Décidément, les rebondissements dans le dossier du Réseau ferroviaire rapide (RFR) ne semblent pas avoir de fin. Le dernier en date nous vient tout droit de la municipalité du Bardo. Une session ordinaire du conseil municipal a approuvé à la majorité des voix une décision qui suspend provisoirement les travaux du RFR dans le tronçon qui devrait traverser la ville. Les retards se succèdent et les pertes s'accumulent sans que l'on sache, avec certitude, si ce projet verra le jour La décision est assortie d'une exigence adressée à la société l'appelant à présenter au Conseil municipal les fiches techniques du chantier et un nouveau tracé de la voie. Les responsables municipaux arguent le fait qu'ils n'ont pas accordé... une autorisation à ce projet ! Pour rappel, le projet qui vise à construire un vaste réseau de transport urbain rapide, de 86 km de long (une fois achevé), pour desservir la zone Nord-Ouest de Tunis existe depuis plus de vingt ans. Il était prévu qu'il entre en exploitation depuis 2013. Mais à cause de plusieurs empêchements et par manque de perspicacité dans les études, il en a été autrement. Des problèmes qui s'éternisent À chaque fois, les responsables évoquent des obstacles sans en préciser la vraie nature et sans désigner les auteurs. L'opinion publique, pourtant, est en droit de connaître les auteurs de ces problèmes qui portent préjudice à des dizaines de milliers de citoyens du Grand-Tunis. Faire allusion à des obstacles n'est pas suffisant. L'implication de la justice est trop lente. Les ralentissements sont tels que les innombrables «surprises» de dernière minute sont si bizarres qu'il y a lieu de se demander si les autorités tiennent, véritablement, les choses en main. Car, comment admettre que l'on engage des entreprises étrangères au bord de la faillite ? Malheureusement, les retards se succèdent et les pertes s'accumulent sans que l'on sache, avec certitude, si ce projet verra le jour. Aussi, les responsables sont-ils acculés à annoncer, sans conviction aucune, des dates pour le lancement de la première ligne, puis le lancement d'un tronçon de cette ligne. Les habitants des zones qui devraient être desservies par ce nouveau mode de transport ne croient plus à la réalisation prochaine de ce projet qu'on ne cesse de leur promettre. Les dates probables programmées et revues par les responsables eux-mêmes ne convainquent plus personne. Les opposants à ce projet d'envergure nationale agissent comme bon leur semble sans tenir compte des intérêts du pays. Certains, il est vrai, croient, sincèrement, à la position qu'ils défendent. D'autres, par contre, ont des agendas précis et des idées derrière la tête. Les lobbies se cachent derrière ces revendications d'apparence logiques et désintéressés. Forcément, la réalisation d'un projet comme celui du RFR priverait un autre secteur des «avantages» qui découlent de la détérioration des moyens de transport. De plus, chaque manquement à un terme des contrats conclus avec les différentes entreprises engagées dans le chantier entraîne des dédommagements conséquents déboursés par la Société du RFR. D'ailleurs, on estime les pertes quotidiennes, en cas de perturbations, à environ 100 millions de millimes. À cela on ajoute le coup de massue asséné par la municipalité du Bardo. Selon la décision municipale, tous les travaux doivent être suspendus jusqu'à ce que les responsables du RFR apportent «les éclaircissements» nécessaires sur l'itinéraire à suivre dans la ville. Ce qui est proposé par le plan actuel ne plaît pas à quelques-uns. C'est pourquoi il est demandé d'adopter un autre tracé et de creuser un tunnel. Ce dernier pourrait entraîner, selon les spécialistes, une enveloppe supplémentaires de près de 100 milliards de millimes auxquels il faudrait ajouter d'autres milliards pour les nombreuses pénalités de retard. Opposition acharnée Assurément, il y aurait comme une malédiction sur ce projet. Les obstacles se multiplient sans que l'on arrive à voir le bout du tunnel. À notre sens, il ne faudrait pas traiter ce dossier de la même manière qu'on l'a fait auparavant. Il est clair qu'il y a des parties qui ne veulent pas que cette réalisation parvienne à son terme. Ceux qui sont impliqués avec autant d'acharnement dans cette lutte contre le train rapide doivent assumer leur attitude. Et l'Etat doit défendre, avec le même acharnement, ce projet. À bien chercher derrière ces attitudes on trouverait, quelque part, des indices qui mèneraient à une collusion entre les lobbies et certains opposants au projet. Car de toute évidence, les arguments présentés par les «élus» de la commune du Bardo ne tiennent pas debout vu que cette ville est déjà traversée par la ligne du métro et de celle de la Sncft. Ce n'est pas le passage de la nouvelle ligne du RFR qui va la «défigurer». L'argument esthétique ne peut, nullement, résister devant l'urgence qu'il y a à fournir à des milliers de citoyens un moyen de transport décent et moderne. L'exigence esthétique n'est qu'un luxe que même les pays développés n'ont revendiqué qu'après avoir obtenu l'essentiel. Il est aberrant de s'en tenir à de tels prétextes face à une telle priorité. Les responsables municipaux devraient réviser leur position et privilégier l'intérêt national avant de penser à l'intérêt, unique, de leur ville. De toute façon, un conseil municipal ne peut pas représenter, de façon effective, le point de vue de toute une cité. Particulièrement dans ce dossier. Pourquoi ne pas donner la parole aux habitants à travers un sondage neutre et objectif.