Les événements culturels continuent avec le projet « Tfanen », qui a débarqué dernièrement à Monastir à l'occasion du festival «Ruspina capitale de la marionnette» dans sa deuxième édition qui a été tenue la semaine dernière. Organisé par l'espace Théâtre Ruspina en collaboration avec le commissariat régional à l'éducation de Monastir et avec le soutien de Tfanen- Tunisie créative qui vise à promouvoir le développement du secteur culturel, le festival était une occasion pour les enfants pour exposer leurs pièces théâtrales animées par des marionnettes de leurs propres créations. Environ mille élèves appartenant à quarante écoles primaires ont été formés à la fabrication des marionnettes pour avoir finalement une marionnette pour chaque enfant,défilant au carnaval mille marionnettes à l'inauguration du festival le 17 mars dernier. Les pièces de théâtre réalisées par les enfants ont été exposées dans plusieurs bibliothèques ainsi que dans l'espace Ruspina de théâtre. Formations des formateurs et des élèves Le projet a débuté bien avant le festival; la première étape étant la formation des formateurs durant une période s'étalant sur les deux mois de juillet et d'août 2018. Quatre ateliers ont été animés par des formateurs étrangers et tunisiens, à savoir : Kader Smicha d'Algérie pour les marionnettes géantes, Hanada Sabagh de Syrie pour les marionnettes de table, Fayrouz Anastaz de Palestine pour les marionnettes géantes et Lassaâd Mahouachi de Tunisie pour les marionnettes de Marotte. La seconde étape a été le déplacement de ces quarante formateurs dans quarante écoles dans tout le gouvernorat de Monastir pour transmettre aux élèves leurs savoir-faire, et ce, tout au long de six mois de travail acharné. Multiples compétences acquises Ce festival a été une occasion pour les enfants, les jeunes et les parents pour découvrir un nouveau monde qui était réservé exclusivement à quelques artistes de la capitale, selon les dires d'un des jeunes formés. Les enfants rencontrés ont parlé avec beaucoup d'enthousiasme exprimant leur amour pour cette nouvelle expérience et spécialement pour le spectacle du carnaval auquel ils ont participé avec leurs petites créations qui varient entre marionnette de gant et marionnette de table. Plusieurs parmi eux n'ont pas caché leur souhait de revivre l'expérience et surtout celle du carnaval. D'un autre côté, les formateurs, qui ont acquis beaucoup de compétences manuelles durant la formation d'été,ont su transmettre à leur tour ces compétences aux élèves qui se sont familiarisés avec les matériaux utilisés pour la fabrication de ladite marionnette, découvrant ainsi des talents cachés. Les élèves ont aussi appris à créer des scénarios et à jouer le théâtre de la marionnette qui diffère du théâtre classique avec une mise à distance permettant aux enfants de s'exprimer. Mais ce n'est pas tout ! Les enfants n'ont pas manqué de vivre aussi le show en s'enfilant dans des marionnettes géantes dites de Marotte. A son tour, M. Khaled Chnen, le directeur du festival, a confirmé la réussite de cette édition en atteignant les objectifs visés comme la formation d'un millier d'enfants de toutes parts du gouvernement de Monastir, et ce, malgré les difficultés rencontrées aux déplacements dans certaines régions lointaines. En revanche, ces difficultés ont été dépassées grâce au soutien de plusieurs parties prenantes, dont les commissariats régionaux à la culture et à l'éducation, la Société régionale du Sahel, le palais des sciences, la société civile et surtout grâce à « Tfanen » qui a financé ce festival en lui fournissant du matériel qui va être utilisé et réutilisé par des centaines et des milliers d'enfants. Selon les témoignages des encadrants ainsi que des parents, l'impact qu'a eu ce festival sur les enfants était très positif, ils ont même remarqué un changement au niveau de leurs comportements. En effet, le travail au sein des groupes leur a permis d'apprendre le sens du partage, la confiance en soi, l'échange ainsi que de s'imposer tout en respectant l'autre. « Nous savons tous qu'il y a des enfants timides, qui ont peur de s'exprimer et d'affronter l'autre, eh bien avec les marionnettes, ils peuvent vaincre aujourd'hui cette timidité et peuvent transmettre leurs opinions à travers ces poupées… », expliquait une parente-encadrante. Une relation d'attachement et d'identification qui se crée entre la marionnette et l'enfant qui s'en sert pour exprimer ses idées et ses émotions. Par ailleurs, des spécialistes affirment que les marionnettes représentent une aide indéniable pour tous les enfants tant au niveau du développement de l'imaginaire que dans la façon de gérer un conflit entre pairs ou avec des adultes. Ils confirment même qu'au-delà de leur utilisation pour l'aspect spectacle et loisirs, elles sont très efficaces également dans un cadre thérapeutique avec des enfants qui seraient en souffrance. Ces enfants venant de régions différentes du gouvernorat de Monastir ont partagé la même joie et le même enthousiasme. Ces mêmes enfants vont devenir des noyaux qui développeront ce domaine, surtout pour ceux venant des régions défavorisées, vivant jadis un isolement culturel. La réussite de ce festival consiste surtout dans le fait qu'il a pu toucher un grand nombre d'enfants, de différentes catégories sociales, ainsi que de différentes tranches d'âge en formant les jeunes et même les parents. Toutefois, la cible principale étant toujours les enfants, ces derniers n'ont qu'un seul et unique souhait qui est de participer dans d'autres éditions de ce festival, et c'est grâce à « Tfanen » qui a parié sur la continuité et la pérennisation de ce festival, que leur souhait va être réalisé. Un pari lancé et qui va être sans doute gagné !