• Politique monétaire : la stabilité des prix, objectif prioritaire • Vers la création d'un pôle spécialisé dans le financement des PME, appelé «El Moubadara» • Prochainement, un holding regroupant les participations tunisiennes et libyennes dans les banques communes • Accords de partenariat avec des places similaires à l'instar du Luxembourg et de Bahreïn M. Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), a ouvert, hier, les travaux d'une conférence, organisée par la chambre de commerce tuniso-britannique (Tbcc), ayant pour thème: «Le futur du secteur financier en Tunisie : comment tirer profit de l'expérience britannique ?». M. Baccar a passé en revue les évolutions du modèle économique tunisien, indiquant à cet égard que la libéralisation financière a été pragmatique, progressive et présidée par l'impératif de consolider l'investissement et l'environnement de l'entreprise ainsi que le souci de préserver les équilibres globaux. Ainsi, la politique monétaire a adopté, récemment, la stabilité des prix en tant qu'objectif prioritaire. Il s'agit, souligne M. Baccar, d'une phase transitoire vers un processus plus large visant un régime de ciblage de l'inflation. Parallèlement, les principales orientations en matière de change s'articulent autour de l'adoption d'un régime de flottement dirigé qui vise à maintenir un taux de change effectif réel stable. Evoquant les perspectives du secteur financier, le gouverneur de la BCT souligne que le programme présidentiel pour la période 2009-2014 a fixé au secteur des objectifs ambitieux, «à même d'accélérer la cadence des réformes et à imprégner une nouvelle reconfiguration au secteur». L'objectif recherché, estime-t-il, demeure la mise à niveau permanente du secteur financier pour accompagner le processus de libéralisation et de restructuration de l'économie tunisienne et son ouverture progressive et de répondre aux besoins spécifiques de l'entreprise dans sa quête de nouveaux relais de croissance. Une agence bancaire pour 7 mille habitants L'émergence d'un marché bancaire plus concurrentiel et d'un système bancaire plus diversifié et financièrement plus solide sont autant d'acquis à même de rassurer quant à la capacité de résilience du secteur et son aptitude à accéder à d'autres paliers de développement. A cet égard, précise M. Baccar, le programme présidentiel tend à améliorer le taux de bancarisation, l'objectif est d'atteindre une agence bancaire pour 7000 habitants et dépasser les niveaux atteints actuellement, soit un compte bancaire pour deux habitants et une carte bancaire pour cinq habitants. «L'objectif ultime étant d'atteindre une production de masse pour faciliter l'accès au service bancaire et favoriser la bancarisation de l'économie sans exclusion aucune», a-t-il indiqué. Néanmoins, «le système financier tunisien recèle encore d'importants potentiels de développement dans la mesure où l'intermédiation bancaire demeure dans la limite du PIB». Il s'agit, notamment, de renforcer davantage les capacités opérationnelles des banques à travers la refonte de leur système d'information et l'engagement dans l'adoption des nouveaux standards universels en vue de l'implémentation de l'accord de Bâle II, des nouvelles normes comptables et des meilleures pratiques de gouvernance. Cohérence et efficacité Evoquant le souci de consolider l'efficience du secteur bancaire, le gouverneur de la BCT a signalé «l'ambitieuse stratégie de reconfiguration du secteur bancaire» qui a pour ambition de favoriser l'émergence de groupes bancaires importants, disposant de capacités financières et opérationnelles suffisantes, afin de réaliser des économies d'échelle, d'accroître leur contribution au financement de l'économie et d'accompagner les groupes d'affaires dans leurs processus de développement à l'international. «C'est dans cette dynamique, précise M. Baccar, que s'inscrit la fusion de deux grandes banques publiques, la STB et la BH, accaparant ensemble près du quart du marché bancaire et disposant d'un réseau de plus de 200 agences et une base clientèle très large, de plus de 2 millions de comptes». Parallèlement, la décision a été prise de créer un pôle spécialisé dans le financement des petites et moyennes entreprises, pôle «El Moubadara», ayant la forme d'un holding regroupant la banque de financement des PME et la société tunisienne de garantie. Ce mécanisme aura pour mission de piloter et de coordonner l'action des deux structures dans le financement des PME, de créer un interlocuteur unique pour les promoteurs et d'accroître l'efficacité du dispositif de financement de l'investissement et de création d'entreprises. Par ailleurs, un holding, regroupant les participations tunisiennes et libyennes dans les banques communes, sera créé prochainement en vue de favoriser une cohérence et une efficacité dans leurs interventions dans les deux pays. «Ces initiatives précise M. Baccar, sont un véritable signal aux banques privées pour amorcer un mouvement de rapprochement et de regroupement, d'autant plus que l'intensité de la concurrence sur le marché domestique et les impératifs de la compétitivité, conjuguée aux nouvelles contraintes prudentielles, constituent autant de facteurs qui exerceront des pressions fortes sur les banques dans cette voie». La stratégie de développement du secteur s'étend au renforcement de la présence des banques tunisiennes à l'étranger, étant donné que le secteur a développé des expertises exportables particulièrement en matière de financement de l'habitat et du leasing. Evoquant l'objectif de hisser la Tunisie au rang de place financière régionale, M. Baccar a précisé que ce projet repose sur une démarche réfléchie et fondée, au point qu'il n'a pas été altéré par les craintes et les appréhensions suscitées par la crise internationale. Le code de prestation de services financiers aux non-résidents récemment promulgué, constitue un dispositif novateur, visant l'attraction d'institutions financières de renom international et offre un cadre légal adéquat pour la prestation de tous les services financiers . «Ce code couvre en plus de l'activité bancaire et d'intermédiation financière off-shore, la création de véhicules d'investissement spécifiques, fonds experts, et d'un nouveau compartiment au sein de la bourse, dédié aux sociétés non-résidentes», a-t-il ajouté. Parallèlement, certains accords de partenariat renforcé avec des places similaires à l'instar du Luxembourg et de Bahreïn ont été engagés «et nous réitérons notre intérêt de voir se développer avec la place de Londres une telle coopération», a-t-il souligné.