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Protection de l'environnement par une gestion commune
Parcs naturels

Dans la plupart des cas, la responsabilité de la population locale est engagée, mais les incidents enregistrés sont un indicateur d'une gestion des aires protégées qui a exclu les populations locales dans l'équation : conservation et protection de la biodiversité = gestion participative. Des solutions sont possibles ...
Des réserves naturelles protégées ont subi des agressions multiples : équipements et infrastructures saccagés, faune persécutée, flore dégradée, personnel des parcs et des réserves agressé et menacé… Face à cette situation alarmante, et en l'absence de l'intervention du gouvernement et des services concernés, des ONG environnementales et de développement se sont organisées en un consortium afin de faire l'état des lieux. Les parcs visités sont l'Ichkeul (Bizerte), Bou Hedma (Sidi Bouzid) , Chaambi (Kasserine) et la réserve naturelle de Khroufa (Béja). Pour d'autres aires protégées plus au moins touchées comme la Chebba ( Mahdia), iles Kneiss ( Sfax), Sidi Toui ( Médenine), Jebil ( Kebili), Saddine ( Kef), Zaghouan, Dghoumes ( Tozeur), les informations sont parvenues de militants écolo et gardes forestiers dans les régions. Selon le rapport de ce consortium dont nous avons reçu une copie, le dommage le plus spectaculaire est la destruction des clôtures et des barrières dans toutes les aires protégées (10 km à Bou Hedma, 25 km à Kasserine )…Viennent ensuite l'augmentation du braconnage y compris des espèces menacées (Oryx aldammah, gazelle dorcas, gazelle de cuvier, etc.), la chasse et la pêche illicites et intensives, le pâturage ovin et bovin à l'intérieur des parcs dans les zones proches des groupements d'habitations, la coupe sauvage d'essences protégées notamment d'acacia radiana à Bou Hedma, la coupe sauvage de forêts de pin et d'acacia (à Ghdabna Chebba, à Rimel), le défrichement des nappes d'alfa autour du parc Chaambi, la destruction des digues de protection dans les îles Kneiss, la destruction de l'habitat des oiseaux nicheurs, l'état de dérangement et de stress pour la faune sauvage en général du fait de l'accessibilité non contrôlée des sites naturels. Autre facteur de ces dégâts : le relâchement du gardiennage dans certaines zones, l'agression contre certains responsables forestiers (Ichkeul, Kasserine, Jebil etc.), la destruction des locaux et des équipements de la société d'exploitation du lac Ichkeul « Tunisie Lagune » ( 700.000dt de perte, 1er employeur de la région de Tinja avec 51 permanents et 10 saisonniers + 35 emplois de plus recrutés parmi les assaillants) indique M Boubaker Houman, professeur à la Faculté des Siences de Tunis, membre de l'Association des Amis du Belvédère, président de l'Association UNESCO-ALECSO et auteur du rapport sur l'état des lieux dans les parcs concernés et les perspectives de leur gestion.
Le vis-à-vis local
Dans la plupart des cas, la responsabilité de la population locale est engagée, mais les incidents enregistrés sont un indicateur d'une gestion des aires protégées qui a exclu les populations locale dans l'équation: Conservation et protection de la biodiversité = gestion participative. La question environnementale étant prioritaire, contrairement à ce que semble penser l'actuel gouvernement qui s'est empressé de supprimer le ministère de l'Environnement sans nommer un vis-à- vis des structures de gestion et des ONG, elle doit être traité comme une urgence nationale, vu l'aspect irréversible de certaines dégradations. A ce propos, le consortium propose de trouver des solutions rapides aux conditions de vie précaire des populations limitrophes des aires protégées, de réviser et réformer la gestion des aires protégées et surtout la composante relative à l'implication des populations locale et de la société civile (ONG, groupements agricoles, corporations etc.) et ce, dans les phases de conception, de pilotage, de suivi et d'évaluation des projets de protection et de mise en valeur du patrimoine écologique et de la biodiversité tout en tenant compte des spécificités régionales et de créer une structure administrative spécifique et autonome (agence, office) à laquelle seront rattachées les aires protégées.
Les représentants de ces associations ont recommandé de créer une fédération d'associations environnementales pour élaborer une nouvelle conception de la gestion de ces réserves, en concertation avec les populations locales. Réconcilier les habitants avec les réserves, commence en amont par l'amélioration de leurs conditions de vie. Pour les inciter à participer au processus de développement de ces espaces et leur procurer des sources de revenus. Les derniers incidents rappellent que les populations rurales sont une partie prenante et dans la gestion intégrée des parcs et des réserves naturelles et ceux pour plusieurs raisons :
1. Les habitants manifestent vis-à-vis de leur espace un souci de protection remarquable: « Nous faisons partie de la nature et rien ne nous échappe, nous voyons ce qui est anormal, nous sentons ce qui dérange et c'est notre vigilance qui fait que les accidents et les incendies sont rares », affirment-ils aux enquêteurs du consortium.
2. Les pétitions des riverains des parcs demandent l'amélioration de leurs conditions de vie
3. Le pacage sauvage et démesuré par rapport aux capacités écologiques des aires protégées est un délit reconnu par la population, qui toutefois légitiment les "dépassements" par l'absence d'un cadre de gestion claire des parcs et l'absence d'alternative économique à l'activité d'élevage. « Il n'est pas logique de continuer à conduire les bêtes à la montagne, comme des voleurs, il faut trouver des solutions ».
