Par Larbi DEROUICHE Si l'enfant est, de tout temps, la raison d'être de ses parents, il semble au contraire le parent pauvre des chaînes de télévision, dont les maîtres sont pour la plupart des parents d'enfants. Ah le bon vieux temps ! Fini l'âge d'or de l'enfant, où à la radio et à l'époque du noir et blanc, il était gâté de programmes consistants et succulents. Ceux qui sont d'un certain âge doivent se rappeler de la formidable amitié tissée à distance par Saïda Alya (feue Alya Babou), Am Rached alias Baba Soumbel (feu Mohamed El Meddeb). Cela à travers l'émission enfantine de dimanche. Qui polarisait l'attention des petits et moins petits, se regroupant chez eux dans la joie et à l'unisson, autour des TSF géants de jadis, «ancêtres» des transistors de nos jours… Grâce au professionnalisme aiguisé de Saïda Alya et Baba Soumbel, tout ce petit monde d'innocents se cultivait en rigolant, en s'amusant à travers de petits jeux d'enfants et des compétitions. Je donne ma langue au chat ! Ceux qui «séchaient» et calaient, ne trouvant pas de réponses à une devinette, trouvaient le déplaisir de dire : «Je donne ma langue au chat», pour se faire souffler la bonne réponse. De belles leçons d'histoire, de géographie, de sciences naturelles étaient brillamment données de la façon la plus simple et la plus terre à terre. Bref, on faisait du beau travail en amont. Et on façonnait et sculptait de la plus belle manière l'adulte du lendemain. Avant que l'école ne prenne la relève. Savoir de qui parler ! Tenez, pour la petite histoire et à propos de culture ou plutôt d'inculture, au risque de vous donner un pincement au cœur, je vous raconte cette «perle» : «Il n'y a pas si longtemps, alors que j'accouchais des idées et couchais un papier, volant allégrement avec ma muse dans le ciel radieux de l'inspiration, sous le fond sonore de mon poste de télévision, je fus subitement soustrait à ma forte concentration. Que se passait-il donc ? Une téléspectatrice, piquée par la mouche qu'on sait cette fois-ci, celle de la bêtise, intervint ‘‘on live»'' dans une émission d'animation, pour dire quoi figurez-vous ? Prise dans le tourbillon d'une colère noire, l'imbécile malheureuse, cette fois-ci, poussait des cris à vous déchirer les tampons, s'indignant du nom attribué à sa rue, voyez bien s.v.P ! Celle de Mosbah Jarbouaâ, l'un des militants sudistes de la première heure, ayant dirigé dans les années 50 un mouvement de résistance farouche contre les colons français, avant d'être tué par l'adversaire, lors d'un raid. Ah l'inculture ! Aérien. Voilà chère madame que les choses sont claires en ce qui concerne ce grand monsieur qui a sacrifié sa vie pour que vous et moi savourions la vie dans la liberté et la dignité. Chose que nous aurions dû savoir avant de nous casser les oreilles et dire à la vaste galerie que vous êtes allergique aux rats, aux souris et à toute cette catégorie de mammifères. L'équivoque étant ainsi levé, vous ne devez plus avoir honte, comme vous l'avez si maladroitement dit, du nom de votre rue. Au contraire, il y a de quoi en être fière. Ah! l'inculture! que des sottises sont admises à cause de toi. Pourtant, il n'y a rien de plus simple que la culture. Il ne faut pas être Voltaire pour la définir. C'est à mon sens, la curiosité de savoir ce qu'on ignore. Non pas bien sûr, les noms des nominés dans les concours de «Rotana Tarab». Donc vivement la curiosité qui nous ouvre les yeux et non pas celle qui soit la source de notre abrutissement. Une formidable première ! Toutes ces réflexions et tous ces récits nous amènent à tirer le chapeau à la chaîne privée «Tounesna» qui a justement pensé à contribuer à cultiver nos enfants, en l'absence d'émissions enfantines depuis l'éclipse de Ammi Radhouane et le départ vers l'au-delà du maître du fou rire, Soufiane Chaâri. Quoi que Kawther El Bardi soit en train d'essayer timidement et tant bien que mal de combler ce vide. Il s'agit de l'émission «La classe», qualifiable de haute classe. L'idée est géniale. Et semble beaucoup appréciée par tous, enfants et parents confondus. Il s'agit d'une première dans nos murs et sur notre petit écran. Elle est à saluer chaleureusement. Des dizaines d'enfants, ayant soufflé au grand max une dizaine de bougies, se trouvent face à des sommités artistiques théâtrales, musicales, etc. Bref, des symboles de la réussite et de l'émergence où tout un chacun souhaite se trouver à leur place et suivre leurs traces. Parfois en tenues traditionnelles, les illustres animateurs se laissent soumettre, dans une ambiance conviviale et sympa, aux feux des questions d'une assistance joyeuse et gaie comme un poisson dans l'eau. A côté de la plaque ! D'autant que ces gamins n'auraient jamais imaginé qu'un jour béni, ils allaient avoir le loisir et le plaisir de se trouver nez à nez avec de si grandes figures qu'ils n'avaient vues et revues qu'à la télé… Enfin, comme la politique nous en a fait voir de toutes les couleurs, un homme politique d'une certaine couleur, parmi ceux qui ont défilé devant les écoliers de «la classe», s'est mis à vider son sac, pour en sortir le feuilleton mexicain afférent au conflit de Hafedh Caïed Essebsi avec les siens. Les petits n'y ont rien compris. L'orateur, mal inspiré, n'a pas lui aussi compris que son discours ne pouvait qu'être incompris !