«Pour ce qui est de la capacité à élaborer un projet sur le long terme, tout dépend du statut de l'entraîneur et du projet pour lequel il a été sollicité. Ce faisant, il ne faut pas trop philosopher là-dessus car le projet de jeu d'un timonier national, c'est de gagner les matches ! C'est une ambition certainement partagée par la totalité des entraîneurs du monde, sauf que ça ne révèle rien de leur éventuelle vision d'équipe». «Faut-il maintenir ou congédier le staff technique national en place? Voilà une interrogation sujette à de multiples interprétations et qui pourra encore renforcer l'impression que les tenants de notre sport-roi ne se sont pas encore fixés sur la démarche à suivre. Certes, à défaut d'être radical (à raison d'ailleurs), le président de la Ftf à récemment tranché en affirmant que le bureau fédéral est à la recherche d'un futur sélectionneur. Sauf que la question récurrente concernant l'avenir immédiat du tandem Kanzari-Okbi se pose avec acuité. Vont-il collaborer avec le prochain timonier du Team Tunisie ? Nous avons posé la question à l'ex-gloire et gardien international du CAB, Ghazi Limam, en vue de nous apporter quelques éléments de réponses et éclairer notre lanterne : «Actuellement, la décision prise par la FTF ne relève pas d'une certaine critique du travail du duo Kanzari-Okbi. Non, c'est juste un constat réaliste. Ce tandem expérimenté qui a porté et cumulé différentes casquettes récemment est certes qualifié. Mais au-delà de toute polémique, il s'agit aussi de se projeter et de définir clairement les ambitions prochaines du Team Tunisie avec pour participation à la prochaine CAN comme toile de fond. Le tandem en place actuellement a été au contact du groupe de joueurs au jour le jour. Ils ont dû gérer des états d'âme et mater certains egos en ce sens. Au-delà des derniers résultats enregistrés en amical, leur mérite est de ne pas avoir fait table rase des tauliers qui composent l'équipe, s'inscrivant ainsi dans une logique de continuité par rapport au travail accompli par Faouzi Benzarti. Maintenant, il s'agit aussi pour tout sélectionneur national de s'inscrire dans la construction d'un groupe pour de grandes compétitions telle la CAN, sans négliger la concurrence permanente en vue de former un groupe soudé où l'alchimie, la cohésion et la solidarité sont bien ancrées au sein de l'équipe. Vous savez, l'on ne peut mélanger les genres dans ce cas d'espèce. Il existe des différences fondamentales dans l'exercice des fonctions de sélectionneur, d'une part, et d'entraîneur, d'autre part. Le sélectionneur récupère la travail de l'entraîneur. Il choisit ses joueurs en fonction de l'organisation qu'il veut mettre en place et de leur complémentarité. Il n'a pas le temps de les faire travailler, mais doit être capable de les faire jouer ensemble. Okbi et Kanzari s'y sont attelés mais l'on ne peut juger leur travail sur deux matchs uniquement». Responsable de tout ! «Aujourd'hui, le sélectionneur en chef, ou head-coach comme on dit, est responsable de tout. Du choix des hommes, de la mise en place tactique et de la direction des entraînements d'avant-match (mise au vert et session tactique). Je m'accorde toutefois avec une majorité de puristes sur quelques points essentiels: un sélectionneur doit savoir construire, et choisir. Pour ce qui est de la capacité à élaborer un projet sur le long terme, tout dépend de son statut et du projet pour lequel il a été sollicité. Ce faisant, il ne faut pas trop philosopher là-dessus car le projet de jeu d'un timonier national, c'est de gagner les matches ! C'est une ambition certainement partagée par la totalité des entraîneurs du monde, sauf que ça ne révèle rien de leur éventuelle vision d'équipe. Pour revenir au sujet qui nous concerne, je pense sincèrement qu'il aurait fallu maintenir le duo précité, même si la démarche actuelle de la FTF est logique sachant que les prochaines échéances et les défis du Team Tunisie exigent une optimisation de toutes les ressources, surtout humaines et managériales. Récemment, face à l'Egypte et le Maroc, Kanzari et Okbi avaient décidé de prendre des joueurs motivés et compétitifs. Des éléments capables aussi de bien vivre ensemble sur une période donnée. Il n'a pas été question pour nos entraîneurs nationaux d'intriguer mais d'agir clairement pour renforcer la cohésion de groupe. Le cas Ferjani Sassi est d'ailleurs assez révélateur en ce sens puisqu'il a été recadré par Maher Kanzari d'une main de fer dans un gant de velours suite à certains écarts. Cela dit, on peut tout à fait comprendre, comme un légitime retour de gratitude, que le tandem Maher Kanzari-Mourad Okbi soit maintenu au sein du staff en tant que collaborateurs du prochain messie. Pourquoi ? Parce que le changement dans la continuité a du bon. En clair, la nécessité de ne pas tout chambouler s'impose d'elle-même, au-delà de toute éventuelle politique partisane. Vous savez, il ne faut pas faire la fine bouche. La qualification pour la CAN a été acquise sans sueurs froides et c'est l'essentiel. Bien entendu, il ne faut pas oublier que cette réalisation est aussi celle du duo Okbi-Kanzari».