M. Abdeljelil Dhahri, conseiller de la santé publique et directeur du Groupement de la santé de base de La Manouba, se présente comme une victime des dépassements et du copinage. Désigné en 2008 à la tête du groupement, la passation n'a jamais eu lieu. «L'ex-directeur du groupement n'a pas apprécié ma venue, lui qui est resté 8 ans au poste, et j'ai fini par comprendre pourquoi. D'ailleurs, la passation n'a pas eu lieu. J'ai dû tout constater par moi-même, notamment les abus pour ce qui est du marché des produits pharmaceutiques de dialyse», indique M. Dhahri. Pour ce qui est des produits de dialyse, le nouveau directeur a aussitôt constaté que son prédécesseur avait traité avec un seul fournisseur et sans l'agrément de la commission régionale des marchés publics. «J'en ai fait part à l'inspection administrative et financière au ministère de la Santé publique. Laquelle inspection s'est juste contentée de la mise en demeure de l'ex-directeur», note M. Dhahri. Cependant, les dépassements n'ont pas disparu car «l'ex-directeur régional de la santé de La Manouba, actuellement directeur régional de la santé de Ben Arous, a pris le relais». Le réseau monopolisé par l'ex-directeur régional a pesé, mettant M. Dhahri dans une position intenable. Toujours selon les données fournies par notre interlocuteur, l'ex-directeur régional de la santé de La Manouba a chargé des médecins, s'appuyant sur des articles rédigés par M. Dhahri en faveur de Ben Ali, d'écrire une pétition. «Malgré le refus de certains médecins de signer la pétition, la ministre de la Santé publique a décidé ma mise en demeure, et ce, sans prendre la peine d'ouvrir une enquête ni de me permettre de me défendre», renchérit notre interlocuteur. Et de poursuivre que le directeur régional de la santé s'est hâté de désigner une autre personne à la tête du groupement sans autorisation. «Le directeur régional a installé une nouvelle directrice au moment où j'étais en congé de maladie. Cette personne a profité de l'absence du personnel pour changer les serrures», ajoute notre interlocuteur. M. Dhahri indique, en outre, que l'activité du groupement se trouve paralysée car le ministère a eu recours au blocage du logiciel de gestion permettant l'acquisition des produits pharmaceutiques. Témoignant de son indignation, M. Dhahri a entrepris une grève de la faim pendant deux semaines. Il a déposé une plainte contre le directeur régional et ses alliés. «J'ai également sollicité l'appui du haut commissariat des droits de l'Homme, la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme ainsi que le Conseil européen des droits de l'Homme; pour un homme puni parce qu'il a révélé des infractions à la loi. Par ailleurs, le syndicat des administrateurs de la santé et la Mutuelle nationale des administrateurs soutiennent ma cause», nous indique-t-il. La parole au personnel Indignation du directeur du groupement mais aussi du personnel. Mlle Rim Omrani, responsable de l'unité des statistiques au groupement, avoue avoir été choquée par la mise en demeure du directeur. «Nous travaillons tous dans un climat fraternel. Je n'arrive toujours pas à comprendre la décision du ministère», nous confie-t-elle. De son côté, Mme Hanène Khouja, du bureau du personnel, montre du doigt l'indécence avec laquelle s'est comporté le directeur régional le jour où il a voulu charger une nouvelle directrice à la tête du groupement. «Sans passation, sans document justifiant ce changement, et en l'absence de M. Dhahri, le directeur régional s'est comporté avec irrespect envers nous tous. De plus, il a médit de notre collègue, responsable du bureau d'ordre. C'était inadmissible», souligne-t-elle. Pour sa part, M. Hassen Zouaghi, chargé du service des ressources humaines depuis 2004, dénonce la stagnation du groupement sous le mandat de l'ex-directeur. «Certains employés bénéficiaient de tous les avantages. Depuis 2008, les choses ont évolué. Nous travaillons depuis en toute transparence. Le 3 mars dernier, le directeur régional ainsi que la nouvelle directrice nous ont terrorisés. C'était affreux», fait-il remarquer. * Un dossier complet nous a été livré par M. Dhahri, justifiant ses dires.