5 L'optique et la volonté réelle de faire participer la population aux enjeux de préservation des aires protégées est affirmée comme seule issue. Toutefois, les relations entretenues par les conservateurs et leurs équipes avec la population doivent se structurer autour d'objectifs communs claires et concertées conduisant vers un vrai processus de gestion intégrée et participative. L'organisation actuelle des parcs repose sur la concentration des responsabilités sur le conservateur, unique cadre affecté au siège. Le reste du personnel possède, en général, un statut d'ouvrier et ne dispose d'aucune formation spécifique. La majeure partie du personnel des parcs est constituée de journaliers recrutés parmi la population riveraine sous le statut de chantiers d'Etat dit « hadhira » et ceci dans le cadre d'une politique de compensation au bénéfice des habitants lésés par la création des aires protégées. Malgré le nombre important d'ouvriers recrutés, l'effet compensatoire est limité par la faiblesse de la rémunération accordée. Le contrôle et l'autorité exercés auparavant par le omda sur la population, essentiellement les ouvriers des parcs, a constitué une entrave à la démarche participative.
5 Le rapport énumére d'autres défaillances qui ont une incidence directe ou indirecte sur les parcs. Ainsi les visites ponctuelles de diverses structures (gouvernementales et non-gouvernementales) sont perçues comme des parades sans aucun suivi ; «Ils viennent tous nous promettre de nous apporter des solutions magiques, ils visitent les maisons et sont attristés par notre sort mais nous ne les revoyons jamais. Nous refusons désormais ce genre de visite car nous ne sommes pas des espèces rares en voie d'extinction », souligne le rapport.
6. Les actions ponctuelles ciblant quelques familles, sans consultation de l'ensemble de la communauté, sans suivi et sans implication réelle des populations au sein d'une dynamique communautaire, sont restées sans résultats probants.
Par ailleurs l'administration forestière reconnaît les multiples contraintes économiques et sociales subies par les populations riveraines des parcs et continue de gérer le problème dans une situation d'attentisme de solutions "miracles" et de permissivité en matière de contrôle et de garde des espaces mis en défends. Même si de nombreux délits (le plus souvent non enregistrés) au Code forestier existent et créent des conflits permanents, les responsables des parcs avouent que l'élevage reste la seule issue de survie pour une majorité de familles. Malgré le pacage généralisé, les conservateurs sont en situation d'incapacité à appliquer les règles de mise en défense et la situation de laisser-aller est plus subie que voulue. L'optique et la volonté réelle de faire participer la population aux enjeux de préservation des aires protégées sont affirmées comme seule issue. Les relations entretenues par les conservateurs et leurs équipes avec la population doivent se structurer autour d'objectifs communs clairs et concertés conduisant vers un vrai processus de gestion intégrée et participative. L'organisation actuelle des parcs repose sur la concentration des responsabilités sur le conservateur, unique cadre affecté au siège. Le reste du personnel possède, en général, un statut d'ouvrier et ne dispose d'aucune formation spécifique. Cet état de fait est pénalisant. Tout comme le contrôle social exercé auparavant par le omda sur la population, essentiellement les ouvriers des parcs, a constitué une entrave à la démarche participative.
Actions prioritaires
1. Actualisation des données sur le contexte humain en rapport avec l'exploitation des ressources naturelles dans l'environnement des aires protégées notamment : l'historique de l'occupation, le nombre de population vivant au sein et à proximité des aires protégées, types d'habitats et géographie d'implantation (zonage), organisations communautaires conditions de vie, sources et structures de revenus, modes d'exploitation (pâturage, cueillette, potager de consommation familiale, apiculture, terres agricoles…)
2. Révision des plans de gestion existant et surtout de la composante relative à l'implication et la participation active des populations et ceux particulièrement dans les phases de de pilotage, de suivi et d'évaluation des projets de protection et de mise en valeur du patrimoine écologique et de la biodiversité.
3. Favoriser la collaboration de la direction du Parc avec une structure communautaire représentative de la population ce qui permettra de dépasser le stade du discours et de s'orienter vers des actions effectives et réelles
4. Proposer des solutions réalisables à court et moyen terme indispensables pour impliquer la population dans une logique d'appropriation de l'espace tout en l'imprégnant d'une tradition « d'éco-développement », garantie de la durabilité de protection de l'environnement et de sauvegarde de la biodiversité. Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de :
- Actualiser les données socio-économiques de base, identifier les composantes du vécu de la population et leur perception des différentes parties prenantes pour permettre de mieux cerner les modalités possibles de l'organisation communautaire. A ce propos, plusieurs outils méthodologiques existent et sont maîtrisés par les associations environnementales régionales et nationales. On cite, entre autres, les enquêtes approfondies avec les responsables administratifs et les autorités locales, les visites des institutions sociales, les entretiens avec les cadres éducatifs de la zone,
- les enquêtes auprès des familles, focus-groupes avec différentes cibles de la population, l'organisation de réunions communautaires, les entretiens individuels ou en petit groupe qui doivent permettre d'approfondir les questions relatives aux activités de pacage, aux financements des projets, aux revenus et aux dépenses des familles, aux besoins de formation et d'encadrement pour l'appui des activités potentielles éco-touristiques. Enfin une approche particulière auprès des femmes et des jeunes filles permet également de cerner les réalités sociales de la zone et les potentiels de la dynamique culturelle et associative.


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