C'est le titre, encore provisoire, que nous avons choisi pour cette nouvelle rubrique. Nous vivons ces temps-ci dans un provisoire parfois angoissant mais toujours exaltant. Nous avons intitulé notre première chronique dans cette nouvelle étape «Démocratie et bien vivre» parce que nous avons l'espoir d'édifier une société démocratique dans laquelle nous vivrons en harmonie avec nous-mêmes, dans la liberté et la responsabilité pour que, doucement, nous atteignons une qualité de vie meilleure, afin de participer aussi au renouveau de la réflexion au sujet du devenir de notre société dans son rythme quotidien. La démocratie repose sur trois piliers : une presse libre, une justice indépendante et une alternance au pouvoir d'une manière pacifique après une consultation libre et transparente. Perçus comme des valeurs universelles, les idéaux démocratiques transcendent les cultures et les idéologies. Véhiculés au début par un Occident arrogant et dominateur, ils sont maintenant revendiqués par tous, y compris par ceux qui les rejetaient il y a seulement un quart de siècle. C'est dire la vitesse avec laquelle ils se sont imposés dans toutes les sociétés, même celles où l'esprit tribal et conservateur est encore vivace. A cela, point de secret… Les peuples de la planète ont découvert que seuls les pays qui pratiquent la démocratie bénéficient d'un niveau de vie élevé, et surtout d'un bien-être envié par ceux qui n'en ont jamais connu le goût. La démocratie est créatrice de bonheur parce que créatrice d'emplois. Regardons bien notre pays. Notre situation est singulière. Si nous sommes géographiquement une terre d'occident, nous sommes culturellement entre l'Orient et l'occident. Nous pouvons nous prévaloir d'un statut unique dans toute notre région. Nous puisons notre présent d'un agglomérat aussi varié qu'harmonieux issu de nombreuses strates civilisationnelles, éparses, mais fécondes. Nous sommes tous appelés à saisir cet instant historique pour procéder, sans tarder — car le temps presse — à tirer tous les bénéfices de cette transition pour le renouveau de notre société sur tous les plans afin de créer les conditions d'une prospérité tant rêvée, tant attendue. L'exception tunisienne doit être concrétisée dans notre vécu quotidien. Créons de nombreuses associations pour sauvegarder notre originalité et pourvoir des emplois à nos milliers de jeunes chômeurs instruits et cultivés. Promouvons les industries culturelles qui ont beaucoup pâti d'un esprit étriqué et d'un dirigisme désuet. Pensons dès maintenant à un autre tourisme plus intelligent et valorisant, un tourisme à visage humain qui pourra bénéficier non seulement aux promoteurs mais aussi à ceux qui sont avides de partager leur style de vie, legs d'une civilisation plusieurs fois millénaire, un tourisme enfin haut de gamme, bien qu'à l'échelle humaine. Développons les services utilisant les technologies du futur. C'est à notre portée, car notre pays regorge de compétences qui sont dans un état de moisissure avancée par manque d'utilisation. Tout cela est possible à la seule condition de travailler pour des rapports sociaux véritablement démocratiques. La transparence d'abord, la transparence toujours pour tous les intervenants, bailleurs de fonds, patrons et travailleurs, chacun son rôle, selon son statut. Les contre-pouvoirs sont des soupapes de sécurité indispensables. Prenons l'exemple de nos entreprises agroalimentaires. Elles ont intérêt à avoir un vis-à-vis leur permettant d'améliorer la qualité de leurs produits pour pouvoir les écouler partout dans le monde. Une ou plusieurs associations de défense des consommateurs crédibles et responsables sont indispensables pour valoriser notre image à l'étranger. Tout ce que nous avons évoqué reste insuffisant si nous ne mettons pas en œuvre la certification de nos produits hautement stratégiques par des organismes indépendants de tout pouvoir politique ou économique. Il en va de même pour la labellisation de tout ce qui est singulier dans nos régions. Les communautés rurales et villageoises gagneront ainsi que l'ensemble des consommateurs. Le schéma encore en gestation de l'économie et de la société du futur ne doit pas nous contourner. Il y va de notre avenir. Nous devons tout faire pour que le bon-vivre s'installe dans notre pays. Nous le méritons amplement.