pour être un joueur de champ (attaquant) dans les catégories écoles et minimes en 1974, il est vite repéré par Youssef Zouaoui et feu Abderrahmane Ben Hassine qui l'ont converti en gardien de but. Généreux dans l'effort, Mondher Almia possédait les qualités physiques et morales d'un grand gardien. Il était agile, prévoyant, discipliné et travailleur à souhait. Il avait déjà, très jeune, la mentalité d'un vrai professionnel. Il est passé rapidement par les cadets puis les juniors avec lesquels il disputa, en 1980-81, la finale de la Coupe de Tunisie contre l'EST, perdue aux tirs au but, le match s'étant soldée sur un nul blanc. Il avait à peine 17 ans. Ce n'est que lors de la saison 1982-83 qu'il accéda en équipe senior et joua sa première rencontre à l'occasion de la 5e journée contre le CA à Tunis. Il était resté titulaire à son poste jusqu'en 1986-87. L'on se rappelle encore l'année 1983-84, celle du sacre (championnat) au cours de laquelle il disputa les 26 matches de l'exercice. Coupe d'Afrique Ce n'est que lors de la saison 1987-88, année au cours de laquelle que Mondher Almia et Ahmed Bourchada ont joué en alternance. C'est cette année-là (décembre 1988) que le CAB avait offert à la Tunisie son premier titre continental. Mais fatigués par les déplacements répétitifs en Afrique et la multiplication des matches retard à disputer en cours de semaine, les Cabistes finiront par être relégués en D2. A cette époque, on avait obligé le CAB à rattraper les matches retard alors qu'il n'avait pas récupéré et était émoussé par les efforts fournis durant la campagne africaine. Les Bizertins qui ne méritaient pas d'être en seconde division ont retrouvé l'élite l'année d'après. En Chine pour représenter la Tunisie Toutefois, dans la carrière de Mondher Almia, les satisfactions sont nombreuses. En 1984, l'EN était «dissoute» sur décision du Président de la République pour très mauvais résultats dans les compétitions officielles. La FTF venait alors de recevoir une invitation de la Chine pour participer à un tournoi international qui réunissait la Pologne, l'Algérie, le Nigeria, la France, l'Allemagne entre équipes nationales et clubs évoluant en championnat. «Feu Bourguiba avait alors décidé que le CAB, champion en titre, représenterait la Tunisie en Chine. Nous avons joué contre l'équipe nationale de Pologne, celle de la Chine et un club du championnat chinois. Les résultats n'étaient pas fameux mais la prestation des Cabistes était honorable», reconnaît Mondher Almia. L'ex-gardien bizertin a été dans tous les bons coups sauf lors de la finale de la Coupe de Tunisie en 1982 où il était convoqué comme 3e gardien. En équipe nationale «B» L'ex-gardien «jaune et noir» ne s'est pas contenté uniquement de porter ces couleurs-là. Il a été également convoqué en équipe nationale «B», le vivier de l'équipe «A» à l'époque. c'était en 1984-1985-1986 sous la direction de Zouheir Karoui et son adjoint Ali Nabli. Il y avait, à l'époque, Samir Khémiri, Houarbi, Adel Latrech, Hichem Ncibi, Tayachi, Sahbi Sebaï... la concurrence était rude! Le championnat tunisien pullulait de talents. Tout au long de sa carrière riche de 14 ans en équipe senior, il a côtoyé toute une pléiade de bons joueurs comme Mahouachi, Ben Doulet, Shaïek, Ben Saïd... (CAB), Tarek Dhiab, Ben Yahia (EST), Bayari, Gommidh, Boushih (CA), les frères Limam, Mohsen Jendoubi (ST), Gomri, Houarbi, Khélil (JSK), Bakaou, Trabelsi, Boukadida, Beya (ESS) ou du CSS, Abdelwahed, Med Soudani, Agrebi à qui tout le monde souhaite un prompt rétablissement. «On a tout fait pour que le CAB ne gagne pas le championnat en 1992» Mondher Almia a la ferme conviction que le CAB méritait largement de remporter le titre de champion à l'issue de la saison 1991-1992. «Nous avions pris le commandement dès le début de la compétition jusqu'à une journée de la fin et ce fameux match contre notre concurrent immédiat, le CA. Un coup franc imaginaire en faveur de notre adversaire a scellé notre sort», remarque-t-il. Et d'ajouter : «Avec du recul et en prenant de la distance, 26 ans après, il était évident qu'on avait tout fait pour que le CAB ne remporte pas le championnat en 1992. J'ai encore le souvenir de cette défaite à Bizerte même face au CSS (2-3), alors classé en bas du tableau au moment-même où nous étions à notre apogée. C'était trop gros! Et ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autres. Je vous fais grâce des nombreux penalties douteux accordés à notre adversaire. Je vous laisse deviner de vous-même l'erreur. Personne n'est dupe! Les arbitres qui faussent le résultat d'un match où des personnes influentes impliquées dans les magouilles sportives étaient là depuis toujours. Tout ce monde est en train de critiquer aujourd'hui le système, sur les plateaux de télévision, à cor et à cri. Mais quel culot! Leurs antécédents se passent de commentaires...». L'ex-gardien nordiste qui ne sait pas mâcher ses mots, a toujours parlé franc. Il a raccroché les crampons au terme de la saison 1994-95 après avoir été pendant 20 ans au service de l'équipe qui l'a vu naître. C'était contre la JSKabylie en Coupe arabe, en Arabie Saoudite. Le CAB avait été repêché, l'EST ayant préféré disputer la Ligue des champions. Une carrière de footballeur bien remplie, longue de 320 matches officiels. «La réussite en sport comme dans d'autres domaines n'est pas le fruit du hasard. En tant que sportif, je préparais sérieusement mes matches. Je suis très discipliné aussi bien aux entraînements, lors des matches ou en privé», conclut Mondher Almia.