Par Noureddine Ben MANSOUR* L'avantage de la Tunisie est double, l'un sa proximité de l'Europe, l'autre, elle dispose d'une main- d'œuvre qualifiée, une condition nécessaire exigée par tout investisseur étranger, car autrefois l'investisseur fournit le capital et en partie la main-d'œuvre qualifiée pour assurer au moins un démarrage réussi. Il est sage et judicieux de bien saisir que les investissements sont nécessaires pour toute croissance industrielle, mais il est plus judicieux de saisir encore que cette réalisation ne peut être réelle et rentable qu'en assurant un marché potentiel et réel pour les futurs produits à fabriquer qui seront vendus directement. Toute décision d'investissement industriel doit prendre en compte la composante exportation. Sans cette stratégie d'exportation tout investissement finira par une action morte née. Si on fait un petit calcul, on trouve que les pays qui ont opté, tôt, pour l'industrialisation sont les plus prospères et détiennent toutes les conditions de la bonne vie et la création de la richesse. Regardons des pays petits en territoire, comme la Suisse et le Luxembourg, et on se rendra compte de la véracité de l'importance de l'industrialisation en temps réel et avant les autres. Cette industrialisation a assuré à tous ces pays industrialisés la détention du capital, l'avancée technologique, la recherche et le développement, l'abondance et la disponibilité des spécialistes dans tous les domaines de la technologie et un pouvoir d'achat considérable qui leur assure une vie tranquille. Les vrais capitaux sont attirés en premier lieu par les pays qui disposent d'un climat sain, politique et économique où la garantie du retour du capital est sûre, et ayant une réglementation fiscale souple, bref dans un pays où règnent la paix sociale et la sécurité. Les quelques capitaux qui sont mis à la disposition des pays en développement, d'une manière ou d'une autre, sont des capitaux plus considérables par rapport aux vingt dernières années, surtout avant la crise économique internationale actuelle , mais la situation n'est pas encore à leur avantage dans la mesure où plusieurs difficultés de différents ordres les entourent et font obstacles pour leur concrétisation en projets. Ce qui inquiète, malgré la liberté de circulation des marchandises, est que le monde a pris part activement à la soidisant mondialisation qui s'amplifie de jour en jour, et qu'un jour, on va voir de nouveaux freins pour le développement des industries de pointe, tant réservées aux pays industrialisés. Cette réalité industrielle doit ouvrir les yeux des investisseurs nationaux d'une manière qui attire davantage les investisseurs étrangers pour leur ouvrir la voie de la modernisation de l'industrie locale tout en prenant en considération les nouvelles données de l'économie internationale et tout en donnant l'importance aux marchés extérieurs, car les temps de distinction entre produits locaux et autres étrangers sont finis. Tout doit se référer, avant tout investissement, aux réalités qui gèrent les marchés et, pour cette raison, en époque d'ouverture économique, on ne peut plus imposer un produit qui ne répond pas aux exigences de la qualité, c'est pour cela qu'on doit bien faire attention de n'investir que dans des créneaux où la qualité est garantie. On ne peut plus imposer le produit d'une entreprise locale qui vient de démarrer et qui a pris la relève de la production des produits étrangers. Industrialisation moderne Généralement, le processus d'industrialisation constitue une étape de la transition entre la société agricole et la société industrielle. Ici dans ce livre, on emploie ce terme au sens d'industrialiser le pays sans tenir compte du secteur d'activité, agricole, industriel ou autre. L'industrie ne pourrait s'élancer convenablement sans l'appui des institutions financières et, pour cette raison, les responsables économiques doivent trouver des solutions adéquates à ce sujet et doivent aussi inciter ces dites institutions à prendre part activement à la promotion de l'industrie. Une participation active des banques à l'essor de l'industrie nationale est un moyen de sauvegarder plusieurs entreprises qui passent par des périodes de crises. La banque doit par solidarité nationale trouver les moyens les plus appropriés pour appuyer les entreprises qui commencent à avoir des difficultés financières. L'industrialisation du pays doit suivre une stratégie en continu, une stratégie qui n'a pas une fin ou une limite. Quel que soit le cycle à prendre pour la concrétisation du développement industriel, cycle en V ou cycle en spirale, implémentation de versions successives, considération de la gestion de risque, l'essentiel dans tout ceci est de régir par un esprit de patriotisme envers l'industrialisation du pays. Une industrialisation moderne, c'est celle qui évite la généralisation excessive de la production, c'est se concentrer au début sur un ou deux produits d'où la nécessité de faire une sélection des produits à fabriquer. C'est d'une grande importance pour la rentabilité, car elle évitera une diversification qui exige plus d'efforts de marketing et peut-être plus d'investissements. Les vraies opportunités industrielles se mesurent et se calculent en produits, avant toute option ou acquisition d'une industrie. Se concentrer sur le futur produit, qui doit être un produit complètement nouveau qui n'a jamais existé sur le marché ou au moins un produit qui a subi des améliorations profondes pour devenir un autre plus intéressant et plus acceptable, est la première étape de définition de l'industrie à acquérir. Imaginer un produit, complètement nouveau. C'est une anticipation des demandes des clients et leurs exigences, car souvent ces derniers ne savent pas ce qu'ils achètent, malgré qu'ils soient, apparemment, satisfaits. La concrétisation d'une stratégie industrielle se réalise par une analyse profonde des opportunités, où on doit bien aller au fond des problèmes pour pouvoir, au moins, connaître le maximum des possibilités de réussite. La rentabilité ne doit pas être basée, seulement, sur le chiffre d'affaires et les profits immédiats, mais aussi sur d'autres éléments qui pourront créer de la richesse en continu, et plus exactement sur des paramètres que l'entreprise en question peut créer d'une manière qui permet à ces dits paramètres de générer une nouvelle situation, qui est, en fait, le moteur de toute nouvelle croissance de l'entreprise en question et, en même temps, d'avoir une maîtrise anticipative des futurs problèmes qui pourront surgir d'un moment à un autre. Donc, une sélection minutieuse de toutes les possibilités est une action de ciblage et enfin un moyen efficace d'élimination à temps des mauvaises possibilités d'investissements. Le mauvais choix de l'investissement est aussi un court chemin qui mène l'entreprise à l'impasse et à une situation du déclin. Malheureusement la création de plusieurs industries classiques, dans les pays en voie de développement, étaient le résultat d'une coopération avec certains pays industriels sous forme d'usine-clé en main, dont l'objectif essentiel pour ces dits pays était le profit rapide et la vente d'une technologie classique qui n'est plus un avantage technologique. Ce genre d'industrie, industrie à faible valeur ajoutée, pourrait devenir dans un moment donné un fardeau pour le pays et, en ce moment, on essaye par tous les moyens de lui trouver les solutions adéquates pour lui donner une nouvelle vie qui, dans la plupart des cas, est vouée à l'échec. La recherche de solution de sauvetage des entreprises ayant atteint le stade de stagnation d'activité consiste à chercher des voies qui leur donnent de nouvelles possibilités de restructuration et de redressement.