• Lamine Nahdi : «Annuler les pratiques de contrôle et de censure qui muselaient les arts» • Lotfi Abdelli : «Plus de place au silence forcé» Démocratie, liberté d'expression et vie digne figurent parmi les principaux slogans lancés par le peuple tunisien lors de la révolution historique qu'il mène ces jours-ci et à laquelle tout le monde y participe, chacun à sa manière, dont des artistes et hommes de culture. ''La préservation des acquis de cette révolution est le devoir de tous les citoyens, dont les artistes'', déclare le célèbre comédien et homme de théâtre Lamine Nahdi à l'Agence TAP. Il rappelle qu'en tant qu'artiste, il a subi de nombreuses pressions et menaces, pour tenter de le faire taire, pour avoir critiqué l'ancien système politique et social. Il recommande de fructifier les acquis de la révolution du 14 janvier 2011 en faisant preuve de discipline, de compréhension et de modération afin d'éviter le retour en arrière, mettant l'accent sur l'importance de consacrer les valeurs de la crédibilité et de l'honnêteté au sein des commissions chargées d'enquêter sur la corruption dans l'administration et dans le système économique. Au sujet du nouveau paysage culturel, Lamine Nahdi insiste sur la nécessité d'annuler les pratiques de contrôle et de censure qui muselaient les arts et la culture, et de soutenir les demandes légitimes de tous les artistes et intellectuels qui furent les victimes de l'ancien régime. Faire face à la politique d'exclusion Quant au jeune comédien Lotfi Abdelli, il indique qu'il n'a jamais cessé d'appeler à faire face à la politique d'exclusion et de marginalisation et à combattre tous ceux qui veulent perpétuer l'héritage de l'ancien régime, affirmant que la révolution continue et qu'il n'y aura de place, dans le prochain paysage culturel, ni au silence forcé, ni à la censure des œuvres artistiques et culturelles. Dans le même ordre d'idées, le jeune comédien et réalisateur Mohamed-Ali Nahdi souligne que la jeunesse, qui a porté le flambeau de la révolution, a engendré une volonté historique qui a forcé l'admiration du monde entier, exprimant son grand respect pour la jeunesse du Sud tunisien qui a été à l'origine du déclenchement de cette révolution. Dorénavant, a-t-il dit, chaque artiste devra exprimer sa vision de cette réalisation dans le cadre d'une approche démocratique et libre. Habib Attia, producteur, gérant de Cinetelefilms, annonce de son côté qu'il est en train de réaliser, en collaboration avec Mourad Becheikh, un documentaire sur les évènements actuels que vit la Tunisie. Ce film porte sur les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à la révolution. ''Je suis optimiste en l'avenir de cette période transitoire qui ne peut être faite que de compromis pour que la Tunisie se relève sur tous les plans '' a-t-il observé, ajoutant, ''on aura finalement une vraie liberté d'expression car on subissait une censure claire et nette à tous les niveaux, et je suis sûr que cette révolution va donner aux créateurs un espace de liberté, maintenant qu'il n'y a plus de sujets tabous'', a-t-il poursuivi. Et d'ajouter, ''nous tous, gens du cinéma, amis, et citoyens, sentons que nous avons maintenant une identité et un immense sentiment de solidarité, et nous sommes heureux de ce qui a été réalisé'', ''Maintenant, a-t-il dit, il faut mettre en place des règles qui soient les mêmes pour tous et le système doit être basé sur le mérite pour que l'économie tunisienne soit florissante car il n'y a plus de place au passe-droit, au clientélisme et à l'opacité qui entachaient l'image du pays, maintenant il y aura un développement de l'entreprenariat et de l'investissement'', a-t-il conclu. Pour Hatem Bouriel, animateur culturel, ''il est important maintenant de ne pas s'installer dans une situation de doute'' ajoutant qu'il'' faut redéfinir ce qui doit l'être et aller de l'avant pour réaliser les aspirations du peuple tunisien, ce qui est fondamental''. Dans ce contexte, il souligne qu'il ''faut repenser l'aménagement du territoire et assurer un rééquilibrage régional, notamment au niveau culturel et écologique, pour que la notion de modernité soit partagée partout et par tous''.