L'Ariana regorge, depuis l'antiquité, d'une richesse hydrique longtemps prisée par les diverses populations qui s'y sont succédé et par les chercheurs, intéressés par les composantes minérales et les spécificités des eaux de la région. L'eau a, en effet, eu une importance stratégique dans la vie économique et sociale de la cité à travers les âges; de l'époque romaine, en passant par la conquête islamique et jusqu'à la Tunisie moderne. L'Ariana est connue pour être un lieu de villégiature privilégié pour les habitants de Tunis, notamment les hauts dignitaires de la ville qui ont en fait leur lieu de résidence. A l'époque Hafside, le sultan Abou Abdellah Al- Mostanser (règne entre 1249 et 1277) a fait de l'Ariana le centre de son royaume (1267) et y a fait édifier ses châteaux et ceux de sa cour. Le monarque hafside avait élu domicile à Jnane Bou-Fehr (jardins d'Abou Fehr), où se situait le célèbre bassin d'eau, à l'emplacement de l'actuelle Cité des sciences. Les eaux du bassin étaient acheminées de Jbel Laarayès, à Zaghouan, par les aqueducs romains (Hnéya), et pouvaient atteindre plus de 14 mille mètres cubes lors des saisons des pluies, selon les estimations des chercheurs. Pour préserver les réserves hydriques lors des saisons sèches, les fatimides (909-1048) avaient restauré les aqueducs romains dans le but d'approvisionner les cités et les terres agricoles en eau. Leurs successeurs hafsides ont eu le mérite de leur redonner vie et d'apporter l'eau douce de Zaghouan jusqu'à Tunis, comme ce fut le cas à Jnane Bou-Fehr ou encore la Kasbah. Aux 18e et 19e siècles, les riches familles tunisoises ont fait de l'Ariana un lieu de promenade verte et une destination pour les vacances d'hiver et de printemps. La cité, baptisée "Poumon de Tunis" en raison de l'intensité de sa végétation, de la pureté de son air et de la qualité de vie saine qu'elle offre, pouvait également s'enorgueillir d'une richesse en eau non négligeable, autant d'atouts qui lui ont valu d'être un site privilégié pour le repos et les convalescences. Les puits et sources de l'Ariana, réputés dans tout le pays, attiraient les tunisiens de tous bords qui venaient profiter des bienfaits de ses eaux, connues pour leurs vertus thérapeutiques favorisant l'élimination des calculs rénaux et des impuretés de l'organisme. Ainsi, Bir Belhassan, l'un des plus importants sites historiques de la ville, a été, à travers les années, la destination des malades et des visiteurs qui apprécient particulièrement la pureté et la douceur de son eau. La municipalité de l'Ariana a veillé, durant les deux dernières décennies, à entretenir ce site et à en faire un espace de détente convivial pour les familles, en l'entourant, notamment, d'espaces verts et de roseraies, autre spécificité tant agréable de la ville. Aussi, Bir Essafsaf, l'un des plus vieux puits de l'Ariana, situé dans le centre de la cité, a longtemps étanché la soif des passants qui s'y rassemblaient pour marquer une pause et se ressourcer. Ce puits a désormais disparu aujourd'hui, suite à l'explosion urbaine que connaît la ville, et qui a causé la disparition de nombreux sites et anciennes installations historiques.