L'Institut Supérieur de l'Histoire du Mouvement National a accueilli mercredi une rencontre sur le thème : «La question foncière et les domaines de l'Etat en Tunisie de 1881 à 1964». Le directeur de l'institut, M. Abdesselem Ben Hmida, a présenté la question foncière et la propriété publique dans sa globalité. Des intervenants, spécialistes en histoire et en droit, ont essayé de traiter cette question sous tous les aspects et différents angles. Depuis la colonisation française, la question de l'attachement matériel de l'Etat à son domaine public et privé faisait l'objet de convoitises et d'usurpation. Le problème foncier et domanial des bois, des forêts et des terrains de domanialité publique a fait l'objet d'un axe développé par M. Ajili. Cette notion de régime foncier présente un enjeu à multiples facettes qui intègre plusieurs logiques d'ordre juridique, économique et une logique politique de colonisation. De nos jours, et avec tout ce qui se passe, l'évocation de cette problématique permet de bien saisir la réalité coloniale qu'a connue la Tunisie entre 1881 et 1956 «L'étude du thème permet d'analyser la colonisation française et de cerner certains de ses éléments les plus importants, celui de la législation forestière», a déclaré M. Marouen Ajili, auteur de Domanialisation et droits d'usage : la question forestière à l'épreuve de la colonisation». Patrimoine national, propriété publique Ce sont les deux volets de la question soulevée pendant cette période de changement que connaît la Tunisie: comment sauvegarder le patrimoine national et la propriété publique, comme les terrains archéologiques exploités par des promoteurs immobiliers ou encore le Parc du Belvédère? «L'objectif de cette journée est de lancer un cri d'alarme pour sauvegarder le patrimoine public. Nous devons apprendre des leçons du passé pour savoir comment gérer la propriété de l'Etat et du public», a signalé M. Béchir Yazidi, se référant à son ouvrage intitulé L'exploitation d'un domaine public et l'impact socio-politique : le cas des salines tunisiennes durant la période coloniale. Plusieurs autres juristes ainsi que des historiens ont enrichi la rencontre en présentant leurs ouvrages et thèses qui s'inscrivent dans différentes optiques, tels que l'expérience tunisienne de l'enregistrement foncier de 1885 à 1957 de Jaâfar Rabaoui, La propriété militaire en Tunisie : les hôpitaux comme exemple du professeur Abdellatif Hannachi ou encore l'ouvrage du professeur Riadh Ben Khlifa intitulé Les accords de rachat des terres coloniales (1957-1964).