Le concept n'est pas nouveau, dans la mesure où la question continue à être problématique depuis vingt ans. Sauf que la Tunisie avait déjà mis en place une stratégie dans ce sens, sans l'avoir développée comme il se doit. Aujourd'hui, on a l'impression que tout retourne à la case départ, sans vision aucune Le café-débat, édition 2019, organisé hier au siège du Citet, a choisi, cette fois-ci, un thème global mais aussi transversal : «Environnement sain pour un développement durable ». Le concept n'est pas nouveau, dans la mesure où la question continue à être problématique depuis vingt ans. Sauf que la Tunisie avait déjà mis en place une stratégie dans ce sens, sans l'avoir développée comme il se doit. Aujourd'hui, on a l'impression que tout retourne à la case départ, sans vision aucune. L'objectif, selon M. Taoufik Gargouri, nouveau directeur du Citet (Centre international des technologies de l'environnement de Tunis), est d'ancrer davantage la culture du développement durable au sein des entreprises publiques et privées. « D'ailleurs, on travaille actuellement sur des projets liés aux déchets verts et au traitement des eaux usées au milieu rural », a-t-il ajouté. L'économie verte et l'éco-conseillers dans les municipalités en font aussi partie. Il est vrai que le Citet, créé en 1996, avait suivi, au départ, une certaine logique d'appui technique et d'assistance institutionnelle au profit d'un certain nombre d'entreprises industrielles. Toutefois, il s'est avéré qu'un tel travail d'accompagnement n'a pas, jusque-là, porté ses fruits. Et le Système de management intégré (Smi) dont a trop parlé Mme Neziha Hassine, ingénieure et chef du service de soutien aux entreprises au Citet, n'a pas, vraiment, donné des résultats concrets, en termes de bonne gestion écologique, de santé et de sécurité au travail. Cela dit, l'impact de la pollution demeure bien réel, constaté de visu. Il en a découlé, entre autres, l'épuisement des ressources naturelles, le réchauffement planétaire, la dégradation des eaux et du sol, la prolifération des déchets, les rejets industriels et bien d'autres qui ont causé des suites fâcheuses. Selon une étude faite en 2017 avec l'Anged (Agence nationale de gestion des déchets), rappelle-t-elle, l'état des lieux laisse encore à désirer: «Plus de deux millions de tonnes par an de déchets ménagers et assimilés dont 150 mille tonnes qualifiées de dangereuses, 140 mille m3 d'eaux usées dont les 2/3 sont des rejets industriels. Sans compter les 5 millions de tonnes /an de phosphogypse ». Les chiffres sont têtus, révélant ainsi des indicateurs environnementaux en nette régression ou en stagnation. Donc, d'après ces données, le Système de management intégré, censé avoir un effet modérateur sur l'utilisation des matières premières, de consommation d'eau et d'énergie, n'a pas donné lieu à un cadre propice au développement durable. Dans le même ordre d'idées, Dr Youssef Melayeh, activiste en communication environnementale, a confirmé la relation de cause à effet entre la pollution et ses retombées sur la santé humaine. A Gafsa comme à Gabès, les cas victimes de la pollution sont multiples, souffrant de maladies cancéreuses, d'insuffisances rénales et de problèmes respiratoires chroniques. Pire, la responsabilité sociétale fait, ici, défaut. Evidemment, les bénéfices d'affaires gagnées n'ont pas changé le vécu de ces deux régions. Soit la corrélation environnement-développement n'y a jamais existé. Cet enjeu manqué, mais aussi l'absence d'une politique claire dans ce domaine ont dû susciter un débat houleux, où médias et associations civiles ont émis une série de recommandations demandant à ce que le développement durable soit une réalité palpable.