Par Anis SOUADI A chaque fois, la question de la qualité revient à la charge pour se placer au cœur même des différents programmes de développement. Il est vrai, en effet, comme l'a déjà signifié autrefois un responsable du programme de modernisation industrielle, financé par l'Union européenne, que la qualité est désormais le visa à l'export. En plus clair, seule la dimension qualitative est en mesure d'assurer à l'offre proposée un meilleur positionnement sur les marchés extérieurs. Le programme présidentiel 2005-2009 a déjà donné toute sa mesure à cette question en se fixant comme objectif la certification de 1.300 entreprises. Un niveau largement dépassé. Le programme présidentiel "Ensemble relevons les défis " est allé encore plus loin en tablant sur l'obtention par 700 entreprises supplémentaires de certificats de conformité aux normes internationales, ainsi que la réalisation de 17.500 normes accréditées en 2014, contre 10.400 actuellement. Il faut rappeler dans ce contexte que pour bien répondre à cette quête de la qualité, de multiples et importantes dispositions ont été entreprises. On a assisté ainsi au lancement, en 2005, du programme national de la qualité. Etalé sur cinq ans, ce programme prioritaire avait pour mission d'apporter une assistance technique à plus de 600 entreprises et à mieux sensibiliser les entreprises à travers des séminaires d'information. Et pour bien conduire sa mission, le programme a tenu à assurer des sessions de formation avec le souci de former des consultants nationaux pour gérer les nouveaux référentiels et éviter ainsi de faire appel à des experts étrangers. Après cinq ans, ce programme a confirmé toute sa fiabilité, puisque les objectifs fixés au départ ont été nettement dépassés, à la faveur surtout d'une politique de sensibilisation, d'encadrement mais aussi et surtout d'accompagnement permanent. Et c'est d'ailleurs dans le cadre de cet esprit de sensibilisation et d'encadrement qu'il a été décidé de tenir, annuellement et tout au long de la dernière semaine du mois de mars, une semaine dédiée exclusivement à la qualité et couronnée par un Prix présidentiel. Cette semaine de la qualité est avant tout un événement de communication, de sensibilisation et de dialogue entre les opérateurs économiques, mettant en valeur l'importance de la culture qualité que ce soit au sein de l'entreprise industrielle ou des organismes de services publics et privés. Il faut reconnaître à ce propos que depuis l'instauration effective de la zone de libre-échange avec l'Union européenne en 2008, cette question de la qualité n'est plus considérée comme un simple choix mais plutôt une obligation de survie. Car, avec cette échéance, la Tunisie n'avait plus à parler en termes de marché local mais plutôt en marché commun totalement ouvert à la concurrence étrangère. Cette échéance aussi importante a placé l'économie tunisienne, son secteur industriel notamment, face à une obligation de performance globale, puisqu'elle était appelée à traiter d'égal à égal avec les industries européennes et pourquoi pas, à faire encore mieux. Toutes ces dispositions ont eu pour mérite d'assurer au processus de la qualité un rythme encourageant. Aujourd'hui, on parle d'environ 1.500 entreprises certifiées. Toutefois, face à un marché économique international toujours exigeant et de plus en plus complexe, le programme national de la qualité doit gagner lui-même en qualité, pour cibler ainsi les secteurs hautement concurrentiels et à forte valeur technologique. Le lancement d'un nouveau programme de la qualité, qui servira de relais, devrait permettre, en plus de la pérennisation des acquis, de repenser toutes les lacunes et d'apporter les solutions appropriées. Mais c'est surtout la nouvelle décision du Chef de l'Etat d'étendre la sphère du Prix présidentiel de la qualité pour englober l'innovation et devenir ainsi le Prix du Président de la République de la qualité et de l'innovation, qui conforte largement cette orientation stratégique. Cette question est d'autant plus salutaire que toute innovation a cet avantage d'assurer, notamment à l'entreprise, un meilleur niveau de connexion, et de lui garantir une meilleure assurance sur les différents marchés de l'export. Car, une entreprise bien connectée est avant tout une entreprise attentive et réactive. Il convient de reconnaître justement, et comme on l'a déjà souligné à plusieurs reprises, qu'une entreprise aurait surtout cette force d'élargir significativement sa capacité de veille, de suivre régulièrement les différents bouleversements qui risquent de surgir sur la scène internationale, d'anticiper les nouvelles tendances — pour réagir en conséquence — des valeurs et des caractéristiques qui garantissent à l'entreprise d'être toujours à jour.