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Une jeunesse en péril
Accidents de la route — Afif Frigui, Président de l'Association Tunisienne de la Prévention Routière (ATPR)
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 02 - 2019

Les activités de l'Association tunisienne de la prévention routière se sont multipliées ces derniers jours, la dernière étant la signature d'une convention avec l'Ites afin de mettre en œuvre des stratégies pour trouver de nouvelles législations qui réduisent les accidents de la route et garantissent le droit à la vie. Dans ce cadre, nous avons rencontré Afif Frigui, président de l'association, qui a bien voulu nous éclairer sur ce sujet
Commençons par une question critique. Pourquoi les campagnes de sensibilisation n'ont pas d'effet sur le comportement du Tunisien sur la route ?
En fait, il n'y a pas d'étude scientifique qui a montré que le comportement du conducteur n'a pas changé ou bien que la mortalité a augmenté. Bien au contraire, nos statistiques montrent que le nombre de victimes de la route a baissé. Citons quelques chiffres. En 2016 nous avons enregistré 1.442 cas de mortalité, le nombre a baissé en 2017 à 1.369 pour atteindre 1.205 morts en 2018. Toutefois, ceci ne veut pas dire que nous avons réussi mais prouve que nous fournissons des efforts. Nous ne sous-estimons pas non plus l'effort fourni par d'autres parties prenantes comme la police et la garde nationale mais il faut dire aussi que notre association est présente dans tous les gouvernorats avec un réseau bien étendu composé des milliers de bénévoles.
Nous continuons à travailler au sein de l'association. Citons à titre d'exemple l'organisation du 13e congrès mondial de la prévention routière qui s'est déroulé à Tunis du 3 au 7 mai 2017. Celui-ci a donné un coup de pouce comme le montre la volonté politique qui s'est manifestée avec l'implication du président de la République qui a reçu en personne la délégation, ainsi que du chef du gouvernement qui a promis de prendre les mesures nécessaire afin qu'une stratégie nationale de prévention routière soit mise en place. Est-ce que ces mesures ont été appliquées ou pas, c'est une autre paire de manches.
Ce qui compte pour nous, c'est que nous avons réalisé une feuille de route qui sera un jour appliquée. Donc, nous estimons que nous sommes sur le bon chemin, mais la diminution du nombre de morts reste toujours sous réserve. Il peut augmenter s'il n'y a pas un effort continu par tout le monde.
C'est pour cela que nous appelons à la création d'une instance supérieure pour la prévention routière afin de regrouper les efforts de la société civile et des autorités de tutelle.
A votre avis, faut-il durcir la loi ? Et quelles sont vos attentes quant aux autorités de tutelle ?
En fait, notre association a un rôle complémentaire à celui de l'Etat. Nous effectuons, entre autres, une pression positive afin d'améliorer les législations. Néanmoins, nous ne pouvons en aucun cas nous substituer à l'Etat. Je profite alors de l'occasion pour lancer un appel à la Présidence du gouvernement afin de faire de la prévention routière une priorité dans la stratégie de l'Etat... Je lance également un appel à tous les médias tunisiens pour exercer une pression positive sur les autorités.
Comment peut-on concrètement faire de la sécurité routière une priorité stratégique ?
Il faut tout d'abord former un comité de pilotage qui va s'occuper du sujet et le rendre un point fixe dans l'ordre du jour de chaque réunion ministérielle où sera établi le bilan du nombre de morts, de blessés, de handicapés ainsi que le nombre de jours de travail perdus et le coût des médicaments dépensés.
Citons à titre d'exemple les accidents de trajet (de travail) qui font perdre à la communauté des jours de travail plus que les jours perdus en grève, ce qui impacte négativement l'économie nationale. Chaque vie qu'on sauve représente un exploit pour nous. La révision du code de la route est aussi un autre volet d'une extrême importance qui doit commencer tout d'abord par la limitation de vitesse à 80 Km/h. En France, aujourd'hui, on ne parle plus de 90 km/h, malgré que leurs routes sont meilleures que les nôtres. Il faut donc nous inspirer du bon exemple de nos voisins français qui ont pu sauver 160 vies depuis le mois de juillet dernier suite l'application de cette loi.
Que pensez-vous des campagnes de sensibilisation, sont-elles suffisantes ?
Justement ! Il faut intensifier les campagnes de sensibilisation ! En fait, certaines de ces dernières sont réalisées par l'Atpr qui fournit un énorme effort sans aucune subvention de l'Etat alors qu'il y a un fonds réservé à la prévention des accidents de la route. En fait, sur chaque assurance faite, il y a 500 millimes réservés pour ce fonds. Les compagnies d'assurances consacrent 0.4% du chiffre d'affaires de leurs assurances automobiles pour ce fonds. Tout cet argent qui est estimé à 20 millions de dinars est dédié normalement à la subvention des campagnes de sensibilisation pour améliorer la sécurité routière et notamment le comportement du conducteur, mais malheureusement ce n'est pas le cas.
Les campagnes de sensibilisation doivent suivre un rythme continu tout au long de l'année en abordant à chaque fois un thème bien précis comme la conduite en état d'ivresse, le port de la ceinture de sécurité, la conduite dans le désert…Certes, le rôle de l'association est primordial mais l'Atpr n'est qu'un maillon de la chaîne dont l'Etat doit être la locomotive
Selon nos statistiques, les jeunes représentent 50% des victimes des accidents de la route. Notre jeunesse est en péril ! Il faut le dire !
