Hier matin, toutes les administrations étaient bloquées, alors que l'activité économique au marché hebdomadaire n'était pas affectée par ce débrayage La grève générale décrétée par l'Union générale des travailleurs tunisiens dans son bras de fer avec le gouvernement au sujet des augmentations des salaires dans la fonction publique a été largement suivie dans la région du Kef et même dans tout le Nord-Ouest où les syndicalistes se sont déclarés déterminés à défendre leur droit à la majoration de leurs salaires. La grève a été observée partout dans le secteur de la fonction publique et dans les entreprises publiques, paralysant ainsi l'activité socioéconomique et administrative dans la région et aggravant aussi la sensation de frustration chez la population, acculée à accepter le fait accompli de ce que personne n'aurait en fait souhaité ni pour les salariés de la fonction publique ni pour le pays et son image de marque, nonobstant les répercussions de cette grève sur l'économie nationale et surtout sur sa notation par les institutions financières internationales. Hier matin, toutes les administrations ont été, en effet, paralysées suite à cette grève qui a été différemment vue par la population, alors que l'activité économique au marché hebdomadaire n'a pas été affectée par ce débrayage des fonctionnaires, tant le marché a été envahi par la population, habituée à faire ses emplettes de la semaine pendant ce jour. Dans ce contexte de tension sociale entre l'exécutif et la centrale syndicale, mais aussi la rue en raison de la baisse conséquente du pouvoir d'achat, les fonctionnaires se sont montrés nombreux à exprimer leur mécontentement face à la dégradation de leurs conditions de vie et semblaient dubitatifs quant à la capacité du gouvernement à répondre à leurs doléances. Les fonctionnaires ont d'ailleurs été nombreux à rejoindre le siège de l'Union régionale des travailleurs tunisiens conformément au mot d'ordre lancé par la centrale syndicale au sujet du déroulement de la grève générale, même si encore cela ne requiert pas la faveur et l'unanimité des travailleurs du secteur public et des fonctionnaires, comme à la poste où un service minimum a pu fonctionner hier à la surprise générale des travailleurs de ce secteur généralement acquis à la cause syndicale. Aussi le transport a-t-il été paralysé et aucun bus n'a circulé dans la ville qui semblait quelque peu déserte la matinée et même pendant toute la journée où la circulation automobile paraissait fluide, avec toutefois une présence assez remarquée des taxis sur les différentes artères de la ville. Banques, Steg, Sonede, Onas et municipalité : tous les services publics ont été interrompus pendant cette grève générale qui, selon certains syndicalistes, rend compte du désaccord entre le gouvernement et ses partenaires sociaux sur la gestion de l'Etat, sur fond de clivages politiques et de conflits d'intérêts alimentés par les perspectives pessimistes des éventuelles élections législatives et présidentielles de cette année. Celles-ci semblent incertaines au regard des dissensions sur certaines questions qui n'ont pas été réglées dont surtout l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et la mystérieuse «chambre noire» du ministère de l'Intérieur que l'opposition cherche à démystifier pour, nous dit-on, connaître tous les faits et autres dessous qui ont émaillé ces deux assassinats en accusant le parti islamiste d'en être l'instigateur. Les déclarations fournies par plusieurs syndicalistes de la région du Nord-Ouest laissent présager un durcissement de ton et une escalade.