Lorsque furent annoncées, le jeudi 3 février 2011, les nouvelles nominations des gouverneurs, l'on a tous cru à un épilogue des drames qui ont parcouru Sidi Bouzid et la quasi-totalité des régions, déclenchant la révolution du peuple. En fait, c'était ne pas compter avec la persistance des quelques poches de résistance des forces occultes enracinées dans la région, mais semble-t-il ailleurs aussi. A Sidi Bouzid, un nouveau drame a encore fait sursauter la ville, voire tout le pays. Vendredi 4 février, deux individus avaient été détenus au commissariat de police de l'avenue Habib-Bourguiba. Le premier, Adel Hammami,principal protagoniste de ce drame, est soupçonné d'avoir fait partie de la milice d'un certain Fraj Bargougui, conseiller municipal de son état. Ce dernier, disposant d'une caisse noire, aurait chargé le nommé Adel Hammami de commanditer des actes de violence et d'agression auprès de miliciens (des repris de justice), en contrepartie d'une prime de 120 dinars. Il aurait joué un rôle de premier plan dans ces incidents du vendredi. Comment? Le nouveau gouverneur de Sidi Bouzid qui venait d'être nommé l'aurait chargé de recueillir la carte d'identité des deux cents habitants les plus nécessiteux afin de leur octroyer une aide. Au moment où il fut arrêté (il semble que son arrestation fut provoquée par ses commanditaires qui auraient manigancé une rixe au cours de laquelle il a poignardé un individu), on a retrouvé sur lui 1.600 cartes d'identité. Il en aurait donc collecté 1.800 dont il aurait remis les deux cents que lui avait demandé le gouverneur en gardant les autres, dans la perspective de susciter la révolte de leurs titulaires . Leur mécontentement ne se fit pas attendre et le rassemblement de protestation devant le siège du gouvernorat boucla la boucle. Vendredi, vers 18h00, les passants sont alertés par les colonnes de fumée provenant du commissariat de police, ils accourent sur les lieux et à leur grande surprise, l'agent chargé de la garde des deux prisonniers était dans la rue. On apprendra plus tard qu'il aurait pris la poudre d'escampette, privant l'enquête de tout témoin direct! Plusieurs individus se sont infiltrés dans le commissariat ; ils se sont saisis des documents et même des équipements qu'ils ont livrés au feu. En dépit de l'intervention des forces de l'armée, renforcée par des unités supplémentaires. La ville entre dans le chaos.Tentative d'attaque contre la prison civile de la ville, plusieurs quartiers paniquent et les habitants, secoués par les événements, se sont déployés dans les rues défiant le couvre-feu et les tirs de sommation de l'armée. Entre-temps, le mal fut fait et les corps des deux détenus ont été retrouvés complètement calcinés. Il est 19h30,une commission est de suite constituée par le ministre de l'Intérieur, chargée d'une enquête sur les lieux du drame, le soir-même du vendredi. Il est à préciser que le second détenu qui se trouvait dans la même geôle, dénommé Mohammed Baccari, avait été arrêté pour ébriété et tapage sur la voie publique et aurait été dénoncé par son propre père. Devant le commissariat en question, la population rassemblée a mis le feu à trois véhicules dont l'un appartient à un agent de la police. Les corps des deux victimes ont été acheminés vers Sfax pour un examen légiste. Selon les premiers éléments recueillis auprès de sources médicales, les deux victimes sont mortes à cause de brûlures graves de quatrième degré. Certaines de nos sources à Sidi Bouzid n'hésitent pas avancer que «‑des forces occultes‑» seraient à l'origine de cet acte qui viserait à prolonger les termes du chaos dans la ville, meurtrie et incessamment éprouvée, de Sidi Bouzid. En outre, nous croyons également savoir que la Ligue tunisienne des droits de l'Homme envisagerait de mener sa propre enquête sur ce drame qui privilégie la thèse de la persistance de forces contre-révolutionnaires dont les manœuvres relevées tout au long de ces derniers jours ont plongé la population, un peu partout dans le pays, dans la paranoïa. A preuve, le lien établi par certains habitants de Sidi Bouzid, mais aussi d'autres, entre le drame du vendredi et la présence d'un ex-responsable national du RCD. Une piste? L'enquête déterminera les dessous sécuritaires et politiques de ce qui ressemble bien à un imbroglio. Arrestation de deux agents de police Deux agents de police ont été arrêtés hier après-midi suite au décès de deux jeunes dans un incendie au commissariat de police de Sidi Bouzid, a appris l'Agence Tunis-Afrique Presse auprès d'une source autorisée au ministère de l'Intérieur. Les deux agents de police arrêtés sont suspectés d'être impliqués dans le décès de deux jeunes détenus en garde à vue au commissariat de police de Sidi Bouzid, victimes d'un incendie survenu vendredi dans leur cellule, précise la même source. La même source indique par ailleurs que l'enquête suit son cours pour préciser les circonstances et les conditions de cet incident et pour déterminer les responsabilités soulignant que le ministère de l'Intérieur veillera à l'arrestation de toute personne, quelle que soit sa position, qui serait impliquée ou ayant participé à tout acte criminel susceptible de porter atteinte aux citoyens ou à la sécurité générale.