Or, le potentiel de notre pays réside dans ses jeunes qu'on est en train de perdre à la fleur de l'âge après de longues années d'études et de dépenses!
Donc je reviens sur le point de la révision du code de la route.
Il faut réduire la vitesse à 30km/h en Tunisie devant les jardins d'enfants, les écoles, les lycées, les mosquées et les marchés. C'est pour cela que je demande aux conseils municipaux nouvellement élus de prendre les choses en main et de revoir leurs plans d'aménagement et de discuter de la limitation de vitesse au sein de la commission du transport.
En ce qui concerne les lois, pensez-vous qu'il faut revenir au permis à points qui a tout de même des conséquences négatives en ouvrant la voie à la corruption?
Justement ! On a récemment signé une convention avec le ministère du Transport : parmi les points que nous avons discutés c'est le retour au permis à points. En fait la loi existe mais elle n'est pas opérationnelle, il faut donc l'activer !
Néanmoins, par rapport à votre remarque, il n'y aura pas de risques de corruption si on prend les mesures nécessaires pour contrôler les agents qui doivent être équipés de mini caméras qui enregistrent tout et éliminent ainsi tout risque de fraude.
Il y a toujours des solutions, il suffit d'avoir la volonté !
Par ailleurs, les lois sont là non pas pour punir les gens mais pour les protéger. Donc, il faut mettre toutes les mesures nécessaires pour la mise en œuvre de ces lois.
Comment expliquez-vous le comportement des usagers de la route ? Y a-t-il une analyse sociologique qui a été faite dans ce sens ?
Ce comportement est normal de la part de conducteurs qui n'ont aucune qualification. Je parle ici surtout des chauffeurs de taxi à place qui sont devenus très à la mode ces dernières années. Ce sont des gens qui roulent comme des fous dans la rue et qui sont la principale cause des accidents à Tunis. Ces gens-là, il faut les encadrer et exiger d'eux qu'ils aient un CAP (certificat d'aptitude professionnelle).
Véritablement, la grande défaillance c'est que l'Etat n'a pas instauré une éducation routière à l'école! C'est toute une culture à instaurer !Il y a aussi un manque de programmes de la télévision ou de la radio avec des concours pour encourager les gens à respecter la loi et à apprendre les bases de la culture routière.
En fait, la sensibilisation passe par toutes les institutions et les organismes. Même les imams dans les mosquées doivent sensibiliser les gens qui viennent faire la prière et qui stationnent n'importe comment. Il faut leur dire que la prière est aussi synonyme de droiture et de respect de l'autre…
Cette culture doit être diffusée également dans les sociétés, les administrations, les usines…. Il faut être plus sévère avec ceux qui utilisent les voitures de service.
Je ne défends pas le citoyen, mais comment peut-on demander à un citoyen de respecter le code de la route alors qu'il ignore les bases de la culture routière !
On s'estime heureux que quelques-uns respectent encore le code de la route.
Pour résumer, la coercition ou même la punition et la sensibilisation vont de pair et doivent coexister pour instaurer la prudence sur la route. En outre, le permis ne doit être jamais un acquis, il doit être retiré à tout moment en cas de dépassement et le concerné doit le repasser, tout en étant blacklisté.
Il y a aussi le rôle des municipalités qui est d'une extrême importance.
Savez-vous que les piétons représentent 17% des cas de mortalité et 27% des cas sont des motocyclistes car nous n'avons pas des passages réservés cette catégorie d'usagers de la route.
Je rebondis sur ce que vous venez de dire avec une question qui m'est venue à l'esprit à l'instant. Pourquoi le Tunisien à l'étranger se montre respectueux du code de la route alors qu'ici il en oublie les bases élémentaires ?
On revient à la question de sensibilisation et de culture routière. Toute personne est influencée par le milieu dans lequel elle vit, donc si l'environnement change, le comportement change.
Cette culture doit être propagée partout comme je vous ai dit auparavant, à l'école, dans les entreprises, dans les mosquées… afin d'avoir des conducteurs prudents sur la route.
Il y a eu un congrès qui s'est déroulé récemment, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Effectivement, nous avons organisé un congrès qui s'est déroulé à Sousse les 14, 15 et 16 décembre dernier. Ce congrès se tient tous les quatre ans pour élire un nouveau bureau.
Nous avons un programme riche qui comprend les collaborations avec les municipalités, l'instauration d'un programme national des jeunes ambassadeurs de la sécurité routière, des projets avec les professionnel des métiers de la route. Beaucoup de choses sont à revoir :les croisements des chemins de fer, la synchronisation des trains, les alarmes, les barrières pour limitation de vitesse, on peut même repeindre le train en couleur fluorescente pour avertir les conducteurs quand il fait nuit.
Beaucoup de travail reste à faire mais il faut avouer que la tâche est énorme.
J'insiste à la fin sur l'importance d'introduire l'éducation routière dans les programmes scolaires officiels.
On doit apprendre le civisme à nos enfants dès le plus jeune âge pour former un adulte averti.
On garantit ainsi le droit à la vie !


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