On ne parle que de tourisme ces temps-ci, de ses difficultés et pour relancer la saison, le ministère en charge du secteur va mobiliser soixante millions de dinars (le double du budget de campagne 2010) pour la promotion de la destination Tunisie, notamment en Europe. Après une banale action en février baptisée «I love Tunisia» et une sortie encore plus banale au salon de Berlin, cette nouvelle mobilisation tentera de donner le vrai départ le mois prochain à l'opération relance, sans céder aux fortes pressions des tour-opérateurs et transporteurs (bradage des prix). Il semble, malgré toutes «les précautions», que la communication n'a pas été menée de la meilleure manière possible. Cette fois, le ministère compte sur la «vague d'avril-mai» pour démarrer des actions ciblées et des campagnes agressives qui toucheront tous les supports médiatiques et publicitaires en Europe dans l'objectif d'attirer autour de 4,5 millions de touristes, tout en espérant que nos voisins libyens et algériens, qui représentent 3 millions de visiteurs par an, viendraient nombreux cette année au mois de juillet. Les professionnels reconnaissent que la situation est difficile (seulement 20% des unités hôtelières fonctionneraient actuellement avec 20% de leur capacité…), mais affichent un certain optimisme… Leurs partenaires français également, pour lesquels le marché tunisien compte énormément. Et la location de gros porteurs Il faut dire que les compagnies aériennes de Tunisie et de France (Transavia et Air France) ont continué à programmer leurs vols sans interruption tout au long des événements qui ont secoué la Tunisie. Les compagnies aériennes tunisiennes ont été assez réactives sur le marché français d'autant plus qu'une vingtaine de villes françaises sont desservies de et en direction de la Tunisie. A ce propos, il serait utile à moyen ou à long terme d'élargir le champ de manœuvre de Tunisair en pensant à la location de 3 ou 4 gros-porteurs pour ouvrir des lignes longs-courriers. Ces lignes peuvent donner à la Tunisie la stature d'une grande destination mondiale, ce qui ne serait que justice compte tenu des performances de notre tourisme, malgré tout appréciables et parmi les meilleures de toute l'Afrique, par ses infrastructures, ses richesses naturelles et culturelles, ainsi que son aura grâce à notre révolution, diffusée sur les chaînes tv du monde entier, sans compter l'effet boule de neige sur l'ensemble du monde arabe. Ne faut-il pas en fin de compte diversifier les débouchés? L'instauration immédiate de l'open-sky engendrerait par ailleurs un regain instantané d'activité grâce aux compagnies low-cost d'autant qu'une telle mesure ne coûterait rien à l'Etat tunisien. Des prestations utiles Le rôle d'internet est d'une portée reconnue malgré le retard pris sur la saison. Ce moyen permet d'aller directement vers le client final, de le convaincre par une bonne accroche et surtout de couper la route à l'agent du comptoir, là où justement des "détournements" des futurs clients sont tout à fait possibles. Cet outil moderne de commercialisation est un levier de premier choix dans la mesure où la conviction du client demeure un gage de choix de la destination tunisienne. Cela dit, il n'est pas inutile par ailleurs de consacrer un effort en direction du client tunisien, l'unique marché sûr et stable. Le télémarketing semble être une autre solution. La Tunisie bénéficie d'une grande expertise en télémarketing. L'utilisation intensive et à grande échelle de ce créneau est une excellente opportunité pour présenter nos produits touristiques à haute valeur ajoutée et les spécificités de nos régions. C'est aussi une excellente opportunité pour promouvoir la clientèle individuelle aisée qui voyage sans tour-opérateurs. En lançant des campagnes de télémarketing à partir de la Tunisie, le budget promotionnel du tourisme sera mieux utilisé puisque le télémarketing—beaucoup plus rentable que le marketing classique —profitera à l'économie (call centres tunisiens, agences de communication tunisiennes, entreprises de télécom locales). Tous les téléacteurs seront des jeunes tunisiens et nous pouvons donc nous attendre à un bon retour sur investissement des campagnes. Les entreprises de télémarketing pourront offrir au tourisme tunisien leurs prestations à des prix attractifs dans un élan de solidarité et pour mieux faire connaître leurs services à une industrie qui ne fait pas appel à leurs services. Le secteur touristique doit certes se prendre en charge, mais les autres secteurs seront d'un appoint précieux. 2011 est une année d'investissement pour relancer la destination Tunisie sur une dynamique différente. C'est aux opérateurs et aux médias de jouer maintenant. Sud-Est : 10.688 arrivées Selon M.Mohamed Sayem, commissaire régional au tourisme au Sud-Est, deux paramètres donnent une idée de lhha situation actuelle dans la région. C'est ainsi que, du 11 au 20 mars la région a enregistré 10.688 arrivées (contre 25.000, l'année dernière) pour 66.567 nuitées (contre 161.616 en 2010). Le taux d'occupation étant de 18% contre 47,9% l'année dernière. M. Sayem indique que les mêmes proportions sont valables pour la période du 1er janvier au 20 mars.