Dans l'espace public, y compris dans nos enceintes sportives où le fair-play devait être le crédo de tous ceux qui s'y trouvent, on n'est plus à l'abri d'une éventuelle agression verbale ou même physique. C'est que le sentiment d'impunité s'est emparé de la population et les conséquences se font de plus en ressentir, particulièrement dans nos stades de football. Des mesures s'imposent… Le jet de pierres et de projectiles est devenu « un sport national » chez nous. Il y a une semaine, sur la pelouse du Stade Mustapha Ben Jannet, des supporters mal sans doute dans leurs esprits n'ont pas trouvé mieux que de jeter des projectiles sur le deuxième arbitre assistant, Slim Jebeniani. Conséquence de ce geste irresponsable et dangereux : une hospitalisation d'urgence de l'arbitre et l'arrêt du match avant même le coup d'envoi de la deuxième mi-temps qui n'a pas finalement eu lieu. L'auteur de cet acte dangereux, qui aurait pu être fatal pour la victime, a non seulement commis un crime puni par la loi, mais a aussi conduit son équipe à la défaite, sans compter les sanctions qu'encoure le club. Impunité, un sentiment ravageur Mais le plus dangereux dans tout cela, ce n'est pas l'acte d'agression en lui-même, mais le fait qu'il ne soit pas puni par la loi et c'est là la cause majeure de la violence qui sévit dans l'espace public tunisien et pas seulement les enceintes sportives. En effet, le Tunisien est devenu très violent et cela se ressent dès qu'on met la tête dehors. Ce qui nous amène à nous interroger : le Tunisien a-t-il perdu la tête ? A première vue, ça en a tout l'air, mais quand on creuse un petit peu, on se rend compte que tous les dérapages auxquels nous assistons tous les jours dans la rue, aux restaurants, aux centres commerciaux, aux stades de football et presque dans tout l'espace public, sont le résultat du sentiment d'impunité qui s'est emparé du Tunisien. Pourtant, les textes de loi sont explicites et il n'y a aucun vide juridique pour qualifier et punir toute forme d'agression, verbale soit-elle ou physique. Mais quand la loi n'est pas appliquée avec rigueur, le désordre s'installe progressivement. Chose que nous sommes en train de constater ces dernières années dans nos enceintes sportives au point que les autorités ont instauré pendant un certain temps le huis clos. Mais cela n'a pas suffi pour éradiquer le problème de la violence dans nos enceintes sportives. Ce qu'il faut, c'est une application ferme de la loi. Que les fauteurs de troubles soient identifiés, punis pour leurs actes et interdits d'accès aux stades, mais pas seulement : il faut que le sentiment d'impunité disparaisse en appliquant fermement la loi dans l'espace public. Cela fera calmer les esprits et, surtout, fera réfléchir les gens aux conséquences de leurs actes. Pour revenir au phénomène de la violence dans nos stades, il est impératif de revoir les normes d'homologation des stades abritant les matches de Ligue 1 et de Ligue 2, notamment en ce qui concerne la sécurité, particulièrement dans la zone de la main courante. En attendant, le corps arbitral, de l'arbitre central au quatrième arbitre, doit faire preuve de plus de fermeté en ayant le courage d'arrêter les matches avant même qu'une catastrophe ait lieu.