Une refonte totale du handball tunisien est désormais inévitable et urgente. En a-t-on réellement conscience ? Seuls les lâches n'oublient pas, dit-on. Et ce Mondial, cuvée 2019, est justement à oublier pour tous les Tunisiens, l'amertume et le chagrin qu'il nous a causés étant énormes, incommensurables, multidimensionnels. Les chiffres, pour en avoir le cœur net, sont là, absolument ahurissants : 5 défaites, 3 victoires, 236 buts encaissés (environ… 30 buts par match !) et la dernière place (avec zéro point) au classement final du 2e tour. Du jamais vu, ou presque, dans le palmarès de nos participations aux championnats du monde depuis la parenthèse 1967 en Suède qu'il ne faut pas inclure dans les calculs, s'agissant d'un baptême du feu à l'époque où le handball était à ses premiers balbutiements en Tunisie. Que s'est-il donc passé au Danemark? Pourquoi cette fulgurante série de défaites ? Qui en assume la responsabilité? Etions-nous capables de mieux faire ? Autant d'interrogations les unes aussi mystérieuses et embarrassantes que les autres, et auxquelles joueurs, staff technique et fédération devront répondre avec autant de courage et de sagesse que de sens de la responsabilité, avec ceci de souhaitable : oser dire les quatre vérités, sans recourir aux échappatoires, sans se cacher derrière des prétextes qui ne tiennent pas debout. En un mot, vider son sac humblement, consciencieusement, voire patriotiquement. En attendant que ces différentes parties sortent de cet étrange mutisme dans lequel elles s'étaient engouffrées durant le Mondial, il y a quand même une consolation à exprimer, à savoir l'obtention de la 12e place. Consolation, dans la mesure où, depuis la dernière édition (France 2017), on a gagné quelque sept loges (excusez du peu), ce qui n'est pas peu. On oserait même parler d'exploit, quand on sait que, outre le fait que le sept national a évolué au Danemark sans deux de ses principaux titulaires (Toumi et Bennour, blessés), ce serait trahir la vérité que d'oublier que la préparation mondialiste était maigrichonne, voire insignifiante, en raison d'une crise financière chronique engendrée par la réduction jusqu'à 30% de la subvention annuelle allouée par le ministère de la Jeunesse et des Sports à la fédération. Celle-ci, face à une telle «misère», s'est retrouvée complètement paralysée, incapable de financer convenablement la campagne du Mondial, allant jusqu'à être dans l'impossibilité d'honorer ses engagements avec les fournisseurs, les arbitres, les entraîneurs, voire avec... son personnel administratif ! Gerona est passé par là Si, à ce niveau, la FTHB peut bénéficier de circonstances atténuantes et se targuer même d'avoir obtenu cette 12e place inespérée, il est non moins vrai qu'elle doit reconnaître son échec le plus cuisant, à savoir le recrutement de l'entraîneur Toni Gerona. Voilà un monsieur qu'on n'aurait pas dû engager, étant donné la maigreur de son CV et son manque d'expérience internationale tant avec les clubs qu'avec les sélections. Parachuté en Tunisie dans des conditions mystérieuses et louches (on parle avec persistance d'une… transaction secrète dans le cadre du business sportif qui ravage le pays), M. Gerona a, comme il fallait s'y attendre, tôt fait d'administrer la preuve de ses limites, par des choix bizarres, une absence de stratégie et un manque de collaboration avec les entraîneurs des clubs. Et s'il a été sauvé par le dernier sacre africain au Gabon où ce sont plutôt les joueurs, Oussama Jaziri en tête, qui ont fait la différence à coups d'exploits individuels, nous sommes alors demeurés convaincus qu'il fera chou blanc au Mondial. Là, on l'a vu à chaque sortie «exhiber» ses tactiques improductives et ses choix fantaisistes, poussant ses parades de… cirque au point d'aligner un joueur non guéri qui ne méritait même pas d'être de l'expédition mondialiste, sans parler de son entêtement à opter en cours de jeu pour des changements contradictoires, d'une part, et à priver injustement les jeunes éléments de leur chance de s'imposer, d'autre part. Si l'on concède que ce petit technicien a été trahi par certains de ses poulains qui ont abusé de précipitation et de balles perdues, il faut aussi avouer que les raclées essuyées auraient été encore plus graves et douloureuses n'eussent été la bonne tenue des gardiens Missaoui et Bédoui, les belles prestations des pivots Chouiref et Jaballah, l'efficacité coutumière de Boughanmi et les exploits à répétition de Sanaï. En somme, et sans prétendre chercher à dénicher un bouc émissaire, ou à faire le procès de qui que ce soit, nous considérons qu'après tout ce temps perdu, il est vraiment urgent de voir M. Gerona… avouer son forfait et faire ses valises. Et demain, il fera jour…