Conférence de presse, hier, au siège du mouvement Ettajdid, pour dénoncer les pratiques de milices incontrôlées qui ont empêché, dimanche, la tenue d'un meeting politique de ce parti dont le Premier secrétaire est, pourtant, ministre du gouvernement provisoire. Avant de donner la parole à M. Ahmed Ibrahim, M. Samir Taïeb, membre de la direction du mouvement, a relaté les faits et commenté une vidéo montrant les agissements de la bande d'assaillants qui a perturbé et empêché le meeting aux cris de : «Dégage !». Le meeting, prévu depuis longtemps, était sur le point de démarrer et le ministre venait à peine de pénétrer dans la salle, quand des groupes de jeunes, ivres et dans un état second (peut-être drogués), envahissent les lieux, proférant des propos orduriers qui ont choqué les participants à la réunion, dont des couples et des familles. Leur nombre‑: environ 150 ayant pénétré dans la salle et près de 400 bouchant l'entrée. Il est à noter que pas un policier n'était présent sur les lieux pour assurer la sécurité de cette activité politique partisane. Dans un effort de self-control, entouré de cadres du parti, M. Ibrahim a tenté de dialoguer avec les intrus, leur proposant même de faire passer leur éventuel message aux présents. Se réclamant de courants radicaux divers (d'extrême gauche, jihadistes…) et du Conseil de protection de la révolution, les miliciens ont annoncé qu'ils étaient là pour empêcher le meeting et pour combattre ceux qui veulent «récupérer la révolution». «Dégage, dégage, dégage…!» marmonnaient-ils. Ledit Conseil de protection de la révolution (régional de Sfax) a déclaré aux responsables du mouvement Ettajdid n'avoir rien à voir avec les malotrus en question. Parmi les agresseurs, les militants Ettajdid de Sfax ont reconnu des syndicalistes, des RCDistes et des jeunes activistes dont les noms feront l'objet d'une plainte en justice. M. Ahmed Ibrahim a rappelé qu'il a été lui-même syndicaliste et qu'il innocentait l'Ugtt, accusant une minorité en son sein de prétendre «défendre la révolution» avec des pratiques fascistes rappelant Mussolini. «Certains, a-t-il lancé, prétendent aujourd'hui être de grands révolutionnaires alors qu'ils étaient totalement acquis à Ben Ali. Ils font mine de défendre la révolution, mais c'est pour l'abattre». Et d'ajouter‑: «La révolution n'est pas la pagaille, c'est une culture nouvelle qui donne la parole à tous et à chacun, et qui encourage l'expression des avis et opinions contraires. Ce n'est que de cette façon, et en préparant toutes les conditions favorables à la libre expression et l'organisation des campagnes électorales de chaque courant, que nous pourrons garantir des élections transparentes et démocratique dignes du sacrifice de tous ceux qui sont tombés sous les balles de Ben Ali».