Le Conseil des ministres qui s'est tenu le 15 décembre dernier sous la présidence du Chef de l'Etat correspond à une étape cruciale dans la mise en œuvre de la politique de développement régionale pour l'étape actuelle. Les décisions qui ont été prises en cette occasion s'inscrivent dans le cadre des grands axes définis par le Programme présidentiel «Ensemble relevons les défis», et elles correspondent à un contexte particulier qui se caractérise par une plus grande marge de manœuvre, aussi bien des régions elles-mêmes, en tant que pôles d'initiative désormais dotés d'un pouvoir d'autonomie accru, que du secteur privé dont la base s'est élargie dans notre pays, qui est appelé à renforcer ses rangs par l'apport de sang nouveau en provenance des diplômés du supérieur, mais qui représente aussi un acteur de développement incontournable à travers ses stratégies d'investissement concertées et son statut de partenaire de l'Etat en matière de développement en général et de développement régional en particulier. Le contexte est aussi celui d'une politique de mise en place des grandes infrastructures au sein des régions qui a désormais derrière elle des réalisations importantes mais qui entend, précisément pour cette raison, concentrer son action à apporter des réponses appropriées à des zones ciblées. De fait, ce sont quelque 55 délégations qui sont concernées par le programme de développement intégré dont l'examen était au centre du Conseil des ministres. Plus grande marge de manœuvre des conseils régionaux, plus grande implication du secteur privé et, sur le terrain, des actions plus ciblées : tels sont donc les nouveaux éléments qui marquent l'approche nouvelle de notre politique de développement qui est tournée vers les régions. Les constantes restant pour leur part toujours commandées par une double conviction : premièrement, préserver le pays du déséquilibre de développement entre les régions et à l'intérieur même des régions, en tant que source d'injustice et, deuxièmement, créer les conditions d'une dynamisation optimale au service de l'économie nationale, de ses performances et de sa capacité à produire le volume le plus important de richesses et d'emplois. Démocratisation de l'esprit d'initiative Les études ordonnées lors du Conseil des ministres en ce qui concerne la deuxième tranche du programme de développement intégré vont permettre d'identifier à partir de critères objectifs les zones qui répondent le mieux à cette double exigence. Mais il faut relever que l'insistance sur les zones frontalières comporte une signification qui ne doit pas nous échapper. Ces zones sont souvent à la fois les plus défavorisées en raison de la faiblesse actuelle des flux mais leur dynamisation future est porteuse d'un très fort potentiel de développement économique. C'est sans doute la raison pour laquelle il s'agit d'en faire, selon la terminologie utilisée, des «espaces économiques intégrés». L'implication du secteur privé, une fois que l'Etat a créé les conditions de l'investissement et de la compétitivité dans la durée, est une donnée fondamentale. L'Etat, mais aussi la communauté nationale, est en position de l'attendre de nos hommes d'affaires, dès lors que cette implication n'est pas synonyme pour eux d'affaiblissement mais, au contraire, d'opportunité de croissance. Mais le secteur privé n'est pas seul à avoir un rôle primordial à jouer : ce sont aussi les associations de développement qui ont à prendre conscience toujours davantage du pouvoir qui leur est dévolu de transformer la réalité de nos villes et villages par l'accompagnement des petits projets et, surtout, par l'action d'encouragement qu'ils apportent aux jeunes promoteurs et, plus généralement, par leur formidable contribution à ce qu'on pourrait appeler la démocratisation de l'esprit d'initiative. Ce sont encore, et en amont, les institutions universitaires et de formation qui doivent veiller à doter les jeunes diplômés d'atouts réels face au marché de l'emploi, et surtout de compétences évolutives qui leur permettent d'acquérir une faculté d'adaptation aux changements du contexte économique. Enfin, les représentants des médias que nous sommes ne sont pas exonérés de mettre la main à la pâte en sachant braquer les feux de leurs travaux sur cette expérience collective exaltante que constitue la dynamisation économique des profondeurs du pays.