C'est aujourd'hui qu'un Conseil ministériel consacré au secteur de la santé aura lieu suite aux recommandations formulées lors du débat participatif de vendredi dernier, en présence du chef du gouvernement Youssef Chahed. L'ordre du jour compte revenir sur les points évoqués par les participants pour repenser la politique de santé et sauver le temple hospitalier, acquis de l'Indépendance aujourd'hui, hélas, menacé Il s'agit, entre autres, de réactiver le fonds d'appui à la santé publique, un mécanisme d'appoint créé en vertu de la loi de finances 2017, particulièrement destiné à couvrir les frais des prestations fournies aux détenteurs des carnets de soins gratuits et cartes à tarif réduit. Cela est de nature à alléger les dettes des hôpitaux estimées à 600 millions de dinars, un fardeau qui pèse lourd sur la bonne gestion des ressources humaines, la qualité d'hospitalisation et l'approvisionnement en médicaments et matériels de soins nécessaires. Il est, également, question de pourvoir quelque 1.000 postes au ministère de tutelle, en guise de nouveaux recrutements pour combler les vacances provoquées tant par les 4.000 départs à la retraite que par la fuite d'un grand nombre de médecins à l'étranger. A cela s'ajoute, comme l'ont bien montré plusieurs enquêtes d'investigation, le fléau de la corruption, ce mal qui continue de ronger le corps de la santé. « Il est inadmissible, aujourd'hui, qu'un dispensaire à Borj Cedria, au sud de la capitale, pourtant fin prêt depuis une année, soit livré à lui-même, sans médecins », a déploré M. Messaoud Romdhani, président du Ftdes. C'est pourquoi, le syndicat des médecins hospitalo-universitaires a, de son côté, appelé à la révision du code des marchés publics pour n'avoir pas pris en considération les spécificités du secteur de la santé. Et pour cause, nul n'a pu trancher sur les défaillances et les maladresses de son personnel, dont la dernière en date était le décès des 15 bébés à La Rabta. Ce fut, alors, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Lettre ouverte au gouvernement Le désengagement de l'Etat, les difficultés d'accès aux soins et la réticence des médecins spécialistes à travailler dans les régions n'ont fait qu'aggraver la situation. Ce dont avait, à maintes reprises, alerté l'Association tunisienne de défense du droit à la santé. Et l'élan protestataire n'a pas cessé de s'intensifier. Le Conseil d'aujourd'hui aura, fort probablement, à examiner un projet de loi sur la responsabilité médicale, censé pousser le corps médical et paramédical à honorer son engagement aussi bien moral que professionnel. Faute de quoi, les patients auront du mal à prouver tout ce qui pourrait leur porter atteinte. Pour toutes ces raisons, la Coalition civile de défense du service de la santé publique vient, récemment, d'adresser au gouvernement Chahed une lettre ouverte, dans laquelle les dix associations signataires ont interpellé les décideurs à prendre les choses en main. Elles ont insisté sur le fait de prendre des mesures urgentes pour sortir le secteur de sa crise. Soit un plan de réforme à court terme, tel qu'a été revendiqué auparavant : financement de nos hôpitaux, paiement des dettes de la Cnam au profit du secteur, restructuration de la carte sanitaire, réserves permanentes en médicaments nécessaires, bonne gouvernance pour faire face à la corruption, augmentation des investissements publics dans le domaine et ouverture d'un dialogue participatif sur le secteur, sans exception aucune. Il est bon de rappeler, ici, qu'un projet de réforme sanitaire a été bel et bien engagé, depuis 2012, au temps de l'ex-ministre de la Santé, Mohamed Salah Ben Ammar. Entre-temps, on a beaucoup parlé d'un livre blanc du secteur, annotant toutes les recommandations pouvant apporter des solutions à la crise du secteur, laquelle crise ne date pas d'hier. Mais elle est la résultante d'une politique sectorielle qui avait fait preuve de son échec, il y a bien longtemps.