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La Lettre de Rousseau
A l'encre vive - Par Mustapha Attia
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 11 - 2010

Chaque fois que venant de Marseille, je débarquais à Paris, Ville lumière, j'avais comme l'impression d'être arrivé de derrière les mers et plus précisément de la rive sud de la Méditerranée. L'ambiance de Marseille m'a toujours rappelé les villes portuaires que j'admire énormément, comme Sousse, Sfax, Tanger qui sont, d'après l'historien Fernand Braudel “le don de la Méditerranée”. Une fois dans l'une de ces villes, combien de fois ne m'étais-je pas trouvé épris et envoûté par les admirables vers d'Alfred de Musset et surtout par les doux poèmes de son recueil, “Les Nuits”, qu'il a écrits sur le rythme mélodieux des vagues de la Méditerranée. Ou bien dans ses contes d'Italie et d'Espagne à travers lesquels il a exprimé le pouvoir de cette mer sur l'imaginaire des habitants des deux rives. Du coup, traverser les rues de ces villes la tête pleine des créations d'écrivains célèbres est un exercice confondant, c'est une sorte de parcours musical, surréaliste et ésotérique.
Une fois à Paris, j'ai toujours ressenti cette sensation de ferveur intellectuelle et d'ouverture sur le monde. A Marseille, par contre, c'est le sentiment de l'appartenance méditerranéenne qui l'emporte sur le reste. Si le port de Marseille fut pendant longtemps ma destination, le Louvre, les cafés de Saint-Germain, la Bibliothèque nationale, le Centre Georges-Pompidou restent mes stations préférées à Paris. C'est là que mon imagination croise le baron Charles Montesquieu, et ce qu'il avait écrit à propos de la grandeur de Rome et des causes de sa décadence. Ses analyses et intuitions fulgurantes sont d'une grande actualité, à la lumière de ce qui se passe aujourd'hui dans le monde.
Je voyageais également avec Montaigne qui estime que la meilleure vie est celle qui se fonde sur la sagesse, la droiture et l'esprit de tolérance. J'ai toujours réfléchi au cas de Voltaire. Je me demande pour quelle raison son génie est tombé dans le piège de la dérision de l'Islam. Heureusement qu'il y a eu Goethe qui, grâce à une admirable lecture de notre religion, est arrivé à point nommé pour rectifier de tels préjugés.
J'ai toujours été fasciné aussi par l'approche de J. J. Rousseau selon laquelle l'origine des malheurs des hommes est par essence autant politique que linguistique. Bien que datant de deux siècles et demi, un tel point de vue est toujours pertinent.
Dans un petit café parisien où je me réfugiais chaque soir, mon ami Pascal qui s'est toujours empressé de me rencontrer dès que je me trouvais dans cette ville, me demande: “Comment peux-tu, en tant qu'intellectuel, assumer ton bilinguisme?”, je lui fis une réponse à laquelle il ne s'attendait pas du tout : “Je ne suis pas un dédoublé linguistique”. Il me regarda longtemps avant d'ajouter à la manière d'un journaliste rompu au métier: “On peut admettre cela, certes, mais tu écris et t'exprimes dans les deux langues? “ Je lui répondis: ”Et pourtant, je réfléchis dans une seule langue”. Apparemment, ma réponse ne semble pas l'avoir convaincu. C'est alors qu'il me bombarda de questions auxquelles j'apportais des réponses qui excitèrent encore plus sa curiosité. Ce n'est qu'après un certain temps que je parvins, non sans difficulté, à le convaincre du fait que la langue mère est la base de l'identité, alors que les autres langues ne sont pour celui qui les pratique qu'un simple outil.
Décidé à me provoquer, Pascal me demanda: “Quand tu veux parler d'amour et de rationalisme, tu parles la langue arabe?” Je lui répondis calmement et avec conviction: “oui”. En effet, dans le Coran, le mot “raison” est utilisé 49 fois, alors que les mots relatifs à l'amour sont tellement nombreux en arabe qu'ils ne peuvent être délimités que par les dictionnaires classiques. Et ce qui est assez merveilleux dans la langue arabe c'est sa capacité, génération après génération, à renouveler les mots, autrement dit à faire du neuf avec du vieux.
Il tira alors longtemps sur son cigare de luxe, réflexe qui le rattache aux symboles de la révolution à l'instar de Fidel Castro et Che Guevara, et me dit: “Maintenant, j'ai compris toute la portée de la pensée de Rousseau”!


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