Le football dans le monde et en Tunisie compte des centaines de valeureux joueurs dont la carrière, aussi longue fût-elle, s'est écoulée sans tapage ni forte médiatisation. Presque dans l'anonymat. Hichem Draoui, l'ex-défenseur axial du Stade Tunisien des années 80 et 90, peut être catalogué dans ce type de joueurs, tant il était humble et réservé malgré son apport toujours incontestable dans le rendement général de la «Baklawa». «Souvenirs, Souvenirs» veut braquer la lumière sur ce joueur modèle détenteur de la Coupe arabe des clubs en 1989. Quand on s'imprègne de l'expérience de prédécesseurs de gloire comme Mohieddine Essghir et Ahmed Mghirbi avant de côtoyer un certain Mohsen Jendoubi pendant de longues années, on ne peut que devenir un défenseur axial sur lequel on peut compter sans le moindre risque d'erreur sur la valeur intrinsèque de l'homme. C'est du moins le jugement que portait sur Hichem Draoui l'illustre André Nagy qui a toujours fait de lui l'une des pièces maîtresses immuables de son dispositif défensif. L'avis du grandissime Nagy suffit à lui seul pour rendre un éloquent hommage à Hichem Draoui. Qu'en pense Hichem? «Eh bien j'en suis fier bien évidemment car, pour moi, André Nagy est le meilleur entraîneur ayant exercé en Tunisie, toutes époques confondues. Quand on voit les grands clubs comme Barcelone et avant lui Ajax pratiquer leur football total, en mouvement constant, il revient à l'esprit les préceptes précurseurs de cet entraîneur phénoménal dont le football tunisien n'a pas su profiter comme il se doit. Dommage!», souligne Hichem Draoui. «Vingt ans sous les couleurs stadistes» Dans un mois exactement (le 16 janvier), Hichem Draoui fêtera son cinquante-septième anniversaire, dont une bonne vingtaine d'années passées au Stade Tunisien comme joueur répondant toujours présent de la catégorie «écoles» débutée en 1974 jusqu'au jour où il a raccroché les crampons en 1994. «J'ai vu passer plusieurs générations. D'abord, comme ramasseur de balles au début des années 70 jusqu'à l'âge de 32 ans sans interruption. Toujours avec la même régularité et la même assiduité. Et même si j'étais toujours titulaire avec les seniors, je n'ai pas réussi à arracher ma place comme joueur international. La concurrence était rude. Et les entraîneurs nationaux favorisaient les tandems appartenant aux grands clubs, comme Khaled Ben Yahia et Taoufik Hichri dans ma génération. Mais je ne regrette rien, l'essentiel pour moi c'était d'honorer mon contrat avec mon club. C'était cela l'esprit qui prévalait, étant donné que le professionnalisme a commencé quand ma carrière touchait déjà à sa fin au début des années 90». En effet, pour les anciennes générations, celles de l'amateurisme, on jouait plutôt pour le plaisir de jouer et pour l'amour du club. Rien de plus. Et c'est ce qui faisait le charme de notre football qui égayait jusqu'à l'extase nos dimanches avant l'avènement du faux professionnalisme qui a tué l'engouement et l'enthousiasme pour le sport-roi. «Notre plaisir était de défier les grands clubs et d'aller chercher les victoires difficiles en déplacement, en faisant fi de la valeur de nos interlocuteurs et du soutien martelant de leurs supporters. Il faut dire aussi que malgré notre longue disette connue après la gloire des années 60, le ST a toujours enfanté de grands joueurs. D'ailleurs, notre club continuera toujours d'être un vivier produisant des talents de haut niveau. Les Hergal, Kerrit, Belhoula, Néjib Limam, Jamel Limam, Rakbaoui et tant d'autres, sans oublier Youssef Msakni en sont des preuves de ce que je dis». «La coupe arabe, une grande consolation» Le Stade Tunisien peut se vanter de figurer dans la liste des grands clubs qui, faute de réussir à redorer son blason en renouant avec les titres, constitue toujours un outsider ou un trouble-fête capable de rendre la vie difficile à tous ses adversaires. A ce propos, Hichem Draoui s'enorgueillit d'appartenir à un club très respecté par ses adversaires partout où il passe non pas en raison de son passé radieux, mais par la qualité de son jeu direct et culotté. «Je me rappelle une fois contre l'Espérance, Nabil Maâloul a tenu à nous compter au cours d'un match livré à l'Espérance. Tellement nous étions nettement supérieurs dans le jeu qu'il pensait que nous l'étions numériquement aussi. C'était une anecdote qui en dit long sur le niveau toujours respectable du Stade Tunisien. Les consécrations ne suivaient pas certes, mais notre grande consolation reste la Coupe arabe remportée pour la première fois par un club tunisien en 1989 en Arabie saoudite. J'étais capitaine d'équipe à l'époque, ce qui constitue une autre fierté pour moi. Et cela me satisfait énormément!», précise Hichem Draoui qui, rappelons-le, était de la trempe de ces défenseurs-buteurs qui apportent très souvent un soutien décisif à l'attaque. Et Draoui de conclure : «A ce propos, j'ai eu le mérite d'avoir marqué une bonne quinzaine de buts durant ma carrière avec les seniors : 13 buts de la tête grâce à ma taille et à ma détente et deux autres du pied».