Les enfants présentant des troubles de l'apprentissage en milieu scolaire souffrent très souvent d'incompréhension. Dr Noureddine Elhadawi, professeur à la faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, n'y va pas par quatre chemins. Il exige une prise de conscience des besoins spécifiques des élèves en difficulté de la part des éducateurs et instituteurs. Il déplore l'existence en Tunisie d'une culture de rejet des élèves qui présentent des troubles de l'apprentissage. Le professeur s'est d'ailleurs exprimé sur ce sujet en présentant une communication sur le thème « les modalités de prise en charge psychopédagogique des élèves en difficulté scolaire : les classes orthopédagogiques», lors du forum qui s'est tenu la semaine dernière à la Cité des sciences sur le thème des maladies rares. L'orthopédagogie, une méthode révolutionnaire ? La classe orthopédagogique est un nouveau défi pour l'école publique et privée tunisienne selon M Elhadawi, psychopédagogue. C'est une discipline qui tend à corriger les sciences de l'éducation de l'enfant scolarisé par une nouvelle approche plus humaine. L'évaluation orthopédagogique consiste « à identifier les difficultés que présente l'apprenant sur le plan des connaissances, des stratégies et des processus cognitifs en lecture, écriture et mathématiques». Elle vise à dépister les cas des apprenants parmi les élèves qui rencontrent des difficultés en classe. « L'intervention orthopédagogique a des visées préventives ou rééducatives de nature corrective ou compensatoires afin de permettre au jeune apprenant présentant des troubles de l'apprentissage de progresser de façon optimale». Une prise en charge multidisciplinaire s'avère nécessaire. M. Elhadawi a mis l'accent sur l'aide psychopédagogique qui comprend plusieurs services à rendre pour garantir la réussite de l'élève ayant des difficultés scolaires. Le rôle de l'orthopédagogue est crucial et prépondérant. Au niveau du champ d'action, plusieurs tâches lui incombent : varier les approches pédagogiques ; modeler des stratégies de lecture ; travailler le traitement phonologique ; observer les élèves en difficulté d'apprentissage. Leur porter une attention particulière et leur assurer un suivi personnalisé. Toutefois, l'existence d'obstacles exogènes représente aujourd'hui une entrave à la mise en place d'une telle pédagogie scolaire en Tunisie. Les élèves dyslexiques ou diphasiques ont encore des soucis à se faire à cause du laxisme des pouvoirs publics et du vide juridique. De nombreux obstacles Hormis les contraintes d'ordre idéologique ou psychologique de certaines parties dans le système d'éducation, les principaux obstacles à la mise en œuvre d'un tel projet éducatif ont trait à des problèmes institutionnels et structurels. Il s'agit de créer des espaces inclusifs dans les écoles tunisiennes ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle. Voire des écoles inclusives. Il y a aussi un manque criant de structures ou de cellules psychologiques pour encadrer des élèves doublement pénalisés par leur maladie. A la maison et à l'école. Il y a un problème de formation des éducateurs spécialisés pour ces élèves, comme les auxiliaires de vie scolaire (AVS). Une fonction qui n'est pas réglementée dans le système éducatif tunisien malgré le recours au service d'un AVS par de nombreux parents d'élèves avec leurs propres moyens financiers sans assistance de l'Etat. Au final, l'abandon scolaire qui touche 100.000 élèves chaque année risque de prendre davantage d'ampleur si des mesures de prévention ne sont pas adoptées pour améliorer la prise en charge des catégories vulnérables et notamment des élèves présentant des troubles de l'apprentissage. La nécessité d'adopter des approches individualisées doit, en effet, s'accompagner d'une meilleure inclusion scolaire et de l'allègement des matières pour les élèves présentant des troubles de l'apprentissage. Mais également de mesures institutionnelles autorisant la présence d'un AVS dans une salle de classe incluant des élèves présentant des troubles de l'apprentissage afin de les encadrer et d'identifier leurs difficultés pour ensuite choisir la démarche pédagogique la plus appropriée afin de leur transmettre les connaissances. Ces élèves présentant des troubles nécessitent, en effet, un suivi personnalisé, afin d'être mieux écoutés et encadrés. Tant d'enfants dont le sort est entre les mains des parents seuls ou de citoyens au bon cœur. On pense notamment aux « enfants de la lune », qui peuvent avoir le cancer ou perdre la vue, dans les cas extrêmes ou sans protection. Une maladie orpheline appelée «Xeroderma Pigmentosum» qui affecte gravement la peau et la vue. Leur association a distribué des brochures appelant à la générosité des citoyens tunisiens. « Grâce à votre générosité, vous pouvez sauver ces enfants en leur offrant des moyens de photo-protection, d'éducation et de loisir». Peut-on imaginer le calvaire scolaire de ces enfants qui doivent éviter en permanence l'exposition au soleil ? La fondation Agya, une jeune académie des sciences et des humanités arabo-germanique, a parrainé l'événement durant trois jours consécutifs.